«Dès que tu cesses d’apprendre, tu commences à mourir»

«Dès que tu cesses d’apprendre, tu commences à mourir». Cette citation d’Albert Einstein colle parfaitement à Bernard Desjardins. À 63 ans, après trois mois sans emploi, il n’en pouvait plus de rester à la maison.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

«Je vais travailler le plus longtemps possible», affirme le volubile résident de Vankleek Hill.

La recherche d’emploi a cependant beaucoup évolué depuis son entrée sur le marché de l’emploi.

«Je n’ai jamais rédigé de CV de ma vie, souligne M. Desjardins. Dans mon temps, tu te présentais et tu te vendais en nommant tes qualifications. Les paroles, c’est beau, mais il n’y a rien comme l’action.»

Des aînés moins nantis à Prescott et Russell

Il y a un «état d’urgence» en ce qui concerne le revenu des aînés, selon le dernier Plan de sécurité et de bien-être des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR). Plus du quart des personnes de cette tranche d’âge vivent dans la pauvreté et 12,1 points de pourcentage de plus que la moyenne provinciale.

Face à une pénurie de main-d’œuvre qui frappe partout dans la région et à cette pauvreté, le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR) a créé «Retour en force», une initiative qui prévoit l’offre de formations et d’aide aux personnes de 50 ans et plus afin de se trouver un emploi.

Cliniques d’éducation financière, rédaction de CV, atelier sur la technologie et compensations financières pour de l’équipement de travail, on prend vraiment le client par la main.

«Quand on atteint un certain âge et que le vécu est parsemé d’échecs, on perd confiance en nos moyens, évoque la directrice générale du CSEPR, Caroline Arcand. On veut rebâtir la confiance des gens pour les aider financièrement.»

La vieille génération forme une bonne partie de la population de Prescott-Russell, vu l’âge médian des résidents de 44,3 ans qui est plus élevé que la moyenne provinciale.

«Rendu à un certain âge, on n’est plus impressionné par certaines situations, on en a vu d’autres, soutient Mme Arcand. Ces personnes ont du cœur au ventre, de la loyauté, de la ponctualité et une expérience de travail qui leur ont apporté beaucoup de compétences. On a besoin de ces personnes-là dans un milieu de travail.»

La santé mentale avant tout

M. Desjardins était distributeur privé chez Vachon jusqu’au 15 mars dernier. La compagnie Bimbo, qui avait acheté les droits de Vachon, a racheté le contrat de l’employé de longue date. «Le montant était très satisfaisant pour moi, alors j’ai pris ma retraite.»

C’était la première fois depuis son entrée sur le marché du travail qu’il n’était pas au boulot. Il n’avait jamais même pris de vacances. «J’étais en train de grimper les murs, s’exclame-t-il. J’ai une grande gueule, j’ai besoin de parler à des gens et d’être actif. Pour ma santé mentale, je devais travailler.»

Il s’est donc rendu au CSEPR pour avoir de l’aide afin de dénicher un nouvel emploi. Ce petit désir d’être facteur baignait depuis longtemps chez lui. «Je recommande à tout prix le CSEPR, ils m’ont énormément aidé», assure M. Desjardins.

Son nouveau travail lui va à merveille. Ses collègues passent et prennent de ses nouvelles. «C’est le meilleur!», dit l’une d’elles.

«Je trouve ça fantastique de travailler ici, dit le souriant facteur. Ça me fait développer des compétences autres qu’à mon ancien emploi. On ne peut pas arrêter d’apprendre. Mes collègues me font sentir tellement bien.»

Un bébé de 63 ans

Bernard Desjardins à l’air d’un enfant dans un atelier de bricolage. Tous les aspects du bureau de poste l’impressionne. «Ça fait juste cinq semaines que je suis ici et on m’a déjà entraîné dans quatre départements! Voici mon formateur!», pointe-t-il, tout fier.

«Quand j’ai postulé ici, je n’ai même pas demandé mon salaire, ajoute-t-il. C’était vraiment pour sortir de la maison. Tous mes amis sont plus jeunes que moi et je suis le plus bébé de la gang.»

Si l’emploi de facteur ne lui avait pas collé, il aurait trouvé un autre métier. «Si ça ne fonctionne pas ici, ce n’est pas si grave que ça. Il y a moins de stress financier à mon âge. Quand tu es plus jeune, il y a une hypothèque à payer, une voiture, des enfants, etc.»

Il travaille actuellement du lundi au vendredi, de jour, comme sa femme. «C’est dur de dire non quand tu ne travailles pas les soirs ni la fin de semaine.»

L’aîné se plaît également à côtoyer les générations plus jeunes. «J’apporte l’expérience et le savoir-faire des personnes âgées. Toutes les générations ont leurs qualités et leurs défauts. J’apprends beaucoup de la jeune génération ici.»

L’entrevue doit se terminer, son formateur l’attend. Il repart tout heureux, assoiffé de connaissances.

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Photos

Bernard Desjardins a réussi à trouver un nouvel emploi avec l'aide du CSEPR. (Charles Fontaine/Le Droit)

Bernard Desjardins n’en pouvait plus de rester à la maison sans emploi. (Charles Fontaine/Le Droit)

Bernard Desjardins est tout excité dans son métier de facteur. (Charles Fontaine/Le Droit)

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  • Date de création 14 août, 2023
  • Dernière mise à jour 14 août, 2023
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