Enfin chez soi

C’était un moment attendu et chargé en symbolisme : à l’une des barricades sur la route entre Behchoko` et Yellowknife, il était 11 h précise, ce mercredi, lorsque deux fonctionnaires du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) ont retiré la barrière indiquant « route fermée » et ont ainsi rouvert l’accès à la capitale ténoise. Plus de 60 véhicules faisaient la queue et certains klaxonnaient de joie sur le chemin du retour à Yellowknife, dans la hâte de retrouver leurs maisons quelque 62 kilomètres plus loin.

Vingt-et-un jours après l’ordre d’évacuation qui a conduit quelque 19 000 habitants de Yellowknife dans les provinces du Sud et au Yukon, tout le monde est fin prêt pour rentrer chez soi.

Contrairement à l’évacuation, qui a donné lieu à une première vague de déplacements massifs de personnes, ce retour devrait être plus étalé et plus étendu dans le temps. Le mercredi 6 septembre en fin d’après-midi, la plupart des personnes évacuées n’avaient pas encore pris le chemin du retour. Les premiers vols affrétés par le GTNO commençaient à se préparer à quitter Calgary, mais des milliers d’autres personnes évacuées, notamment à Edmonton et à Calgary, attendaient toujours d’être appelées et informées des détails de leurs vols. Il faudra certainement attendre quelques jours avant que tous les avions atterrissent sur la piste de l’aéroport de Yellowknife.

 

Un retour assez calme

Le retour de milliers de voitures devrait culminer entre jeudi et dimanche. Lundi et mardi derniers (les 4 et 5 septembre), lorsque Médias ténois s’est rendu de Red Deer à Yellowknife, la circulation sur la route était très calme, ce qui est probablement symptomatique d’une chose : les gens ne se précipitent pas pour rentrer.

Deux raisons majeures peuvent tenter d’expliquer ce phénomène. La première : les personnes évacuées, du moins la grande majorité d’entre elles, sont assurées d’être logées et nourries jusqu’à cette fin de semaine. La seconde : tout le monde semble avoir compris, notamment parce que la mairesse Rebecca Alty l’a répété à maintes reprises, que la ville de Yellowknife ne sera pas opérationnelle 100 % pendant les premiers jours suivant la levée de l’ordre d’évacuation. De nombreux commerces resteront fermés.

High Level, dans le nord de l’Alberta, sera à nouveau la ville par laquelle passeront presque tous les véhicules. Médias ténois s’est rendu sur place et confirme que la ville continue d’aider ses voisins du Nord.

Au centre d’accueil installé dans le complexe sportif Arena, les personnes auront accès à des bons de trois repas par jour, ainsi qu’à divers dons.

Contrairement à ce qui s’est passé il y a trois semaines, il n’y a pas d’essence gratuite disponible à High Level. Il est à noter que sur les 415 km qui séparent High Level de Fort Providence, la seule station-service disponible est celle de Meander River, dont les heures d’ouverture sont limitées – elle ferme à 22 h. Il est donc conseillé de faire le plein à High Level, notamment parce que, comme cela a déjà été rapporté, la ville d’Enterprise a été presque entièrement dévastée par les flammes il y a quelques semaines.

La zone d’Enterprise est en fait l’étape la plus difficile de tout le périple. La scène peut être traumatisante pour de nombreuses personnes : sur plus de 60 km, on peut voir des forêts brulées des deux côtés de la route. Ce paysage de forêts noires s’étend souvent jusqu’à l’horizon.

Lundi, à Fort Providence – autre étape importante du parcours – la station-service Big River a subi une coupure de courant de midi et demi à 17 h. Il était impossible de faire le plein d’essence pendant cette période. Vernette, la gérante adjointe, a déclaré à Médias ténois que la situation n’était pas trop grave, car il n’y avait encore que très peu de circulation. Elle s’attend à ce que le plus gros afflux se produise à partir de jeudi, et se dit prête à tout, même si elle est consciente qu’il n’y aura pas de grandes files d’attente de quatre ou cinq personnes comme aux premières heures du 17 aout. Vernette dit d’ailleurs avoir déjà reçu des milliers de personnes : « Tout le monde a été merveilleux et respectueux, ils ont toujours tout laissé très propre. »

Dans la nuit de mardi à mercredi, Médias ténois a passé la nuit près de la barricade entre Behchoko` et Yellowknife pour assister à la levée de l’ordre d’évacuation. Seules quatre ou cinq voitures ont sont restées sur place toute la nuit. Ce n’est que le lendemain matin que des dizaines de véhicules ont commencé à se rassembler derrière.

 

L’arrivée des premiers véhicules

L’une des premières personnes à faire la queue était James Donohue. Il ne pouvait pas cacher sa joie. « Je me sens formidablement bien et j’ai hâte de reprendre ma vie normale », a-t-il fait savoir. James a quitté la capitale ténoise il y a 21 jours avec sa femme. Il avoue que la foi les a poussés à tout affronter avec sérénité. « Nous sommes chrétiens et nous sommes en paix. On savait qu’il nous fallait juste aller de l’avant et que Dieu nous soutiendrait », confie-t-il.

Après quelques nuits passées à dépenser de l’argent dans des hôtels, le couple a découvert sur Facebook que Bashaw, une petite communauté rurale située au nord-est de Red Deer, en Alberta, ouvrait ses portes aux personnes évacuées. La communauté a même mis à disposition une ancienne maison de retraite.

« Nous avons immédiatement saisi l’occasion, raconte James. C’était incroyable. Ils nous ont vraiment bien traités et nous avons eu accès à tout, avec de belles et grandes chambres. Les habitants du village nous donnaient de la nourriture et des boissons et nous n’avons jamais eu à payer quoi que ce soit. Tout le monde a été très amical et très accueillant. »

Ravi par la générosité de ces personnes, James précise ce qu’il considère comme exemplaire :

« C’est ainsi que nous devrions tous être, chacun d’entre nous sur cette planète. »

Quelques voitures plus loin derrière se trouvait Brian Dube, arrivé dans la file d’attente avec Sammy, « un chien heureux tant qu’il a à manger ». Brian semblait également satisfait, mais s’est permis une petite critique à l’égard du gouvernement : « Ils nous ont fait sortir un peu précipitamment, ils auraient dû nous donner un jour de plus pour préparer les choses. Je pense qu’ils auraient dû nous permettre de revenir plus tôt, affirme-t-il avant de tempérer ses propos d’un ton rieur. Mais je ne suis pas un expert en matière d’incendie ».

Brian a passé les dernières semaines à camper et à rendre visite à son frère dans une ferme au nord-est de l’Alberta. Qu’est-ce qui le manque le plus à Yellowknife ? « Pêcher ! », dit-il sans hésitation. « J’ai hâte de retourner sur le bateau sur un grand lac et de pêcher une truite ! »

Si Brian s’ennuie des poissons, Eve Erasmus et Georges Erasmus ont envie de retrouver leurs légumes. Le couple, qui faisait la queue avec son autocaravane, a passé l’été à planter un énorme potager avec pommes de terre, carottes, oignons, chou-fleur, brocoli, concombres. Quelqu’un a proposé de venir l’abreuver.

« J’espère que je rentrerai à la maison et que je pourrai encore cueillir quelques légumes », dit Eve. « Et on espère que les plantes à l’intérieur de la maison ne sont pas mortes », ajoute son mari.

Au moment de l’évacuation, ils ont décidé de partir un peu plus tard que la première vague et ont trouvé la route vide, ce qui, selon eux, leur a « évité tout le stress ». Ils se sont rendus au camping juste à côté de Fort Providence. Ils se montrent également reconnaissants de la manière dont ils ont été traités par la communauté.

Un jour, ils ont reçu du soutien de Margaret Thom, la commissaire des Territoires du Nord-Ouest, qui vit à Fort Providence. « Elle est venue et a offert à tout le monde un diner de dinde, c’était merveilleux !, déclare Georges. L’expérience de l’évacuation n’a pas du tout été traumatisante. Je me suis sentie en sécurité dès notre arrivée et tout au long de mon séjour » confie Eve.

Georges dit avoir vécu toute sa vie à Yellowknife. Il assure qu’il a connu de nombreux incendies dans sa vie « mais rien de tel, rien comme ça ». Pour le couple, la façon dont le gouvernement et les autorités ont géré l’évacuation mérite d’être saluée.

« C’était une décision difficile à prendre et certaines personnes vont suggérer que ce n’était pas nécessaire, mais c’était pour assurer la sécurité des gens, donc je soutiens totalement [cette décision] », dit Georges.

Il demeure cependant inquiet pour l’avenir. Il craint que des incendies de cette ampleur deviennent plus fréquents. « Avec ce type de feux, dû aux changements climatiques, nous allons probablement devoir envisager de sérieux coupe-feu et d’autres idées. Peut-être que les toits devraient tous être en métal, et les bardages ignifugés, suggère-t-il. Nous devons veiller à ce que toutes les cabanes soient protégées contre les incendies. »

Brian a passé les dernières semaines à camper et à rendre visite à son frère dans une ferme au nord-est de l’Alberta. Qu’est-ce qui le manque le plus à Yellowknife ? « Pêcher ! », dit-il sans hésitation. « J’ai hâte de retourner sur le bateau sur un grand lac et de pêcher une truite ! »

Si Brian s’ennuie des poissons, Eve Erasmus et Georges Erasmus ont envie de retrouver leurs légumes. Le couple, qui faisait la queue avec son autocaravane, a passé l’été à planter un énorme potager avec pommes de terre, carottes, oignons, chou-fleur, brocoli, concombres. Quelqu’un a proposé de venir l’abreuver.

« J’espère que je rentrerai à la maison et que je pourrai encore cueillir quelques légumes », dit Eve. « Et on espère que les plantes à l’intérieur de la maison ne sont pas mortes », ajoute son mari.

Au moment de l’évacuation, ils ont décidé de partir un peu plus tard que la première vague et ont trouvé la route vide, ce qui, selon eux, leur a « évité tout le stress ». Ils se sont rendus au camping juste à côté de Fort Providence. Ils se montrent également reconnaissants de la manière dont ils ont été traités par la communauté.

Un jour, ils ont reçu du soutien de Margaret Thom, la commissaire des Territoires du Nord-Ouest, qui vit à Fort Providence. « Elle est venue et a offert à tout le monde un diner de dinde, c’était merveilleux !, déclare Georges. L’expérience de l’évacuation n’a pas du tout été traumatisante. Je me suis sentie en sécurité dès notre arrivée et tout au long de mon séjour » confie Eve.

Georges dit avoir vécu toute sa vie à Yellowknife. Il assure qu’il a connu de nombreux incendies dans sa vie « mais rien de tel, rien comme ça ». Pour le couple, la façon dont le gouvernement et les autorités ont géré l’évacuation mérite d’être saluée.

« C’était une décision difficile à prendre et certaines personnes vont suggérer que ce n’était pas nécessaire, mais c’était pour assurer la sécurité des gens, donc je soutiens totalement [cette décision] », dit Georges.

Il demeure cependant inquiet pour l’avenir. Il craint que des incendies de cette ampleur deviennent plus fréquents. « Avec ce type de feux, dû aux changements climatiques, nous allons probablement devoir envisager de sérieux coupe-feu et d’autres idées. Peut-être que les toits devraient tous être en métal, et les bardages ignifugés, suggère-t-il. Nous devons veiller à ce que toutes les cabanes soient protégées contre les incendies. »

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  • Date de création 18 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 18 septembre, 2023
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