Des zines féministes pour amplifier les voix des femmes

L’organisme Femmes Action Halifax a animé un atelier de création de zines, lors de la Journée internationale des droits des femmes, afin d’encourager les participantes à faire entendre leur voix. 

_______________________

Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Le zine est un type de publication qui a pris ses racines au sein des mouvements féministes, explique l’animatrice Olivia Blackmore, avec pour objectifs d’offrir un espace sûr où s’exprimer, sans contraintes sociales, et de former une communauté fondée sur la solidarité et la diversité.

On y trouve «des idées qui ne vont peut-être pas apparaitre dans les médias traditionnels. C'est une façon de s'exprimer [de manière] non censurée, donc peut-être qu’on va jurer ou mettre des images provocantes. Mais c’est aussi très artistique.»

En commençant par les fanzines des années 30, le médium a attiré l’attention de divers groupes au fil des années et est devenu très populaire dans les années 70, grâce au mouvement punk. Aujourd’hui, il permet aux communautés, souvent marginalisées, de partager leurs perspectives.

Autoédité et autopublié, le zine permet à ces créateurs de véhiculer des messages sociaux, politiques et identitaires très précis. Il permet aussi de refléter les valeurs et la culture de l’époque.

C’est un médium littéraire qui permet d’accomplir des choses que les médias traditionnels ne peuvent pas faire, dit-elle.

«Les grosses publications, les gros journaux comme Toronto Star, The Globe and Mail, National Post, c’est très vieux pis les personnes qui gèrent ces journaux-là, c’est des personnes qui sont habituellement plus vieilles, habituellement des hommes. Donc, en créant des zines, faire quelque chose qui est plus DIY ou publier par toi-même, tu as le droit de dire ce que tu veux dire sans te faire éditer, censurer. C’est juste la forme la plus pure de l’expression personnelle des personnes qui créent les zines.»

«Ça vient pas de gens qui sont pas nécessairement des expertes en journalisme, mais ils vont être vraiment impliqués dans les besoins d’un groupe spécifique dans la ville, par exemple, renchérit Mélodie Jacquot-Paratte, coordinatrice bénévole de Femmes Action Halifax. Ils vont pouvoir justement passer le message d’un point de vue vraiment différent, pis aussi ça peut être d’un point de vue qui pousse à l’action.»

Mme Blackmore précise que le zine, qui inclut normalement des commentaires et des opinions, peut prendre d’autres formes et être journalistique, en incluant des faits et de la recherche.

L’animatrice a une formation en journalisme. Elle a créé sa propre publication lorsqu’elle avait 16 ans, qui comprenait des images qu’elle avait prises et des articles qu’elle avait rédigés. « Le message n’était pas nécessairement politique ou féministe, mais c’était ma voix.»

«Adaptable à ce que tu veux faire»

Le moment tant attendu était arrivé pour Mélodie Jacquot-Paratte afin de mettre sur pied cet atelier de zine. Elle a collecté et récupéré du matériel, incluant des copies de magazines et de journaux, pendant une période de deux ans.

L’art du zine intrigue Mme Jacquot-Paratte depuis qu’elle a visionné le film Riot Girls et appris davantage sur l’histoire des zines féministes. «Je trouvais ça cool de passer un message d’une façon très différente.»

Les Haligoniens peuvent se procurer des zines à divers endroits dans la région de la capitale. Il y a même eu une foire pour les zines en 2019 à la bibliothèque publique du Halifax North Memorial.

«Tout le monde peut y accéder, que tu sois bon en dessin ou que tu fasses du collage, peu importe, dit la coordinatrice. Tu peux en faire un.»

Si tout se déroule bien, elle pourrait refaire l’atelier sous un autre angle. Elle précise par contre que l’atelier était un test pour voir si le zine allait parler aux participantes.

Prendre conscience

Olivia Blackmore souhaite que l’atelier aide les participantes à prendre conscience du pouvoir de leur voix. «On est capable de s’exprimer comme on veut pis on peut choisir qu’est-ce qu’on veut dire dans nos zines, exprime-t-elle. Nos voix sont importantes».

Elle ajoute que le but de l'exercice est aussi de faire comprendre que la créatrice n’a pas toujours besoin de se tourner vers un média pour publier de l’information et qu’elle a la capacité de faire les choses par soi-même.

Natacha Keeley a beaucoup aimé l’atelier de création de zine et ce qu’il offre. «C’est un message que tu peux te donner, pour toi-même, qui est personnel ou pour la société», explique-t-elle.

L’enseignante intègre régulièrement l’art plastique dans la salle de classe. Elle a trouvé fort intéressant de voir des adultes utiliser les mêmes outils pour diffuser des idées.

Ange-Estelle Gnapi-Bla ne connaissait pas les zines avant de venir à l’atelier. Elle a découvert l’histoire de cet art et a réalisé son premier projet lors de la soirée. Elle se voit peut-être un jour réaliser d’autres zines en groupe, selon l’occasion.

Sensibilisation et réflexion

Natacha Keeley et Ange-Estelle Gnapi-Bla ont célébré la Journée internationale des droits des femmes avec leur famille, leurs élèves et leurs amis.

«C’est de [souligner] autant les petites choses de tous les jours comme les petites actions qu’on fait, au fur et à mesure, qui font un impact», commente Mélodie Jacquot-Paratte, et de valoriser le travail des femmes dans tous les domaines.

De son côté, Olivia Blackmore a profité du 8 mars pour se familiariser avec l’histoire de la Journée, qui a un lien étroit avec la grève générale et les manifestations des femmes russes de 1917, à Petrograd.

C’est aussi grâce aux militantes derrière une manifestation américaine, en 1909, pour le droit de vote des femmes, mais aussi au nom de la lutte pour le socialisme et le droit des travailleurs. Elle fut organisée par le Comité national des femmes du Parti socialiste américain.

  • Nombre de fichiers 5
  • Date de création 21 mars, 2024
  • Dernière mise à jour 21 mars, 2024
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article