Des voix s’élèvent pour un Orléans plus accessible aux personnes en situation de handicap

Des défenseurs des droits pour les personnes en situation de handicap à Orléans voient avec scepticisme l’objectif de l’Ontario qui souhaite devenir une province «plus inclusive et accessible d’ici 2025».

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Rebecca Kwan

IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

 

L’Ontario est d’ailleurs «la première province du Canada et l’un des premiers endroits au monde à adopter une loi précisant un objectif et un calendrier pour atteindre l’accessibilité», peut-on lire sur le site Web de la province.

L’ancien président d’une coalition représentant les droits des personnes handicapées, la Ottawa Disability Coalition, Jerry Fiori, est loin d’être optimiste quant à l’atteinte de cet objectif provincial.

Selon lui, la province n’atteindra pas son échéance, car, estime-t-il, «la province et la Ville d'Ottawa n'ont pas consacré suffisamment d'argent et d'efforts aux règlements de la Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (LAPHO) et sa mise en œuvre».

D’après M. Fiori, la Loi est d’ailleurs en partie incomplète. La Loi n'aborde notamment pas «la question des bâtiments, structures et zones existants qui comportent des obstacles qui empêchent les personnes handicapées d'accéder aux espaces publics et privés», dénonce ce dernier.

«Si une grande partie de l’Orléans récent est physiquement accessible, ce n'est pas le cas d'une grande partie de l'Orléans ancien», fait-il remarquer en rappelant que «l'accessibilité physique n'est qu'une dimension», la question des transports, de l'emploi et d'autres aspects de la Loi le préoccupent également.

Logement abordable

La question du logement inquiète en particulier la coprésidente du Réseau des défenseurs de la vie autonome d’Orléans, Gisèle Doyle.

Cette dernière travaille de pair avec d’autres parents dans le but de trouver des logements «sûrs et abordables à Orléans» pour les «enfants adultes ayant des déficiences développementales et/ou neurologiques».

Gisèle Doyle a elle-même un fils qui est atteint d'un trouble du spectre de l'autisme. Ce dernier, qui est aujourd’hui d’âge adulte, reçoit l’aide de différents organismes lui permettant de louer un logement à «loyer inférieur à celui du marché» au centre-ville d’Ottawa. Un travailleur social lui rend visite une fois par semaine et l’aide à faire ses courses et à préparer ses repas.

«Nous avons entre 60 et 70 ans», précise Mme Doyle en parlant d’elle et de son conjoint. «Nous cherchons un logement abordable à Orléans depuis plus de dix ans, car il devient difficile de continuer à l'aider [notre fils] à distance, et nous aimerions qu'il soit plus proche de sa famille élargie et de ses amis, là où il a grandi.»

«Nous avons commencé par solliciter les conseillers municipaux d'Orléans pour qu'ils s'engagent à fournir 25 % de logements abordables dans tous les nouveaux développements», explique Mme Doyle. «Nous avons maintenant formé un petit groupe de parents : le Réseau des défenseurs de la vie autonome d’Orléans».

Ce que Gisèle Doyle souhaite, c’est de «trouver un projet de développement qui serait prêt à fournir environ dix unités de logement abordable à Orléans».

«Nous commençons à solliciter des fournisseurs de soutien qui pourraient s'occuper de nos êtres chers lorsque nous ne pourrons plus le faire.»

Une question de rattrapage

La conseillère municipale du quartier Orléans-Ouest-Innes, Laura Dudas, rappelle pour sa part qu’une «grande partie d'Orléans a été construite il y a plus de 40 ans, alors que la province n'avait pas encore adopté la Loi sur l'accessibilité pour les personnes handicapées de l'Ontario».

«À l'époque, l'accessibilité n'était pas une priorité et ces normes n'étaient pas en place comme elles le sont aujourd'hui», écrit la conseillère qui informe que tout nouveau développement ou projet d'infrastructure doit désormais respecter les normes d'accessibilité.

Laura Dudas reconnaît qu’il «reste encore du chemin à parcourir pour éliminer et réduire les obstacles» et assure que la Ville d’Ottawa «veille à ce que tous les projets de renouvellement du cycle de vie et d'infrastructure, y compris l'amélioration des trottoirs, les passages pour piétons, l'infrastructure des parcs, les sentiers, etc. soient conformes à cette norme».

«Les nouvelles pataugeoires sont accessibles à tous les utilisateurs», donne pour exemple l’élue municipale. «Les terrains de jeu ont abandonné le sable et utilisent des matériaux tels que les copeaux de bois pour améliorer l'accès et les traversées de rue utilisent toutes des abaissements de trottoir», poursuit-elle.

Même les nouveaux sentiers «sont construits selon des normes plus élevées, plus larges et plus uniformes, afin de garantir l'accès à tous», ajoute cette dernière.

La directrice des services de développement pour l’organisme Sonshine, Margo Babe, trouve d’ailleurs que «dans l'ensemble, les premiers pas sont positifs, mais il reste encore beaucoup à faire».

«Le principe de l'accessibilité universelle devrait devenir la norme et non une réflexion après coup, car l'amélioration de l'accessibilité profite à l'ensemble de la communauté», estime-t-elle.

Mme Babe reconnaît néanmoins que plusieurs parcs communautaires à Orléans, dont le parc du centenaire Queenswood Heights, le parc Millennium, et le parc de la Ligue miracle d'Ottawa, «disposent d'une aire de jeux accessible». Elle souligne même que le parc de la Ligue miracle d’Ottawa «possède des toilettes accessibles avec une grande table à langer».

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Margo Babe

Légende : La directrice des services de développement pour l’organisme Sonshine, Margo Babe.

Photo : Gracieuseté de Margo Babe

 

Jerry Fiori

Légende : L’ancien président de la Ottawa Disability Coalition, Jerry Fiori.

Photo : Gracieuseté de Jerry Fiori

 

 

Gisèle Doyle

Légende : Gisèle Doyle copréside le Réseau des défenseurs de la vie autonome d’Orléans.

Photo : Gracieuseté de Gisèle Doyle

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  • Date de création 30 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 30 janvier, 2024
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