Diffusion illégale de photos intimes : plus d’Insulaires victimes

De plus en plus d’images intimes d’Insulaires sont diffusées sur internet sans leur consentement. C’est ce que révèlent de récentes données publiées par Statistique Canada. Si les victimes ne veulent pas aller voir la police, elles disposent d’autres options juridiques.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Se réveiller un matin et découvrir avec effarement une photo ou une vidéo intime de soi sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’une menace bien réelle à l’Île-du-Prince-Édouard.

Le partage d’images intimes d’une personne sans son consentement est bien plus fréquent à l’Î.-P.-É. que dans le reste du pays.

Selon les données de Statistique Canada, entre 2018 et 2022, il y a eu à l’Î.-P.-É. 14,1 cas de partages d’images intimes sans autorisation pour 100 000 habitants. À l’échelle nationale, la moyenne est de 5,6 cas pour 100 000 individus au cours de la même période.

En 2022, la police prince-édouardienne a constaté environ un incident toutes les deux semaines.

«C’est une forme de violence sexuelle, c’est décourageant», réagit Malak Nassar, responsable des publications chez Community Legal Information (CLI), organisme à but non lucratif qui aide les insulaires à naviguer dans le système juridique.

Importance de l’éducation

«C’est pire à l’île, car c’est un petit endroit où tout le monde se connaît, la menace est encore plus terrifiante et traumatisante, poursuit Malak Nassar. Les conséquences sur les victimes peuvent être désastreuses. Elles peuvent se sentir isolées et effrayées.»

Les images sont parfois partagées par un individu avec lequel la victime a eu une relation. L’escroquerie en ligne est également très répandue. Des escrocs obtiennent des photos intimes de leurs cibles et les font chanter.

«Les plus jeunes sont particulièrement touchés, car ils font plus facilement confiance à des inconnus», observe Malak Nassar.

La responsable insiste à cet égard sur l’importance de l’éducation : «C’est essentiel de donner aux jeunes des compétences pour qu’ils utilisent correctement les réseaux sociaux.»

La CLI va bientôt lancer un nouveau programme pour lutter contre la cyber intimidation, avec un volet éducatif à destination des élèves dans les écoles.

Action devant la Cour suprême

Différentes options juridiques s’offrent aux personnes dont des photos intimes ont été partagées sans leur consentement. «Les gens doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls», insiste Malak Nassar.

Si les victimes ne souhaitent pas déposer de plainte auprès de la police, elles peuvent intenter une action civile auprès de la Cour suprême provinciale en vertu de la loi sur la protection de l’image intime.

Le tribunal a la possibilité de prononcer une ordonnance interdisant la diffusion sur internet des images en cause.

«La procédure est toujours anonyme quand il s’agit de mineurs et pour les personnes majeures, c’est la cour qui décide», précise Malak Nassar.

Les victimes peuvent également contacter la CLI. L’organisme a mis en place le programme RISE qui offre de l’aide et de l’information juridique bilingue aux insulaires ayant subi des violences sexuelles.

«Nous pouvons aussi mettre en lien les victimes avec les autres services et ressources communautaires qui existent», relève Malak Nassar.

 

 

 

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Photos

 

Malak Nassar est responsable des publications chez Community Legal Information.

 

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  • Date de création 8 août, 2023
  • Dernière mise à jour 8 août, 2023
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