En attente d’un nouveau vaccin

Avec l’apparition d’un sous-variant d’Omicron, nommé Eris, qui est prédominant dans plusieurs régions du monde et à la veille de la rentrée, La Liberté fait le point sur la vaccination et la nécessité d’une communication plus importante.

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Ophélie Doireau

IJL – Réseau.Presse – La Liberté

 

Avec la propagation d’Eris, une dose de rappel semble s’inscrire sur la liste des choses à faire à l’automne. Même si du travail est encore en cours du côté des entreprises pharmaceu-tiques, comme l’explique
Dre Julie Lajoie, professeure en immunologie et virologie à l’Université du Manitoba. « Vers le mois de juin, une rencontre a eu lieu entre les compagnies de vaccin et Santé Canada, la FDI, le CDC, pour une mise à jour sur le vaccin pour l’automne. Pour l’instant, il n’est pas encore disponible.

« Donc même si une personne a eu une dose du vaccin bivalent, il n’est pas possible d’avoir une dose de rappel, à part si vous êtes une personne immunosupprimée. Il faut donc attendre le prochain vaccin pour que toute la population reçoive une dose de ce vaccin à jour.

« Un vaccin qui va sûrement arriver un peu tard pour la rentrée scolaire, ce qui est dommage parce qu’il y a une vague qui arrive au Canada. »

D’ailleurs, en date du 21 août, un premier cas avait été détecté en Saskatchewan. De l’autre côté de l’Atlantique, en France, le nombre de passage aux urgences pour des suspicions de COVID-19 ne cesse d’augmenter. Durant la semaine du 14 au 20 août, près de 2 200 personnes s’étaient rendues aux urgences; la semaine précédente, le chiffre s’élevait à 1 555. Les actes médicaux de SOS Médecins pour suspicion de COVID-19 ont également augmenté, passant de 1 888 à 2 670 actes pour la semaine du 14 au 20 août. Enfin, le nombre de cas positifs a également augmenté, passant de 12,4 à 18,2 cas positifs pour 100 000 habitants.

Même si le vaccin intervient tardivement, Dre Julie Lajoie et Dr Tim Evans s’accordent sur la nécessité de ce rappel. Dr Tim Evans, directeur administratif du Groupe de travail sur l’immunité face à la Covid-19 (GTIC) : « Je crois que le fait qu’on ait une combinaison entre le vaccin et l’infection va permettre une certaine protection auprès des Canadiens. Ce qu’on ne sait pas, c’est la durée de cette protection. Il faut donc rester vigilant.

« Des instructions devraient bientôt être émises par le Comité consultatif national de l'immunisation. Mais il est certain que pour tous ceux qui sont vulnérables, qui sont plus âgés, qui ont des problèmes d’immunité, c’est très important d’avoir une dose de rappel à l’automne. Pour la population en général, nous verrons les recommandations. Je pense qu’il serait prudent d’obtenir un vaccin, si offert. »

Dre Julie Lajoie, elle, estime qu’un travail devrait déjà se faire en amont pour que la population soit au courant de l’existence de ce sous-variant. « La Santé publique devrait commencer à faire de la communication en disant qu’il y a un nouveau sous-variant, expliquer ses symptômes, son impact sur la santé…

« Il serait bon aussi de rappeler les bons gestes à adopter lorsqu’on soupçonne des symptômes. Par exemple, si on a des symptômes, il faut compter un bon cinq jours pour avoir un test positif parce que notre corps a acquis de l’immunité, alors il faut un certain montant de virus en nous pour déclencher le positif. En attendant, on reste à la maison. Le télétravail s’est évidemment beaucoup démocratisé. Si on ne peut pas télétravailler, on essaye de garder le masque, de maintenir des distances. On comprend que tout le monde ne peut pas rester à la maison. »

| Une certaine immunité

Parce qu’Eris est un sous-variant d’Omicron, sa capacité de propagation semble être la même. Pour rappel, Omicron avait fait des envolées dans les taux d’infection de la
COVID-19.

C’est d’ailleurs ce qu’a étudié le GTIC. En avril 2020, le gouvernement du Canada, a donné comme mandat d’analyser trois périodes distinctes : la pré-vaccination (mars 2020 à novembre 2020), le déploiement des vaccins (décembre 2020 à novembre 2021) et les vagues d’Omicron (décembre 2021 à mars 2023).

Dr Tim Evans, qui a participé à ce travail, détaille certains résultats. « Avec les premières vagues d’infection entre 2020 et 2021, il y a eu peu de gens atteints par la COVID-19. Le taux d’infection était en bas de 10 % en novembre 2021. Les vaccins avaient commencé à être distribués et une partie des Canadiennes et Canadiens a pu être immunisée grâce à cette vaccination.

« Alors qu’on avait atteint un bon seuil de vaccination, il y a eu un tsunami d’infections à cause du variant Omicron. C’est à ce moment, entre décembre 2021 et mars 2023, qu’il a été observé que plus des trois-quarts des Canadiens ont eu la COVID-19. Ce tsunami d’Omicron a été un variant très contagieux. Heureusement, le fort taux de vaccination a permis de diminuer les formes les plus graves de la maladie et de diminuer le taux de décès. »

| Des disparités

Bien évidemment, ce taux de 75 % était différent d’un bout à l’autre du pays, comme l’explique Dr Tim Evans. « Il y a des endroits qui ont été davantage exposés à la COVID-19 que d’autres. Rappelons-nous qu’entre 2020 et 2021, les provinces de l’Atlantique n’étaient quasiment pas touchées par les vagues de COVID-19. Cependant avec Omicron, leur taux d’infection a monté en flèche, jusqu’à atteindre environ 70 % d’infection. La différence était alors minime par rapport au reste du Canada.

« Dans l’Ouest du Canada, surtout en Alberta, les taux d’infection étaient plus élevés que dans l’est. En Alberta, le taux était de 80 % alors qu’en Ontario, c’était 75 %. Ce sont des différences qui ne sont pas réellement significatives. Mais qui sont en corrélation avec les taux de vaccination. »

En effet, le chercheur insiste sur la protection offerte par les vaccins : « La protection vaccinale a été vraiment efficace, surtout au moment où le variant Omicron était présent sur le territoire canadien.

« Parmi les données, nous avons remarqué que c’était davantage les jeunes qui étaient atteints. En effet, les plus jeunes de moins de 12 ans avaient des taux de vaccination plus bas. Ils étaient plus vulnérables. Alors que les personnes plus âgées avaient déjà reçu plusieurs doses de vaccins. Alors si un nouveau vaccin est offert pour le sous-variant Eris, il ne faut pas tarder. »

 

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Photos : 

  • Dr Tim Evans fait partie du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19. + photos : GTIC
  • Dre Julie Lajoie est professeure associée en immunologie et virologie à l’Université du Manitoba. + photos : GTIC

 

Encadré

COVID-19 et élections

Un nouveau variant, surnommé Eris, se propage. Un prochain vaccin pourrait être sur le marché dans les prochaines semaines afin de renforcer le système immunitaire. Au même moment, la campagne électorale provinciale bat son plein. Pourtant, Dre Julie Lajoie doute que la COVID-19 soit au programme des différents partis politiques. « Je pense que parler de la recherche, de la santé c’est important, que ce soit de la COVID-19 ou pas. Malheureusement, parler de la COVID-19, ce n’est pas très sexy pour un politicien. Ça me surprendrait beaucoup qu’on en parle.

« J’aimerais qu’on parle de l’importance de la science, de l’importance de la santé, de l’importance de la communication scientifique, de l’importance de la confiance envers la santé publique et la recherche. Ce sont des thèmes extrêmement importants à l’heure actuelle. »

Parce qu’en effet, d’après un sondage d’opinion publique, réalisé entre mars 2020 et février 2022 auprès de 2 000 Canadien(ne)s, 37 % d’entre eux avaient une confiance modérée envers les autorités publiques, 11 % avaient peu confiance et 5 % n’avaient pas du tout confiance.

Dre Julie Lajoie estime que le gouvernement provincial pourrait en faire davantage. « Lorsqu’on regarde les fonds de Research Manitoba, leurs fonds sont minimes. Si on veut que le Manitoba puisse soutenir la recherche et faire avancer les connaissances, il faut rappeler au public que c’est important d’investir dedans. »

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 1 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 1 septembre, 2023
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