Dunlop juge «irresponsable» de financer une troisième université franco-ontarienne

Le gouvernement Ford a défendu à nouveau sa décision de ne pas financer l’Université de Sudbury, lors de la rentrée parlementaire à Queen’s Park, mardi.

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Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

La ministre des Collèges et Universités de l’Ontario, Jill Dunlop, a assuré que son gouvernement «a fait plus pour l’éducation postsecondaire francophone en Ontario que tout autre gouvernement précédent».

En chambre, la ministre Dunlop répondait aux questions du député néo-démocrate Guy Bourgouin, qui lui a notamment demandé pourquoi elle a refusé de financer l’Université de Sudbury (UdeS), malgré une analyse reluisante de la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CEQAP/PEQAB), qu’elle avait elle-même commandée.

Le gouvernement Ford justifie son refus de financer l’UdeS par le faible nombre d’inscriptions d’étudiants canadiens dans les universités de langue française de l’Ontario au cours des cinq dernières années.

«Au cours des cinq dernières années, les inscriptions [canadiennes] dans les universités d’enseignement de langue française ont diminué de 30% en Ontario. À ce stade, il serait irresponsable de créer une troisième institution», a répondu Jill Dunlop.

Or, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert, a déjà dit et répété que cette réponse était «injuste», puisque l’Université de l’Ontario français (UOF) n’en est qu’à ses premières années d’existence, et l’Université de Hearst est autonome depuis moins de trois ans.

Évaluation approfondie

La ministre a soutenu que «l’Ontario n’a jamais fourni directement de financement à l’Université de Sudbury, car celle-ci n’a jamais été un établissement autonome».

«Mais lorsque les propositions ont été soumises pour faire de l’Université de Sudbury un établissement autonome, notre gouvernement a procédé à une évaluation approfondie et a conclu qu’elles ne reflétaient pas la demande actuelle, les tendances des inscriptions ni la capacité existante des établissements offrant des programmes de langue française en la région du Grand Sudbury».

Le Droit a révélé le 1er février dernier que la province avait déjà dit «oui» au recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, lorsqu’il avait soumis sa première demande de financement, en 2022.

Au début de l’année suivante, celui-ci avait déposé une seconde version de la demande, adaptée au plan d’affaires développé par son institution, et c’est cette demande qui a essuyé un refus, le 30 juin 2023.

Le recteur Miville a dit au Droit qu’il ne savait pas que son projet avait déjà été approuvé par la ministre et soumis au gouvernement fédéral, et que c’était en suivant les conseils du ministère qu’il avait décidé de «retravailler» sa demande après son premier dépôt.

Le ministère des Collèges et Universités réfute les propos du recteur, affirmant de son côté qu’il avait informé l’UdeS que la proposition antérieure avait obtenu le sceau d’approbation de Mme Dunlop, et soutient que l’institution était au courant qu’une nouvelle proposition allait enclencher un nouveau processus de décision.

Guy Bourgouin, aussi porte-parole de son parti en matière de francophonie, a tenté de savoir pourquoi la ministre avait approuvé une première demande de financement de l’Université de Sudbury, avant de refuser la deuxième.

Jill Dunlop n’a pas répondu à cette question.

Elle a toutefois rappelé que c’est son gouvernement qui a permis la création de l’UOF et qui a autorisé l’Université de Hearst à devenir une institution postsecondaire francophone autonome.

Le gouvernement Ford avait mandaté un comité d’experts en enseignement de se pencher sur l’avenir financier du secteur de l’éducation postsecondaire en Ontario.

Dans son rapport Harrison, publié en novembre dernier, le groupe, composé de sept membres, dont un francophone, indiquait que le faible nombre d’inscriptions et le manque de financement adéquat de l’UOF et de l’Université de Hearst posent un problème de viabilité financière.

Le comité a écrit qu’il «doute fort» que ces deux institutions «puissent continuer de fonctionner efficacement en tant qu’établissements indépendants et financièrement viables».

Les recommandations proposées par le groupe d’experts pour répondre à ce problème particulier n’ont pas été soutenues par son seul membre francophone, Maxim Jean-Louis.

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  • Date de création 21 février, 2024
  • Dernière mise à jour 21 février, 2024
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