Explosion démographique : «Notre environnement est soumis à une pression extrême»

La population prince-édouardienne pourrait atteindre les 200 000 habitants dans moins de cinq ans. Bianca McGregor, directrice générale d’Island Nature Trust, s’inquiète des conséquences négatives de cette explosion démographique sur l’environnement.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

  

 

La population de l’Île-du-Prince-Édouard augmente à un rythme sans précédent. Selon les plus récentes projections, publiées en mai dernier, la province pourrait atteindre les 200 000 habitants dès 2027.

Bianca McGregor, directrice générale d’Island Nature Trust, se dit préoccupée par la détérioration des terres liée à cette croissance démographique. Elle appelle le gouvernement à protéger plus de zones naturelles et à adopter une véritable stratégie d’aménagement du territoire.

Quels sont les impacts néfastes de l’explosion de la population sur les zones naturelles?

Nos terres agricoles sont grignotées par le développement foncier. Elles sont converties en lotissements : on y construit des habitations principales ou des chalets pour des résidents saisonniers.

Pour continuer à répondre à la demande alimentaire, les agriculteurs veulent récupérer ailleurs ces terrains perdus. Ils se tournent alors vers les zones forestières qu’ils transforment en terres agricoles. Les espaces naturels ont un sol très riche, ils sont donc parfaits pour être cultivés.

L’ensemble de l’île subit cette pression liée à la construction de nouveaux logements. Cependant, c’est le comté de Queens, où se trouve Charlottetown, qui va être selon moi le plus touché en raison de l’arrivée de tous les nouveaux arrivants. Les gens ont tendance à se rapprocher des commodités des grandesvilles.

Les Prince-Édouardiens sont-ils conscients de ces enjeux?

Depuis Fiona, je pense que les habitants sont plus conscients du manque de résilience de notre environnement. Cependant, entre la crise du logement et celle de la santé, la protection de l’environnement n’est pas forcément leur priorité. C’est pourquoi des organismes comme le nôtre doivent poursuivre leur travail d’éducation.

Nous avons notamment un programme à destination des écoles sur les dunes côtières. Nous parlons de l’importance de les préserver et de la faune et de la flore sauvages qui y vivent. Nous espérons mettre en place d’autres programmes en partenariat avec le ministère de l’Éducation et de la Petite enfance de l’Î.-P.-É.

Nous organisons également des événements éducatifs pour le grand public dans certaines des zones naturelles que nous possédons. On aborde toutes sortes de sujets sur la vie végétale et animale.

Quelles mesures doit prendre le gouvernement provincial?

Le gouvernement doit rapidement adopter une stratégie d’aménagement du territoire qui prend en compte les intérêts et les besoins de tous les acteurs, que ce soit les associations de protection de l’environnement, les agriculteurs ou les villes.

Notre environnement est soumis à une pression extrême et le sera de plus en plus. Il faut déterminer où nous allons installer tous ces nouveaux arrivants lorsqu’ils s’installeront.

Il y a toute une série de questions auxquelles on se doit de répondre dès maintenant : Combien de puits allons-nous creuser? Quelles routes allons-nous construire? Comment allons-nous gérer les rejets d’eaux usées, les déchets?

Est-ce que plus de terres doivent être protégées?

C’est capital. Seulement 5 % de l’île sont sanctuarisés et ne pourront jamais faire l’objet de projets de développement. Ça correspond à environ 70 000 acres sur une superficie totale de 1,4 million d’acres. Pour la santé et le bien-être des humains et la survie de la faune et de la flore, nous devrions avoir au moins le double sous protection.

Les zones naturelles fournissent des services écosystémiques essentiels, elles contribuent notamment à améliorer la qualité de l’eau et de l’air. La pandémie a aussi montré que les gens ont besoin d’aller dans la nature pour leur propre santé physique et mentale.

 

 

 

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Bianca McGregor est directrice générale d’Island Nature Trust.

 

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  • Date de création 7 août, 2023
  • Dernière mise à jour 7 août, 2023
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