Être Acadien, «c’est une mémoire» - Gilbert Arsenault
Qu’est-ce qu’être Acadien à l’Île-du-Prince-Édouard?
La Voix acadienne a posé la question à des Acadiens de tout âge, originaires de l’Île ou venus d’autres provinces, qui parlent le français ou l’ont perdu, mais aussi à de nouveaux arrivants francophones. Cette semaine, Gilbert Arsenault, Acadien de 18 ans né en région Évangéline, étudiant à l’Université McGill de Montréal, partage la vision de son identité.
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Marine Ernoult
IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
«Être Acadien, c’est une mémoire. Avoir des ancêtres qui ont été déportés, c’est ce qui me définit comme Acadien», estime Gilbert Arsenault, qui est né et a grandi en région Évangéline. Aux yeux du jeune homme, «l’Acadie, ce n’est pas seulement une histoire de gênes, ce sont aussi des traditions “en constante évolution”». Il évoque pêle-mêle la musique, la gastronomie, et «l’esprit de générosité» qui souffle sur les grandes familles.
À 18 ans, Gilbert défend également une culture acadienne inclusive, ouverte à tous les locuteurs francophones. «Les comportements changent et les visages aussi, c’est la beauté de notre pays, mais la langue reste, immuable», ajoute celui qui étudie aujourd’hui à l’Université McGill de Montréal.
L’amour du français a décidé Gilbert à poursuivre ses études dans la capitale économique du Québec. «J’aurais pu avoir de grosses bourses pour étudier aux États-Unis, mais je ne voulais pas perdre ma langue maternelle, c’est trop important pour moi», partage l’étudiant en sciences.
Des Québécois hermétiques aux accents
L’Acadien se souvient encore de son arrivée à Montréal en août dernier : «Quand j’ai emménagé, ma mère a pris un drapeau acadien pour le coller sur la fenêtre en me disant : «n’oublie pas d’où tu viens».
Depuis, Gilbert apprécie les charmes de la grande ville et la richesse de la scène musicale. Le violoniste a même intégré un groupe avec lequel il joue régulièrement après les cours. Surtout, il se réjouit de pouvoir vivre en français au quotidien. «C’est tellement facile d’avoir accès à des services. À l’Île, c’est toujours plus compliqué dès qu’on sort de la région Évangéline», témoigne-t-il.
Gilbert se dit néanmoins «déçu» de l’ignorance de certains Québécois, hermétiques aux accents de la francophonie canadienne. «Alors que je parle en français, on me répond parfois en anglais à cause de ma prononciation, regrette-t-il. Mais ce n’est pas la fin du monde, et ça ne m’empêchera pas de m’exprimer comme mes ancêtres, avec le même accent que mes grands-parents!»
«Ça restera ma maison et j’y reviendrai toujours»
Le Prince-Édouardien constate aussi que la plupart des Québécois qu’il rencontre ne soupçonnent pas l’existence des francophones en milieu minoritaire. À chaque fois, l’étudiant met un point d’honneur à expliquer l’histoire de l’Acadie et la bataille pour le français.
«Les gens sont d’abord surpris et puis ils finissent par trouver ça bien», assure-t-il. Profondément attaché à ses racines, Gilbert garde le contact avec ses proches restés à l’Île, et continue à jouer du violon en ligne avec des amis musiciens. «La paix et la liberté de la campagne me manquent», confie-t-il. Le passionné de sciences, qui rêve de devenir chercheur en physique, espère pouvoir travailler à l’Île après ses études. Si sa carrière le conduit ailleurs au pays, il assure qu’il maintiendra des liens forts avec l’Acadie : «Ça restera ma maison et j’y reviendrai toujours, peu importe le lieu où je me trouve.» Gilbert a été capable de rentrer chez lui pour Noël.
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Photos
Gilbert Arsenault est très bon violoneux depuis un très jeune âge.
Diplômé de l’École Évangéline, Gilbert Arsenault poursuit ses études à l’Université McGill de Montréal.
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- Date de création 11 janvier, 2022
- Dernière mise à jour 11 janvier, 2022