Église de Moose Creek: la survie dépend de la communauté

Comme bien des églises en Occident, la survie de l’église du petit village de Moose Creek est menacée. Avec moins de 30 personnes à la messe du dimanche et près de 25 000$ de perte par année, l’église ne peut pas survivre. Seuls les dons des membres de la paroisse peuvent changer la donne. 

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

La paroisse Notre-Dame-des-Anges a tenu une réunion extraordinaire le 16 octobre dernier pour trouver une solution à la survie de l’église. Plus de 70 personnes étaient présentes, alors qu’ils sont une vingtaine en moyenne à prier le dimanche.

Le comité directeur n’a pas encore pris de décision quant à la fermeture de l’établissement. Mais si la sonnette d’alarme n’a pas eu son effet, l’église devra fermer. «C’est très évident qu’il est là le problème. On n’a pas les paroissiens pour supporter l’église», affirme un des administrateurs Rhéal Bazinet.

Dans les années précédentes, les pertes par année oscillaient autour de 15 000$. En 2021, c’était 24 339$. En plus, Notre-Dame-des-Anges partage certaines dépenses avec la paroisse Notre-Dame du Rosaire de Crysler, 15 minutes plus loin.

Changement de concept et campagne de financement

L’église Notre-Dame-des-Anges est magnifique. Quand on y entre, de hauts piliers de marbre dirigent le regard vers un autel à la fois autoritaire et exotique avec ses palmiers.

Pendant un instant, on oublie que c’est un lieu de culte et on admire l’architecture du monument construit il y a 117 ans. «C’est un monument. L’architecture, c’est difficile à laisser tomber tout ça», laisse tomber la paroissienne Paulette Tessier.

Pour ne pas perdre ce majestueux bâtiment, les paroissiens ont été invités à proposer des solutions pour le maintenir en vie.

L’École Catholique La Source de Moose Creek est affiliée avec l’église. Certains proposent que les conseils scolaires doivent payer le curé pour ses visites à l’école. Ces visites devraient être plus fréquentes aussi, pour promouvoir la foi dans la communauté.

Des campagnes de financement sur les plateformes de financement en ligne pourraient faciliter les dons. On a aussi soulevé que la durée des messes est trop longue.

Ou peut-être qu’elle est ennuyante. «On est allé à une messe en Floride qui a duré 1h10 et on ne s’est pas ennuyé, parce que c’était intéressant, soulève Rhéal Bazinet. Les gens participent, il y a des diaporamas, ce n’est pas comme au 20e siècle.»

On a aussi proposé de procéder à une célébration dominicale sans prêtre, donc dirigés par des croyants. Le salaire du prêtre est alors épargné.

Même après toutes ces idées, ce sont les dons des paroissiens qui feront la différence. «S’il y a encore 18 personnes dimanche prochain, les gens ont parlé, on ferme, dit M. Bazinet. Quand on arrive au bout du rouleau, on ferme.»

Aucune évolution

Alors que la société évolue à un rythme effréné, l’Église semble être encore prise au 20e siècle. «Mes enfants ne vont pas à l’église et mes petits-enfants ne savent même pas ce que c’est. C’est normal, c’est arrivé de même, parce que l’Église n’a pas évolué. On est encore dans les églises de 1935, on n’est pas encore au 21e siècle, remarque un M. Bazinet.»

Fut un temps où Guylaine Théorêt fréquentait l’église chaque semaine. Elle s’y rend moins souvent maintenant, mais elle serait très déçue advenant une fermeture de celle-ci. Ses enfants rentrent dans l’église encore moins souvent. «C’est difficile d’amener les jeunes à l’église. Quand ils étaient jeunes, mes enfants allaient à l’église, mais maintenant c’est plus à Pâques et à Noël», dit-elle.

«Je n’aime pas notre prêtre. Au lieu de nous encourager à venir, il se plaint qu’on ne vient pas. Il est trop strict, il faut moderniser le système», revendique pour sa part Valérie Lemieux.

Pour Mme Théorêt la fermeture de l’église serait une grande perte. «C’est important pour moi que l’église reste. C’est historique, un village pas d’église…», confie l’hygiéniste dentaire du village.

Tout comme Ginette Lemieux. «Ça me ferait de quoi si l’église ferme. J’ai été baptisé là, j’ai eu ma première communion là», dit la propriétaire d’un magasin de robe de mariée.

«Un monument»

Juste à côté de l’église, habite Paulette Tessier, résidente du village depuis 1957. Elle fréquentait l’église deux ou trois fois par semaine jusqu’en 2020. À 89 ans, elle ne peut plus assister aux messes pour des raisons de santé.

Lorsqu’elle assistait aux messes dans les années 1960, 600 personnes se rassemblaient à l’église. Ce chiffre semble tiré d’une autre planète aujourd’hui.

Quand on lui demande comment elle réagirait à une fermeture de l’église, des larmes se mettent à couler. «C’est une perte. Tous les souvenirs, c’est des baptêmes, c’est des mariages. C’est une nostalgie. C’est très difficile à vivre.»

Elle croit que la survie de l’église n’est pas seulement un enjeu pour la mince communauté croyante. Le bâtiment est non seulement magnifique, mais il sert aussi de lieu de rencontre.

«Prends-le comme un monument, dit-elle. [...] Tu les vois tous parler sur le perron de l’église après la messe. La messe est trop longue, mais ils peuvent rester une heure après la messe à jaser.»

«Ce sont des souvenirs joyeux, mais c’est une fin, ajoute sa fille Louise Conway, qui fréquente l’église chaque semaine. C’est un deuil. On dit au revoir à quelque chose qui aurait pu encore vivre.

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Photos

Avec moins de 30 personnes à la messe du dimanche et près de 25 000$ de perte par année, l’église ne peut pas survivre. Seuls les dons des membres de la paroisse peuvent changer la donne. (Charles Fontaine, Le Droit)

Paulette Tessier et sa fille Louise Conway. (Charles Fontaine, Le Droit)

L'église Notre-Dame-des-Anges, à Moose Creek. (Charles Fontaine, Le Droit)

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  • Date de création 7 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 7 novembre, 2022
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