Entité 4 : qu’est-ce que ça mange en hiver?

Notre organisme régional qui a pour mandat de faciliter les soins de santé en français se nomme Entité 4. Il existe depuis 2006 afin de créer un lien entre la population et le ministère de la Santé. Ce qui explique son invisibilité : il n’est ni au début ni à la fin de la ligne. Une jasette avec le président depuis plus de dix ans, Yves Lévesque, nous éclairera sur la mission et les défis d’une Entité 4 encore mal connue.

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Joëlle Roy
– IJL – Réseau.Presse
– Le Goût de vivre

Yves Lévesque possède cette force du mammouth, inébranlable, tenace avec cette patience indispensable pour travailler de près avec un gouvernement provincial. Le ministère de la santé assure leur financement. Leur territoire est immense. Il couvre Simcoe-Muskoka, York et l’est de Toronto.

Leur mission consiste à assurer, à promouvoir et accompagner le déploiement de services de santé en français dans chacune des régions desservies. Pour ce faire, Entité 4 fera les recommandations appropriées au ministère de la Santé de l’Ontario.

Le conseil d’administration est composé de trois administrateurs par région. D’ailleurs, on est présentement à la recherche d’un représentant de Simcoe-Muskoka. Ça vous tente?

Question de comprendre concrètement le rôle joué par cet organisme, regardons quelques dossiers sur lesquels Entité 4 a posé son énergie dans les dernières années. L’hôpital de Midland, il y a quatre ans, a dû se prévaloir d’une désignation francophone à la suite de la fermeture de l’hôpital de Penetanguishene et du transfert de soins d’une municipalité à l’autre.

La désignation francophone n’est pas un processus simple. Entité 4 a accompagné la direction de l’hôpital pour la mise en œuvre. On parle, entre autres, d’affichage et d’embauche de personnel bilingue. On procède par priorité. L’accueil et l’urgence sont les points d’entrée du milieu hospitalier.

Le rêve est d’offrir les services en français dans tout le continuum des services. Si l’accueil en français est de base, il importe que la suite des soins soit aussi bilingue. Le rêve consiste à être accueilli et soigné en français.

Un autre dossier local où Entité 4 a joué un rôle primordial est l’ajout du rôle de navigatrice des services en français chez Chigamik. Entité 4 a aiguillé le Centre de santé communautaire à faire demande pour ce poste important qui est tenu par Céleste Lalonde. Interrogée sur l’apport de l’Entité 4 à la mission de Chigamik, la navigatrice répond généreusement. «C’est par mentalité de croissance et d’adaptation qu’Entité 4 épaulera la planification des services en français, auprès des services de santé de Santé Ontario (Centre) Région de Simcoe Nord Muskoka. Leur engagement dans la communauté et conseils novateurs contribueront positivement dans le déploiement de la mission de Chigamik notamment d’offrir des programmes et des services holistiques adaptés à la culture pour doter nos collectivités des outils nécessaires à atteindre la santé et le mieux-être optimaux grâce à la sensibilisation, à la promotion de la santé et à la prévention des maladies».

La question classique: est-ce que les gens souhaitent recevoir ces soins en français? Yves nous ramène à la notion de l’œuf et de la poule. «Nous, notre cheval de bataille, c’est de travailler sur l’offre active. On offre des services et les gens vont les chercher. Et pas le contraire». Et l’ancien conseiller scolaire ajoute : «Comme pour les écoles, tu l’ouvres et elle se remplie»!

Donc si on les connaît peu, c’est qu’ils sont peu visibles étant au milieu de l’engrainage. Déjà, Entité était l’étape entre la communauté et le ministère de la santé. Le gouvernement de M. Ford, prétextant couper de la bureaucratie, a ajouté une étape entre elle et la communauté. Avant, il y avait le Ministère, les RLISS (comité de citoyens régionaux) et la population.

Le gouvernement provincial a éliminé les RLISS et a implanté Santé Ontario. Maintenant, il y a le ministère, Santé Ontario, des bureaux régionaux (pas concrètement définis et implantés depuis leur implantation trois ans passés), des comités locaux qui ne sont pas homogènes ni concertés et en bas de liste, la communauté. Les besoins ont donc une bonne route à parcourir avant de se poser dans une oreille gouvernementale.

La perte des RLISS représente la fin de l’imputabilité. Dans le processus de changement, les Entités de la province ont perdu l’outil de redevabilité qui leur permettait de suivre les progrès (ou pas!) d’une institution. Depuis trois ans, ils n’ont plus les données ni les outils de pression qui permettaient d’assurer les services en français là où ils devraient être offerts.

Il faut de bons nerfs pour naviguer dans cette bureaucratie étourdissante. Notre Yves national, avec sa détermination à toute épreuve en a vu d’autres et il affirme «On s’accroche et on essaie de faire fonctionner le changement».

On souhaite qu’Entité 4 fera mentir l’adage : Plus ça change, plus c’est pareil!

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Photo

Titre : Yves Lévesque .jpeg
Légende : Yves Lévesque est président du Conseil d’administration de l’organisme régional Entité 4.
Crédit : Site web entité 4

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  • Date de création 20 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 20 avril, 2023
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