Des tapis hookés de Chéticamp seront présentés à Hubbards dès le mois de mai

Du 1er mai au 15 octobre, des œuvres de hookeuses et hookeux de la région de Chéticamp seront en exposition au Musée du tapis hooké d'Amérique du Nord à Hubbards, en Nouvelle-Écosse. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Il s’agit d’une exposition pour faire connaître davantage cet art de Chéticamp, une région connue par plusieurs comme étant la capitale mondiale du hookage de tapis.

Le 16 novembre, une séance d’information a eu lieu à la Place des arts Père Anselme Chiasson afin de demander aux artistes de la région s’ils souhaiteraient contribuer au projet d'exposition.

Lucienne LeFort, l’une des hookeuses en vedette, dit que la rencontre était très intéressante. La salle était remplie d’artistes qu'elle connaissait, mais également d'autres membres de la communauté qui, sans qu’elle le sache, faisaient aussi des tapis hookés.

Mme LeFort est une hookeuse de longue date. Le tapis hooké est un art qu’elle a mis de côté temporairement, raconte-t-elle, mais les discussions autour de l’exposition lui ont vite donné le goût de recommencer son travail et de continuer à pratiquer cet art.

Pour l’exposition à Hubbards, Mme LeFort a fabriqué un tapis de 12 X 12 pouces. Elle est l’une d’une trentaine d’artistes qui ont offert une œuvre de la même taille, chacune confectionnée avec le patron de son choix.

Les hookeuses et hookeurs avaient jusqu’au 1er avril afin de soumettre leur tapis. Jusqu’à présent, on en compte 31.

Le Musée du tapis hooké d'Amérique du Nord sera responsable de la mise en exposition et de la présentation des œuvres. Il y aura également une exposition de ces tapis à Chéticamp cet hiver.

L’avenir du rug hooking

Laura Marie Andrea Sanchini a affirmé dans son travail de thèse, publié en 2018, qu’il reste potentiellement qu’une douzaine d’artisans dans la région. « Au départ, j'avais envisagé cette thèse comme une ethnographie approfondie de la communauté de hookage de tapis à Chéticamp, écrit-elle, mais après mon arrivée à Chéticamp pour commencer le travail sur le terrain, la réalité a été bien différente de mes attentes. »

Elle poursuit : « Il y avait peu de hookeuses et hookeurs de tapis dans les environs et encore moins de personnes intéressées à être interviewées à ce sujet. J'ai eu la chance que plusieurs femmes et hommes acceptent de me parler du hookage de tapis, mais je m'en voudrais de ne pas reconnaître à quel point cette thèse aurait été différente si elle avait été écrite il y a même pas 15 ans, alors qu'il y avait beaucoup plus de tapissiers et beaucoup plus de galeries locales qui vendaient leur travail. »

Mais en 2022, ce portrait a changé. Grâce à la séance d’information pour le projet d’exposition, l’organisatrice Betty Ann Cormier a fini par rencontrer 57 personnes.

Questionnée sur les retombées de l’exposition pour les hookeuses et hookeurs, Mme Cormier a parlé de ce que les gens lui ont dit. « Ils étaient seuls et là il y a un regain d’intérêt, la flamme est rallumée. C’est ça que les gens m’ont dit. Deuxièmement, ils veulent absolument qu’on transmette ça aux plus jeunes. »

Parmi les artistes qui ont fourni un tapis, le plus jeune est Tyler Larade, 22 ans. La hookeuse la plus âgée, Marie-Louise Deveau, a 88 ans.

Mme Cormier mentionne qu’elle visitera l’École NDA quelques fois avant la fin de l’année scolaire pour montrer des œuvres aux élèves. De plus, cet été, elle va donner des cours de hookage de tapis au Conseil des arts de Chéticamps pour les membres du public.

Travail de transmission 

Récemment, le Cape Breton Center for Craft and Design a approché Betty Ann Cormier pour qu’elle anime des discussions communautaires sur le futur du tapis hooké à Chéticamp.

Une rencontre s’est tenue, le 25 mars, avec une vingtaine de personnes pour cibler différentes stratégies en vue d’assurer la transmission du savoir, soit la pratique du tapis hooké, la teinture de la laine, la construction des outils et la promotion.

Les participants étaient très contents de se rencontrer cette journée-là, raconte-t-elle. « Ils m’ont dit que ça n’a jamais été fait avant parce que, lorsqu'ils hookent, ils hookent dans l’isolement. Ils sont toujours seuls à la maison. »

Une chose importante qui est ressortie lors de la rencontre, c’est le désir des hookeuses et hookeurs de se rencontrer plus souvent pour confectionner ensemble et partager des idées et des techniques, notamment celles qui sont en voie de disparition, comme la fleur soulevée, la fleur chavirée et la fleur plate. « Ils ont peur que ça se perde. Ils veulent offrir ça à d’autres. »

Les prochaines rencontres pour ce projet collaboratif auront lieu vers la fin de l’année. « On prévoit de se rencontrer de façon régulière à la fin octobre, pour l’hiver », déclare Mme Cormier.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 21 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 26 avril, 2023
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