Et si James Bond était tourné à Ottawa?

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

Les professionnels de l’industrie du cinéma et de la télévision ont plusieurs raisons de voir grand: l’année 2022 en a été une record en Ontario.

Les employés du Diefenbunker ont l’habitude des pleurs, des cris, du sang et des haches: la production de films d’horreur est courante au musée canadien de la guerre froide.

«Le film dont on se parle le plus souvent entre employés, c’est Zygote, un film d’horreur. C’est la plus grande production qu’on a vue ici. Le musée avait été complètement fermé aux visiteurs», avance la coordonnatrice des programmes, des événements et des locations au Diefenbunker, Robyn Easton.

Il y a une vingtaine d’années, le bunker avait reçu la visite des acteurs Ben Affleck et Morgan Freeman, notamment, pour le tournage de scènes du thriller La somme de toutes les peurs.

Cet abri antiatomique construit secrètement, entre 1959 et 1961 à Ottawa, accueille environ deux ou trois productions d’envergure par année, indique Robyn Easton.

Et le musée observe une hausse, cette année: quatre producteurs ont déjà réservé le bunker.

Les films d’horreur tournés au Diefenbunker font contraste au genre plus populaire que l’on associe souvent à la Ville d’Ottawa, soit celle des comédies romantiques de Noël.

«Ottawa est une réelle destination pour les films de Noël», soutient la commissaire au cinéma du Bureau du cinéma d’Ottawa, Sandrine Pechels de Saint Sardos.

C’est elle qui a la responsabilité d’attirer les producteurs dans la capitale fédérale.

À son avis, Ottawa a tout pour accueillir le tournage du prochain James Bond. «Ce n’est pas que je rêve grand. C’est que je vois grand», précise la commissaire au cinéma, entrée en poste en mars 2022.

Ottawa, attrayante pour les producteurs

Ce n’est pas difficile d’imaginer la scène mettant en vedette le prochain agent 007, remarque Sandrine Pechels de Saint Sardos. «On a des lieux de tournage qui sont très européens, et vraiment uniques, avec un château au centre-ville. On a 130 ambassades qui comportent toutes une architecture différente l’une de l’autre. C’est quand même incroyable.»

Ce n’est pas si utopique non plus, note-t-elle, étant donné la croissance que prend l’industrie dans la capitale canadienne.

En 2022, 30 longs métrages ont été tournés à Ottawa, dont 16 films de Noël.

On compte aussi 15 séries télé qui ont été tournées dans la ville, dont Gang de hockey, la deuxième saison d’Eaux turbulentes ainsi que La vie compliquée de Léa Olivier.

La production de films de style «live action», ou prise de vues réelles, a généré 57 millions de dollars en activité économique locale en 2022, soit 37% de plus que l’année précédente.

En tout, 130 millions de dollars ont été générés en raison de l’industrie cinématographique et télévisuelle à Ottawa, en 2022.

La même année, la Ville d’Ottawa a accueilli l’équivalent de 950 jours de tournage, au total.

Et en février 2023, les producteurs associés au Bureau du cinéma avaient déjà atteint leur volume d’heures de tournage, comparativement à l’année dernière, avance Sandrine Pechels de Saint Sardos.

Et Ottawa n’est pas la seule à enregistrer des records.

Année record en Ontario

En 2022, l’industrie du cinéma et de la télévision ontarienne a apporté une contribution de 3,15 milliards de dollars à l’économie de la province, selon Ontario Créatif.

Cet organisme gouvernemental axé sur le développement économique dans les industries de la création de l’Ontario estime qu’il s’agit là d’un record.

«L’Ontario est l’un des principaux territoires de compétence pour la production cinématographique et télévisuelle au monde, accueillant typiquement plus de 300 productions par an», selon l’organisme.

Et c’est notamment la création d’emplois qui excite le ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport de l’Ontario, Neil Lumsden.

«La création d’emplois et d’opportunités représente l’un des principaux mandats du premier ministre Doug Ford, donc c’est sûr que je suis heureux quand j’entends dire que ce record de retombées économiques signifie aussi la création de plus de 45 000 emplois en Ontario», souligne le ministre, en poste depuis l’été 2022.

Comment faire croître l’industrie?

La commissaire du cinéma d’Ottawa estime que pour poursuivre la croissance de l’industrie dans la région, il faut que la Ville d’Ottawa demeure une ville accueillante pour les producteurs.

«Il faut que l’on demeure facile d’accès et que les permis continuent d’être distribués de façon efficace. Nous sommes la ‘affordable destination boutique for film makers’ [la destination abordable pour les producteurs]. Nous devons le rester.»

Se rapprocher de Gatineau

La commissaire du cinéma d’Ottawa croit aussi qu’il y a «un rapprochement à faire» avec la Ville de Gatineau lorsqu’il est question de faire mousser son industrie.

«Ottawa, c’est comme Washington, D.C. C’est la capitale, et il y a des partenariats à faire de l’autre côté de la rivière. On a appris de la COVID qu’il ne faut pas fermer nos frontières.»

Sandrine Pechels de Saint Sardos a fait savoir au Droit qu’elle a des rencontres prévues, au cours du mois d’avril, avec le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, et avec le ministre Neil Lumsden pour parler du développement de l’industrie du cinéma dans la capitale.

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  • Date de création 17 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 17 avril, 2023
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