Face à la COVID, l’Île reste placide

Alors que la pandémie reprend dans les provinces les plus peuplées du pays et que le Nouveau-Brunswick fait face à des éclosions jugées inquiétantes, les autorités sanitaires de l’Île-du-Prince-Édouard continuent de jouer la même partition et se refusent, pour le moment, à isoler à nouveau la province.

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Laurent Rigaux

Initiative de journalisme local – APF – Atlantique

Seize mille cas de COVID-19 en deux semaines au Canada. Du jamais vu depuis le début de la pandémie il y a sept mois. Certes, on teste plus aujourd’hui qu’à la mi-mars, environ huit fois plus en moyenne, mais le taux de positivité augmente aussi. Il est passé à 2,5 % dans la semaine du 27 septembre au 3 octobre, comparativement à 1,7 % la semaine précédente. C’est au Québec que ce chiffre est le plus haut : 5,8 % des personnes testées sont effectivement positives.

Il faut se rendre à l’évidence : la seconde vague touche le pays. Si le mois dernier, on ne voyait pas de conséquence sur les hospitalisations et les décès, en octobre, ces derniers sont désormais en augmentation.

Déplacements au Nouveau-Brunswick déconseillés

À l’Île-du-Prince-Édouard, on juge ces chiffres «inquiétants», notamment ceux chez les voisins néo-brunswickois, où deux éclosions sont en cours. Près de 90 cas y ont été détectés en quelques jours, soit environ 45 % de l’ensemble des malades identifiés ces sept derniers mois. La médecin-hygiéniste en chef de l’Île, Heather Morrison, déconseille «fortement» aux Insulaires de se rendre dans les régions de Moncton et de Campbellton.

Dans ces deux zones, revenues à la phase dite «orange» du plan de réouverture du Nouveau-Brunswick, le port du masque s’impose à l’intérieur et à l’extérieur dans les lieux bondés et les rassemblements sont limités à 10 personnes ou à une bulle formée de deux ménages maximum, plus les membres de leur famille immédiate. Les Insulaires qui étaient dans ces régions depuis le début d’octobre doivent porter un masque quand elles sont hors de leur foyer, éviter les rassemblements, surveiller l’apparition de symptômes et se faire tester si nécessaire.

En réponse à plusieurs questions sur un durcissement des mesures à l’Île pour se prémunir contre une éventuelle arrivée du virus via le pont, la médecin-hygiéniste refuse de céder à la panique. Elle ne compte pas imposer le masque pour le moment, fermer les frontières ou sortir de la bulle Atlantique. Au contraire, elle insiste sur l'importance du respect des règles actuelles. Le mantra distance physique, lavage des mains et auto-isolement reste la clé de voûte du système mis en place par Heather Morrison.

Concernant le masque, elle maintient que «ce n'est pas la première ligne de défense», mais qu’il est conseillé à l'intérieur si la distance de deux mètres ne peut pas être respectée. Pour protéger la population, elle met plutôt en avant l’importance des contrôles aux frontières et des personnes en isolement, ainsi que la politique de tests massifs. L’Île est la deuxième province qui teste le plus, par habitant.

Des séquelles à long terme ?

À l’échelle du pays, les cas durant l’été étaient majoritairement enregistrés chez les personnes âgées de 20 à 39 ans, avec une tendance à la hausse chez les plus jeunes. Mais au cours des dernières semaines, une augmentation des cas a aussi été constatée chez les personnes âgées de 80 ans et plus, selon le bulletin épidémiologique national du 9 octobre. À ce sujet, Heather Morrison s’émeut d’informations faisant état de «fêtes de plusieurs centaines de jeunes personnes» à l’Î.-P.-É. Ce n'est pas seulement «hors la loi», la limite étant fixée à 50 personnes sans plan opérationnel validé, mais «dangereux» insiste-t-elle. Au Canada, près de 40 % des personnes en réanimation ont moins de 60 ans.

Signe encourageant, malgré la forte reprise de la pandémie au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick, de ce côté-ci du pont, on ne compte que trois cas actifs de la COVID-19. Il s’agit de personnes ayant voyagé hors de la bulle Atlantique, en isolement depuis leur arrivée. «Elles vont bien», a précisé Heather Morrison.

Selon le site du scientifique en chef du Québec, des séquelles à long terme peuvent se faire ressentir chez certaines personnes guéries de la COVID-19 : tachycardie, douleurs musculaires, épuisement, fatigue, problèmes cognitifs. À l’Île, la médecin hygiéniste en chef confirme que deux malades parmi les 63 recensés depuis mi-mars «ne se sentaient pas mieux», même après leur guérison, qu’ils étaient «plus fatigués». Ils sont suivis pour en savoir plus.

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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)

  1. Infographies (Laurent Rigaux)
  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 16 octobre, 2020
  • Dernière mise à jour 16 octobre, 2020
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