Du lac Tibbit au lac Reid : à la découverte d'une activité méconnue

S’aventurer sur la route de la rivière Cameron peut s’avérer un véritable périple. Beaucoup décident d’aborder ce défi en canot, mais pas Clémentine Bouche. Son plan : le faire à la nage, et ce, tout en tirant derrière elle un tonneau rempli de matériel et de nourriture dont elle aura besoin pour survivre et camper pendant deux jours, avec des portages entre les deux. Bien que méconnue, cette pratique porte un nom : le swimpacking. Il s’agit d’une activité relativement récente dans le monde du sport d’aventure.

C’est par le biais d’amis de Vancouver que Clémentine a entendu parler pour la première fois du swimpacking. Mais ce n’est que récemment, après avoir déménagé à Yellowknife, qu’elle a décidé de s’y essayer. « En arrivant ici, je me suis dit qu’il y a tellement d’eau que c’est l’endroit idéal. Et puis c’est de l’eau douce parce qu’en eau de mer, ça peut être beaucoup plus irritant pour la peau, surtout au niveau du cou », confie-t-elle à Médias ténois.

Il est vrai qu’il y a beaucoup d’eau autour de Yellowknife et qu’il y a beaucoup à faire : canot, kayak, planche à pagaie. Mais tout ça semble trop facile pour Clémentine. « Je trouve que c’est pas assez fatigant. Je veux pousser un petit peu plus », dit-elle avec l’air le plus naturel du monde.

Clémentine, Française qui vit à Yellowknife depuis environ un an, prévoit de faire sa première expérience dans les prochains jours. Et elle veut le faire seule, en toute autonomie. Cette solitude est importante. Elle veut être coupée du monde, toute seule pendant deux jours. « Je veux me reconnecter avec moi-même, faire ce que je veux, quand je veux, sans compromis, mais quand même avec un but pour avancer », confie l’aventurière.

 

Sa motivation vient non seulement de ce besoin de solitude, mais aussi de ce gout pour l’aventure, le tout allié à la performance sportive et à la soif de découverte.

« C’est très important pour moi de faire un trajet que je n’ai jamais fait, de suivre un peu une carte, d’apprendre enfin à regarder et à connaitre le terrain », explique Clémentine, avant d’ajouter aimer repousser ses limites physiques à cause du côté sportif et de l’activité mentale liée à la solitude. « Enfin, du coup, il y a cet aspect de vaincre ses peurs », ajoute-t-elle.

Ces derniers jours, elle en a parlé à ses amis et certains semblent dubitatifs. « Ils me prennent pour une folle. Ils projettent beaucoup leurs peurs sur moi et ils voient beaucoup d’obstacles », raconte Clémentine. « Mais il n’y en a peut-être pas tant que ça. »

La différence, note-t-elle, c’est la comparaison du canot à la nage : « J’ai du mal à comprendre pourquoi les gens n’ont pas peur si je pars en canot plutôt qu’à la natation. » Il y a également le fait de partir seule. « C’est sûr que s’il m’arrive quelque chose, il faut que je trouve la solution. Mais ce qui m’intéresse aussi c’est de pouvoir un peu repousser mes limites, et de ne pas toujours compter sur quelqu’un d’autre pour résoudre tous les problèmes », explique Clémentine.

Il faut tout de même noter que Clémentine n’est ni présomptueuse ou insouciante. Auparavant, elle a eu peur de nager au-dessus des algues. « Ça m’a terrifié, mais c’est passé. […] Ma plus grande peur, c’est surtout le froid », admet-elle. Elle dit en outre qu’elle a également peur de ne pas voir les portages à temps, « parce que du coup, je risque de me retrouver dans les rapides et ça peut être un peu dangereux ». La troisième crainte est celle d’éventuelles rencontres fâcheuses avec des bêtes. 

Un des objectifs de l’expérience est précisément de vaincre ses peurs et de se dépasser. « Souvent on me demande, mais pourquoi veux-tu repousser tes limites ? Enfin, ça donne un sens à ma vie. J’ai l’impression que ça me permet d’évoluer, de grandir », confie Clémentine.

L’itinéraire fait seize kilomètres de long et est souvent présenté comme une traversée de deux jours pour des canotiers avec une certaine expérience de l’eau vive. Il y a au moins deux rapides qui peuvent s’avérer dangereux. Clémentine veut les éviter : « Là, je suis obligé de porter. »

 

Il y a aussi pas moins de quatre portages, dont le plus long est d’environ 300 mètres. C’est à l’un de ces portages que Clémentine prévoit de passer la nuit, dans un hamac, enveloppée dans une toile pour se protéger des moustiques.

Tout son matériel sera à l’intérieur d’un tonneau en plastique imperméable, exactement le même que l’on emporte lors des excursions en canot. En plus d’être étanche, le tonneau présente un autre avantage : il flotte vraiment bien, assure Clémentine. « Ça m’arrive parfois de tirer un peu la corde et comme ça je me repose sur mon bras. » Ceci est particulièrement utile lorsqu’il y a du vent et qu’il fait plus froid en dehors de l’eau. Elle reste alors dans l’eau pour se reposer.

Clémentine commencera l’aventure au lac Tibbit, à la fin de la route Ingraham, et terminera au lac Reid. Comme elle sera seule, elle prévoit de laisser sa voiture au point d’arrivée et de parcourir à vélo, avec le tonneau sur le dos, plus de dix kilomètres sur la route qui mène au point de départ, de quoi dynamiser encore plus son périple.

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  • Date de création 27 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 4 octobre, 2023
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