Des ouragans toujours plus puissants
Depuis la fin des années 1990, les ouragans sont devenus plus intenses et dangereux. Avec le réchauffement climatique, ces événements cycloniques devraient également se déplacer plus lentement et provoquer des dégâts plus importants.
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Marine Ernoult
IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Le 24 septembre dernier, Fiona a causé de très nombreux dégâts matériels à l’Île-du-Prince-Édouard. Classé en catégorie 4, sur une échelle de 5, l’ouragan avait déjà causé sept morts, à Porto Rico, en République dominicaine et en Guadeloupe. Un autre ouragan, Ian, classé lui aussi en catégorie 4, a ravagé la Floride et la Caroline du Nord quelques jours plus tard, provoquant la mort de 107 personnes.
Année après année, les saisons cycloniques n’ont de cesse de battre leurs propres records. 2020 et 2005 ont vu respectivement le passage de quatorze et quinze ouragans dans l’Atlantique Nord, dont sept ouragans majeurs (de catégorie 3 à 5).
Les données enregistrées durant les cinquante dernières années par le Centre national des ouragans américains montrent une nette tendance à l’intensification des événements cycloniques depuis la fin des années 1990. En moyenne, on passe de cinq ouragans par an, toutes catégories confondues, au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990, à près de huit pour les décennies 2000-2010 et 2010-2020.
2017, année record
Le bilan humain et matériel des ouragans est évidemment lié à leur trajectoire et à la force avec lesquelles ils traversent des espaces plus ou moins construits et densément peuplés.
L’ouragan Mitch, en 1998, est le plus meurtrier depuis deux siècles. Ses précipitations extrêmes entraînent des inondations et coulées de boue causant au moins 12 000 morts (et même près de 20 000 en comptant les disparus), principalement au Honduras, au Nicaragua et au Guatemala.
En 2005, Katrina touche la côte de la Louisiane avec une intensité de catégorie 3 provoquant près de 2 000 morts aux États-Unis et des dégâts matériels considérables, estimés à 125 milliards de dollars. La Nouvelle-Orléans est la ville la plus exposée : 80 % de sa surface est inondée durant plusieurs semaines.
La saison 2017 est exceptionnelle avec trois ouragans majeurs : Harvey, Irma et Maria. Maria provoque près de 3 000 morts à Porto Rico et plus de 90 milliards de dollars de dégâts lors de son passage dans les Antilles. Les dégâts matériels pour l’ensemble de la saison sont les plus élevés jamais enregistrés, avec une estimation de plus de 280 milliards de dollars.
Côte est du Canada plus exposée
Avec le réchauffement climatique, les scientifiques ne s’attendent pas forcément à une hausse du nombre de cyclones1, mais plutôt à une augmentation de leur intensité. Les vents seront plus puissants, et les pluies plus intenses en raison notamment de l’augmentation de la température des océans.
Dans leur évaluation publiée en août 2021, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat confirment que les plus gros cyclones seront probablement plus puissants, avec des pointes de vents plus élevées. Un cyclone déjà bien formé puisera bien plus d’énergie pour se renforcer dans une atmosphère humidifiée au-dessus d’océans réchauffés.
Une étude récente suggère également que le réchauffement climatique pourrait avoir tendance, d’ici à la fin du siècle, à ralentir la vitesse de déplacement des cyclones tout en augmentant leur force. Autrement dit, les dégâts devraient être beaucoup plus importants.
Les chercheurs prévoient par ailleurs un décalage progressif de l’activité cyclonique vers le nord au cours de la seconde moitié du siècle, ce qui exposera encore plus la côte est du Canada.
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1- Image : Jan Mallander, Pixabay
2- Photo : Gerhard Lipold, Pixabay
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- Date de création 18 octobre, 2022
- Dernière mise à jour 18 octobre, 2022