En Alberta, la nouvelle vie sociale derrière l’écran de son ordinateur
Avec le coronavirus et les nouvelles mesures sanitaires mises en place, la vie sociale des individus a été amoindrie. Parce que nos besoins affectifs et sociaux sont primordiaux, de nombreuses solutions de rechange sont employées. Du cours de mathématiques aux leçons de sport, d’un anniversaire à la visite d’un appartement, bienvenue dans ce nouveau monde confiné sur l’écran de vos ordinateurs
Marjorie Lezin
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
« D’habitude pour mon anniversaire, j’ai des amis qui viennent à la maison, mais cette année, c’était différent et bizarre », raconte Jane, jeune edmontonienne qui a fêté ses neuf ans le 5 avril dernier. « Des amis sont venus devant la maison chanter des chansons, d’autres sont passés en voiture et j’ai eu un appel visio avec ma meilleure amie », détaille-t-elle. Comme beaucoup d’autres enfants, Jane doit réinventer ses activités. « Nous avons peint aux fenêtres, nos voisins ont fait une marelle sur le trottoir », cite-t-elle en exemple.
À travers le monde apparaissent des dessins aux fenêtres et des œuvres d’art crayonnées sur les trottoirs. Des dessins ensoleillés et colorés, messages d’amour et d’espoir. « J’en profite pour appeler mes amis à travers le monde », raconte Alex, serveur au Café Bicyclette à Edmonton. « Grâce à WhatsApp, je peux appeler partout sans avoir besoin de prendre un billet d’avion pour échanger avec mes amis. »
Nombreux sont ceux qui ont profité des plateformes de télécommunication pour garder contact, discuter et réussir à se voir. « Nous avons fait une soirée virtuelle avec l’application Zoom », raconte Zeineb, étudiante universitaire française qui vit son confinement à Edmonton. « J’avais un ami au Maroc, un autre en France et moi au Canada. C’était ma première fois. C’était original et agréable de pouvoir être tous ensemble à boire un verre en même temps alors qu’on est à des endroits différents. »
Le constat est le même concernant les activités sportives et culturelles. À Edmonton, le Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA) propose de contempler en ligne une exposition de Charley Farrero, artiste de la Saskatchewan.
La Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA) a elle aussi changé l’organisation de ses activités. En plus de ses capsules vidéo sportives diffusées chaque matin sur son site internet, la FSFA a organisé un marathon virtuel, du 8 au 10 mai. Chacun était invité à y participer de chez lui ou à l’extérieur.
À travers le monde, les individus peuvent partager le même engouement pour une activité. « Je prends des cours de capoeira grâce à la plateforme Zoom », raconte Daena, conseillère gouvernementale à Edmonton. « Vu que ce sont des cours virtuels, on peut prendre des pauses quand on le souhaite. Notre présence n’est pas obligatoire et le cours est financé par des dons, explique-t-elle. Néanmoins, cette pratique virtuelle ne respecte pas les principes primordiaux de cette technique de danse. Au Brésil, la capoeira est une danse de proximité, de liens et de mouvements entre les individus. Avec un ordinateur, cela n’a pas le même effet. ».
À tous les niveaux sociaux, des stratégies virtuelles émergent. Les enseignes commerciales créent des sites internet de livraison, les cours scolaires passent par un enseignement à distance. Des grandes enseignes aux petits commerçants, le coronavirus engendre de nouvelles pratiques de consommation.
« Nous avons créé notre plateforme de vente virtuelle », explique Elaine Doucette, assistante responsable du marché Bountiful à Edmonton. « On y retrouve plus de 1100 produits et on a réalisé que c’était agréable de faire du shopping de cette manière, donc on continue… »
« J’étais sceptique au début, je ne pensais pas qu’un cours virtuel pouvait fonctionner », raconte Maude Bombardier, conférencière du programme Bien-Être, de la Coalition des femmes de l’Alberta. « J’ai modifié un peu mon cours pour l’adapter à une séance virtuelle. Nous étions environ vingt-cinq et lorsque j’ai enlevé mes écouteurs à la fin de la séance, j’avais totalement oublié que j’étais seule dans le salon, donc ça a marché. »
Les technologies apportent des réponses de plus en plus efficaces aux problématiques apportées par le virus. Les plateformes et réalités virtuelles, les expériences immersives permettent aux individus de continuer à s’épanouir même si leurs relations sociales ont perdu en qualité.
Finis les relations de proximité, fini les pique-niques et les dimanches en famille, les poignées de main et les accolades sont des gestes révolus. Les baisers et les épaules réconfortantes appartiennent au passé, mais pour combien de temps ?
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- Date de création 12 mai, 2020
- Dernière mise à jour 12 mai, 2020