Évolution de la police dans le Grand Moncton : vers un modèle hybride?

Charles Léger a présidé pendant plusieurs année l’Autorité policière régionale de Codiac (APRC), organe de gouvernance de la GRC locale. Le conseiller municipal représentant le quartier 2 de Moncton était le premier invité des Déjeuners du deuxième mardi, le 9 janvier dernier.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Après avoir siégé de longues années sur le conseil d’administration de l’APRC, c’est dire si Charles Léger connaît sur le bout des doigts les problématiques et les enjeux de la police. C’est à ce titre que le comité organisateur des Déjeuners du deuxième mardi l’a invité à venir donner une conférence sur le sujet.

Le conseiller municipal a tout d’abord présenté un bref historique de la police dans la région. Il a rappelé qu’en 1980, Moncton avait une force policière municipale. L’édifice du détachement situé dans la rue principale date de cette année-là. L’année 1998 vit la création du Service de Codiac de la GRC qui, outre Moncton, dessert ses villes voisines, Dieppe et Riverview.

«La population du Grand Moncton a augmenté considérablement au cours des dernières années, ce qui a entraîné la nécessité d’un nouveau détachement», a-t-il expliqué. Le nouvel édifice, en cours de construction rue Albert, devrait normalement ouvrir ses portes l’année prochaine.

Au cours des quatre dernières années, comme un ressac provoqué par des événements survenus au sud de la frontière, des activistes ont fait entendre leurs voix pour appeler au dé-financement de la police. Invoquant elles aussi les coûts, d’autres personnes ont remis en question la pertinence de la GRC comme force de l’ordre au sein des trois communautés, suggérant de revenir à une force municipale.

«À l’automne 2023, les résultats d’une étude reliée à la sécurité publique pour la région du grand Moncton a été reçu par les trois municipalités. La conclusion des auteurs est que les trois municipalités devraient continuer avec la GRC de Codiac», a précisé Charles Léger.

Un comité étudie le rapport

Les auteurs du rapport évoquent des limitations d’ordre législatif au niveau provincial comme frein au retour à une force municipale. Charles Léger considère néanmoins que l’adoption d’une force policière hybride pourrait avoir ses avantages et que l’hypothèse n’est pas à exclure, sous réserve que Fredericton modifie la loi sur la police.

«Je suis de l’opinion que la GRC a une solide expertise dans la lutte contre le trafic de drogues et le crime organisé. Nous devrions permettre à cette force de jouer un plus gros rôle dans ces domaines afin de régler nos plus gros défis, et donc avoir la possibilité de créer une force municipale genre hybride qui peut protéger nos citoyens et citoyennes de façon quotidienne», a-t-il avancé.

Le rapport a aussi indiqué que l’APRC devrait augmenter ses interactions avec les trois conseils municipaux afin de s’assurer que les besoins de leur population soient pris en considération.

«À l’heure actuelle, il y a eu beaucoup de progrès dans nos trois municipalités afin de s’attaquer aux défis liés aux problèmes sociaux. La ville de Moncton emploie des officiers communautaires qui sont très importants afin d’augmenter la sécurité et visibilité au centre-ville de Moncton», a mentionné M. Léger.

Le conseil municipal de Moncton a créé un comité afin de répondre aux questions reliées au rapport et de s’assurer de le passer entièrement en revue. Les conseillers Daniel Bourgeois (quartier 2) et Bryan Butler (quartier 3), ce dernier étant lui-même retraité de la police, siègent sur ce comité. L’analyse du rapport devrait être terminée d’ici la fin de l’année.

Des réactions très positives

Le public présent a reçu favorablement les informations qui lui ont été présentées. «J’ai vu en cet homme plusieurs nobles qualités. Qu'on me permette de dire qu'il est un modèle social. On sent que l'itinérance est pour lui un problème très sérieux. Il prend son travail avec souci et persévérance», a indiqué Alcide F. LeBlanc.

«Le conseiller Léger en a surpris plusieurs par sa connaissance des dossiers. Il reconnait que la vocation sociale qu’on veut souvent attribuer au service de police est à améliorer, mais que cela n’est possible que par une volonté des supérieurs, des municipalités, et surtout par une formation des agents qui reste à venir dans la plupart des cas», a commenté l’ancien élu municipal dieppois, Jean J. Gaudet.

Conrad LeBlanc est d’avis que Charles Léger a très bien expliqué la complexité du système de sécurité communautaire qui implique un partenariat entre les trois municipalités de Dieppe, Moncton et Riverview, le gouvernement provincial et la GRC fédérale.

Enfin, Gilles Chiasson, qui préside le comité organisateur, a salué «une présentation magistrale» qui a décortiqué en détail le rapport stratégique des services de sécurité publique et de la police de la région de Codiac. «À en juger par les nombreuses questions posées au conférencier suite à sa présentation, j’estime que le sujet a répondu aux attentes des personnes présentes. L'année 2024 a débuté de manière prometteuse pour nos déjeuners du 2e mardi du mois.»

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Photo

Titre : Charles Léger
Légende : Charles Léger a présidé l’Autorité policière régionale de Codiac durant de nombreuses années.
Crédit : Courtoisie.

Le Service de la GRC de Codiac en quelques chiffres (D.D.)

Le budget total de la GRC de Codiac pour 2024 est de 45.655.372 $. Le montant payé pour les trois municipalités est calculé sur la base de trois critères: le nombre d’appels, la population, et l’assiette fiscale reliée à la croissance. Le pourcentage de distribution pour chaque municipalité est le suivant:

Moncton : 32.367.650 $ (70,90 %)

Dieppe : 8.451.814 $ (18,51 %)

Riverview : 4.835.908 $ (10,59 %)

En cours de construction rue Albert, le nouveau détachement aura une superficie d’environ 6.680 m2 (71.902,92 pieds carrés). Le coût total partagé entre les trois municipalités est de 57.177.130 $. Il comprend l’achat de la propriété, l’équipement, la planification et la construction qui, en elle-même, est évaluée à 46.965.511,25 $. L’association canadienne des municipalités devrait verser une subvention de 3 millions $ pour appuyer ce projet. L’ouverture des nouveaux locaux est prévue en 2025.

  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 24 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 24 janvier, 2024
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