Embrun et Russell: fini la rivalité francos et anglos

À la suite d’une croissance rapide, les communautés d’Embrun et de Russell auraient pu perdre leur esprit villageois. Au contraire, la population y est plus engagée socialement que jamais.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Doug Anthony fait partie de différents clubs bénévoles depuis plus de 40 ans. Il en a organisé des campagnes de financement! Il a fondé le Kin Club de Russell en 2011. Cette organisation canadienne à but non lucratif menée par des bénévoles organise des activités pour récolter des dons afin de financer des projets municipaux ou aider différents organismes de charité.

Le club a entre autres amassé de l’argent pour la construction du futur dôme sportif. Tout récemment, leur loterie annuelle a permis de donner près de 2 millions de dollars à différentes causes.

«Deux millions pour une petite communauté, c’est beaucoup, s’exclame M. Anthony, rencontré chez lui, à Russell. Je n’aurais jamais imaginé atteindre ce niveau. La communauté ici est la plus généreuse que j’ai connue. Les gens et les entreprises sont incroyables.»

Inutile d’ajouter que son club n’a pas de difficulté à amasser des fonds.

En étant ancré dans la communauté de cette manière, l’originaire de la Nouvelle-Écosse a pu observer l’évolution des mentalités et de la dynamique entre les populations qui s’est grandement améliorée à Russell.

«Début 2000, Russell était anglophone et Embrun francophone, ça créait des querelles. Tout ça a disparu. Les maires Jean-Paul St-Pierre et Pierre Leroux ont changé ça. Même si on est un club anglophone, la plupart de nos activités sont en français. Pour pouvoir représenter tout le monde dans le canton, il faut être bilingue.»

L’arrivée massive de résidents dans le canton aurait pu créer une séparation entre les nouveaux arrivants et les résidents de longue date. Au contraire, assure M. Anthony.

«L’esprit de village s’est amélioré. Les personnes qui s’ajoutent amènent du bien à la communauté. Tout le monde se connaît. Ceux qui vivent ici depuis longtemps continuent d’être actifs dans la communauté.»

Jaser au terrain de baseball

Chris et Kris Pearson ont lancé leur entreprise à Embrun il y a maintenant trois ans. Les brûleurs de leur petit camion de rue ne s’éteignent jamais.

«On connaît un grand succès depuis qu’on a ouvert, assure Kris. Le bouche-à-oreille a fait son œuvre. La communauté ici nous chérit maintenant, elle tient à nous. Un camion de rue, ça rassemble les gens.»

Le couple a ouvert Pearson Street quelques mois après avoir remporté 120 000 dollars à la loterie en juin 2020. Les spécialistes du smash burger ont décidé sur le coup de quitter leur emploi à Ottawa et d’ouvrir une cantine mobile.

Résident d’Embrun depuis 18 ans, Chris Pearson a été le chef régional du restaurant Moxies pendant de nombreuses années. Le changement d’emploi de la ville à la banlieue lui apporte une grande quiétude.

«Je trouve qu’il y a plus de calme, il y a moins de stress, apprécie l’homme derrière le gril. On n’est pas pris dans le trafic. C’est plus lent ici.»

Son camion est maintenant situé près du terrain de baseball Joe Bélisle, rue Blais. Les joutes de soirée amènent non seulement des clients, mais donnent l’occasion de jaser avec la communauté.

«On rencontre tout le monde ici, lance Chris Pearson. Ça a pris quelques années avant d’obtenir la confiance des citoyens, mais nous l’avons acquise. Il faut gagner la confiance de la communauté, sinon elle pense que nous sommes juste un restaurant qui veut compétitionner avec les autres.»

Kris est d’autant plus étonné de l’entraide qui règne entre les citoyens.

«J’ai un problème avec ma voiture et c’est difficile pour moi de trouver du temps pour l’amener au garage. Ce type que j’ai rencontré ici est venu échanger sa voiture pour apporter la mienne au garage. Ça ne serait jamais arrivé sans ce commerce. Avant, on ne connaissait personne ici, parce qu’on était tout le temps à Ottawa.»

Avec cette communauté engagée, le couple assure sans équivoque qu’Embrun est un bon endroit pour s’ouvrir un commerce.

«C’est un bon endroit pour lancer une entreprise, surtout un restaurant. Où est la nourriture à Embrun? Il y a seulement un pub et plein de places de pizza», lance Kris.

Les deux unilingues anglophones n’ont pas de difficulté à se mélanger à la communauté francophone.

«Nous n’avons aucun problème avec les francophones, soutient Chris. Dès qu’on essaie de parler un minimum en français, ils embarquent. Le menu est écrit en français aussi.»

Russell contre Embrun

Le canton de Russell a gagné en population dans les années 1970 à la suite de la construction de l’autoroute 417. La connexion avec Ottawa était beaucoup plus simple, donc les travailleurs venaient s’y installer et les commerces poussaient de plus en plus.

Vu l’aspect historique francophone d’Embrun et anglophone de Russell, une certaine rivalité s’était installée entre les deux villages. Plus maintenant, remarque Jean-Guy Pathenaude, qui a vécu une grande partie de sa vie à Embrun.

«Les francophones ne trouvent pas qu’il y a trop d’anglophones. On s’est habitué. On ne court pas après les anglophones», rappelle-t-il.

Les deux communautés sont de nos jours plus intégrées à travers les deux villages, ce qui a fait disparaître la rivalité.

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Photos

L’évolution des mentalités et de la dynamique entre les populations s’est grandement améliorée à Russell, estime Doug Anthony, qui fait partie de différents clubs bénévoles depuis plus de 40 ans. (Simon Séguin-Bertrand/Le Droit)

La rue principale à Embrun. (Simon Séguin-Bertrand/Le Droit)

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  • Date de création 7 août, 2023
  • Dernière mise à jour 7 août, 2023
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