Des patinoires de Russell… à la LNH?

Ron Albert en avait assez de voir des enfants jouer dans les buttes de neige sale près des arénas, celles créées par les déversements de surfaceuses. Avec l’objectif d’économiser de l’eau, il a donc conçu un modèle de réfrigération au sein d’une surfaceuse pour limiter le gaspillage lors du revêtement de la patinoire. Son idée pourrait bien faire son chemin dans les ligues majeures.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

L’homme originaire de Russell dans l’Est ontarien est un habitué des complexes sportifs. Il a travaillé pendant 31 ans pour la Ville d’Ottawa, en grande partie dans les arénas.

Au fil des ans, il a été choqué de constater toute l’eau municipale utilisée pour refaire la surface de la patinoire. À cela s’est aussi ajoutée l’augmentation aux coûts de location de la location pour du temps de glace. Au bout du compte, il s’est dit qu’en économisant sur l’eau, la Ville pourrait rendre le sport plus abordable pour tous.

«Je voulais que les jeunes aient l’expérience que j’ai eue, raconte-t-il. De pouvoir s’amuser sur la glace sans devoir débourser une fortune.»

Idée unique

En 2012, l’idée d’un système de réfrigération et de réutilisation de l’eau au sein d’une surfaceuse a surgi dans son esprit. Après une recherche dans les bases de données de brevets, il a réalisé que son idée était unique. Il pouvait se lancer à fond dans son projet.

GREINS Environmental Technologies est né.

«La surfaceuse récolte la neige, qui est fondue dans un système de trémie, filtrée, puis l’eau est chauffée à 68°C et remise sur la glace», explique son acolyte, Sam Ho.

En général, les surfaceuses, comme celles de la marque Zamboni, appliquent de l’eau neuve sur la glace, après avoir récolté la neige, qui est jetée. Un tour de surfaceuse sur la glace utilise en moyenne 700 litres d’eau.

«Avec notre système, on économise énormément sur l’eau, vu qu’on remet l’eau qui était à la base sur la glace. On assure la même qualité de la surface de la glace après le processus», relève M. Albert.

Dans l’oeil d’un dragon

Après plus de dix ans à peaufiner son idée, sans vendre un seul système, voilà que ce dernier est appelé à participer à l’émission Dragon’s Den (Dans l’œil du dragon), sur les ondes de CBC.

«Mon collègue a envoyé la demande en retard. La programmation des épisodes était déjà complète, raconte M. Albert. L’équipe de production m’a finalement appelé un jeudi soir pour que je participe au tournage le lundi suivant, à Toronto. Ils voulaient vraiment qu’on présente notre idée à l’émission. Nous avons donc débarqué en plein centre-ville de Toronto avec une surfaceuse remorquée à notre camion.»

Son idée a attiré l’œil de trois des cinq dragons, et c’est l’entrepreneur Wes Hall qui a misé sur son projet. Le propriétaire de QM Environmental, un leader national de services environnementaux et industriels, a été charmé par la valeur écologique du projet.

Les 3,5 millions offerts par l’homme d’affaires vont grandement accélérer le processus de vente de son produit, assure M. Albert.

«On aurait pu y arriver sans l’aide de l’émission, en allant chercher des subventions gouvernementales, mais ça aurait été beaucoup plus long. Il a également les contacts dont nous avons besoin dans l’industrie.»

Son système est maintenant prêt pour la vente, assure le fondateur. Déjà, sept villes et municipalités un peu partout au Canada, dont la municipalité de Russell, ont manifesté leur intérêt. Il reçoit même des demandes des États-Unis et est en contact avec des villes d’Europe pour y importer son système.

MM. Albert et Ho ont l’espace nécessaire pour construire quatre systèmes dans leur petit atelier à Chesterville, au sud de Russell. Une popularité grandissante de leur produit pourrait mener à un déménagement de leurs activités dans un plus grand local, admettent-ils.

«On regarde en Ontario et au Québec, on va prendre la meilleure offre!», s’exclame M. Albert.

Arriver à ses fins

L’inventeur soutient qu’il n’avait aucune expérience en ingénierie ou en machinerie professionnelle avant de créer son système. C’est son instinct manuel qui l’a épaulé dans ses démarches, dit-il.

«Mon père était un machiniste automobile. J’ai grandi en réparant des voitures et divers engins, raconte-t-il. Je regarde un problème manuel et je vais tout faire pour le résoudre. Ce que je retiens de mon père, c’est qu’il y a toujours une manière d’arriver à ses fins.»

À la retraite depuis trois ans, M. Albert se consacre pleinement à son entreprise.

«Ça nous a pris du temps pour arriver à ce point-ci, mais si je veux mettre un produit sur le marché, il doit être prêt à 100%, soutient-il. Ça fait du bien d’être enfin reconnu et de pouvoir contribuer à sauver nos ressources. On va continuer notre recherche afin d’améliorer notre produit.»

Est-ce que cette idée sera adaptée par la Ligue nationale de hockey (LNH)?

«Ça va clairement se rendre à la LNH un jour, je n’ai aucun doute là-dessus.»

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Photos

Ron Albert et Sam Ho construisent des système de réfrigération pour surfaceuse dans leur atelier à Chesterville. (Etienne Ranger/Le Droit)

Le système de Greins économise grandement sur l'eau lors du revêtement de la surface glacée. (Etienne Ranger/Le Droit)

Ron Albert et Sam Ho sont convaincus que leur idée fera son chemin au niveau mondial. (Etienne Ranger/Le Droit)

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  • Date de création 5 janvier, 2024
  • Dernière mise à jour 5 janvier, 2024
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