Deux nouveaux chevaliers à Hearst

Deux des six récipiendaires de la médaille de l’Ordre de la Pléiade de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (Réseau.Presse) pour l’année 2023 sont de Hearst : Claire Forcier et Donald Lemaire. Tous deux ont donné de nombreuses heures afin de faire de leur coin de pays un meilleur milieu de vie pour les francophones.

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Philippe Mathieu

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

«J’étais super surprise. J’ai dit à la madame qui m’a dit ça que je n’ai rien fait — je n’ai pas écrit un livre, je n’ai pas été présidente d’un comité extraordinaire qui prône la francophonie», dit Mme Forcier. 

Pourtant, Mme Forcier a toujours œuvré pour l’éducation, notamment en parlant et en écrivant en français. Elle a été enseignante pendant 35 ans au niveau primaire et a pris sa retraite en 2001. Elle a ensuite été représentante du Centre de consultation en français de l’Université de Hearst pendant 12 ans. 

Elle a tenu ce poste lorsque la 13e année a été éliminée du secondaire, donc l’Université de Hearst accueillait deux cohortes. «Luc Bussières, maintenant le recteur de l’Université, m’avait dit qu’il y avait besoin de quelqu’un pour accompagner les étudiants qui avaient besoin d’aide en français, raconte-t-elle. On m’avait demandé de le faire pour deux ans, le temps que cette cohorte passe, mais enfin, ç’a été 12 ans!», exclame-t-elle en riant. 

C’est dans ce rôle qu’est née une passion pour le français écrit. «C’était vraiment des belles années. […] J’ai beaucoup appris», souligne-t-elle. 

Entre autres, Mme Forcier est réviseure et correctrice pour le journal Le Nord de Hearst chaque semaine, et ce, depuis six ans en tant que bénévole. 

«Les gens autour de moi savent que je veux que le français continue à être bien parlé et bien écrit», mentionne-t-elle. Un thème commun dans chaque poste qu’elle a occupé au fil des ans.

Bénéfolle extraordinaire

Mme Forcier se donne elle-même le surnom de bénéfolle. Elle a passé beaucoup de temps au fil des années à redonner aux autres. Elle a été présidente régionale de la Fédération des femmes canadiennes-françaises «dans les années 1990». «Je ne me souviens pas combien d’années j’ai fait ça», dit-elle.

Plus récemment, elle a participé à un projet parrainé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a été coprésidente du groupe qui avait l’objectif que Hearst soit reconnue comme une ville «amie des ainés». Le projet a duré cinq ans et ils ont obtenu l’accréditation de l’organisation mondiale. 

Il avait huit critères à remplir. «Par exemple, nous avons besoin d’avoir des trottoirs égaux, des bancs le long des sentiers, des parcs. Le dernier critère était de s’assurer qu’on ait assez de logements qui étaient accessibles pour, par exemple, un fauteuil roulant. Finalement, le projet a pu passer. Mme Forcier a aussi œuvré en tant que bénévole importante pendant la pandémie pour la Ville de Hearst, notamment en matière de vaccination de sa population. 

Elle considère par contre que promouvoir le français à Hearst est plus facile que dans d’autres villes et régions du Nord de l’Ontario, où l’anglais est majoritaire.

Donald Lemaire 

Également originaire de Hearst, Donald Lemaire est un chef de file dans le domaine de la santé et de l’éducation postsecondaire.

Diplômé du Collège de Hearst, M. Lemaire a éventuellement quitté la ville pour aller étudier à la Faculté de pharmacie à l’Université de Toronto en 1968. Il a commencé sa carrière de pharmacien à la Pharmacie Desjardins à Ottawa. En 1970, il revient à Hearst pour travailler dans une pharmacie locale et devient éventuellement propriétaire de celle-ci en 1973. Il lui donne le nom de Pharmacie Lemaire. 

Sa raison pour revenir à Hearst était simple : «je voulais devenir propriétaire», indique-t-il. «Mon cœur était toujours ici. J’ai même emmené quelqu’un avec moi, une fille de Gatineau. Nous sommes toujours ensemble après 52 ans.»

En 1976, il est élu conseiller francophone au Conseil de l’éducation de Hearst. Il a ensuite été élu à la présidence du conseil de 1980 à 1985. 

En 1977, il accepte le poste de président des fonds spéciaux par les anciens diplômés et diplômées du Collège de Hearst afin de donner des bourses d’études aux jeunes étudiants. «Je dois m’impliquer», se dit-il à l’époque.

Un de ses grands projets dont il est le plus fier est de servir en tant que président de la Fondation Université de Hearst de 2004 à aujourd’hui. «C’est très important pour moi de m’impliquer à garder notre université francophone dans le Nord de l’Ontario, mentionne-t-il. Ça existe depuis longtemps. La communauté francophone mérite d’avoir une université de langue française dans la région du Nord.»

La Fondation Université de Hearst s’occupe principalement de la gestion des placements afin de «renforcer l’autonomie financière et maintenir le pouvoir décisionnel de l’université tout en réduisant l’exode des jeunes», peut-on lire sur son site web. 

À son avis, l’accès universitaire en français localement est impératif au succès de sa population. En effet, son temps passé au Collège de Hearst l’a aidé à apprendre à devenir un adulte. 

«Si je n’avais pas eu le Collège à Hearst, je ne sais pas si j’aurai eu la chance de faire des études universitaires [à Toronto]. Je viens d’une famille rurale. Les finances n’étaient pas là pour que j’y aille à l’extérieur. Une fois diplômée en 1961, j’ai appris à me débrouiller. À Toronto, je n’ai pas eu l’aide financière de mes parents — j’ai travaillé pendant l’été, j’ai eu des bourses et j’ai eu des emprunts.»

Il souligne qu’une des grandes choses qui a poussé sa carrière de bénévole était son entourage. «C’était motivant de travailler auprès des gens qui s’engagent envers de bonnes causes», affirme-t-il

Les médailles de l’Ordre de la Pléiade de l’Assemblée parlementaire de la francophonie sont remises annuellement à des francophones qui font rayonner la francophonie dans leur milieu. 

Les quatre autres récipiendaires sont Denis M. Chartrand d’Ottawa, Lauraine Côté de Mississauga, Ursule Rondot-Leboeuf de Pointe-aux-Roches (à titre posthume) et l’avocat Mark C. Power d’Ottawa.

 

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Donald A. Lemaire — Photo : Courtoisie

 

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Claire Forcier — Photo : Steve McInnis

 

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  • Date de création 19 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 19 mars, 2023
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