Des mennonites de l’Ontario attirés par nos terres agricoles

Des membres de la communauté mennonite de l’Ontario viendront visiter les terres agricoles d’Acadieville au cours des prochains jours dans l’espoir de s’y installer.

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Mario Tardif

IJL - Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

«Une délégation de mennonites arrivera dans la région dans deux semaines», a fait savoir le directeur général de la Com­mission des services régionaux (CSR) de Kent, Paul Lang, lors de la dernière réunion du conseil d’administration.

Une délégation de sept personnes visitera la région d’Acadieville et sera en terre acadienne pendant trois jours.

«C’est une bonne nouvelle. On a hâte de voir si notre territoire va être accueillant pour eux», a exprimé M. Lang lors de cette rencontre.

Un deuxième groupe d’une demi-douzaine de personnes viendra visiter les lieux un peu plus tard, vers la mi-juin.

D’après le directeur général de la CSR de Kent, les mennonites sont intéressés par le territoire d’Acadieville en raison de la proximité des services offerts à Rogersville, entre autres un centre de santé, les banques, épicerie etc.

«Notre avantage, ce sont nos rails, parce que ces gens-là voyagent beaucoup par train», informe la présidente de la CSR et mairesse de Rogersville, Pierrette Robichaud.

Aussi, un grand territoire agricole est disponible dans la région.

Selon Gérard Thébeau, agronome à la retraite, on parle de quelques dizaines de milliers d’acres de terre qui pourraient être ramenées à l’agriculture dans le comté de Kent. Il faudra toutefois débroussailler.

«Avec la machinerie agricole moderne, tu peux ramener de la terre agricole qui a été abandonnée bien des années passées.»

«Ces gens-là, malgré qu’ils sont traditionnels dans leurs méthodes, font souvent appel à des contracteurs locaux pour défricher», affirme l’agronome.

 Un projet de longue haleine

Le 31 mai, un groupe du comté de Kent ira chercher les premiers mennonites qui arriveront par autobus à Campbellton, et les ramènera le 3 juin au même endroit.

Les repas aux visiteurs seront servis au Centre communautaire d’Acadieville. Ils logeront à Xpérience Kouchibouguac où des chambres de motel sont disponibles. Ils visiteront également le secteur de Cails Mills, dans les environs de Bass River.

«C’est un projet sur lequel on travaille depuis quelques années pour revaloriser l’agriculture dans la région, relate le directeur général de la CSRK. Initialement, on misait sur les amish. On voulait développer une relation avec eux, avec un groupe de l’Île-du-Prince-Édouard. Ils nous ont mis en contact avec un groupe en Ontario, qui partage les mêmes intérêts qu’eux.» C’est ainsi qu’a été créé le lien entre les mennonites et les intervenants de Kent.

«Une délégation d’ici est allée en Ontario l’automne dernier pour rencontrer des mennonites», raconte Paul Lang. La délégation du Nouveau-Brunswick a fait connaissance avec des membres du Vieil Ordre menonnite et des mennonites orthodoxes.

«Ils ont de grandes familles là-bas, et le coût des terres est dispendieux, informe le directeur général de la CSRK. Ils cherchent à s’établir ailleurs au pays. Notre région est l’une où ils souhaitent s’installer. Ils vont venir voir le potentiel de la région.»

Un cultivateur de longue date à Acadieville, Donald Daigle, voit le projet d’un bon œil. Il s’intéresse à la main-d’œuvre et à la relève.

«Ils ont de grandes familles et ils savent ce qu’est l’agriculture. On a tellement de terres abandonnées», admet-il.

«Il y a toute une bibliothèque qui a été enterrée», déclare Donald Daigle, en parlant de ses prédécesseurs qui sont décédés sans relève.

«Mes oncles étaient agriculteurs, mon voisin était agriculteur. C’est du monde qui avait de beaux jardins. Cette expertise-là n’a pas été transférée.»

«Mon opinion personnelle, c’est une bonne chose pour nous-autres, dit-il, à propos de l’établissement possible des mennonites. Avec tout ce qui va dans le monde, peut-être qu’un jour, on aura faim. On sera peut-être fiers d’avoir des voisins capables de nous nourrir.»

Agronome à la retraite

L’agronome à la retraite Gérard Thébeau vient lui-même de la région d’Acadieville. Il a vu ce projet évoluer dès ses débuts. Il faisait partie de la délégation qui s’est rendue à l’Île-du-Prince-Édouard pour visiter la communauté amish.

«On a rencontré beaucoup de leurs familles, de leurs connaissances. On a même fait un voyage en Ontario pour mieux les connaître», explique-t-il.

Selon lui, ce sont des gens qui prennent bien soin de leur terre. «Ce ne sont pas des agriculteurs à grande échelle. Donc, c’est parfait pour nous dans le comté de Kent. Nos terrains ne sont pas favorables à l’agriculture de grande échelle parce qu’on a trop de tourbières, on a des collines, des ruisseaux. Nous c’est l’agriculture à petite échelle, comme nos ancêtres», commente Gérard Thébeau.

L’agronome souligne que le comté de Kent a déjà été prospère en agriculture.

«On est bien au courant qu’on a perdu énormément de terres agricoles dû à différents facteurs, incluant l’urbanisation, des gens qui déménagent en ville, et la mondialisation des marchés», affirme-t-il.

Il croit que l’arrivée des mennonites stimulerait l’économie du comté de Kent.

«Ils aideraient à ramener des terres qui ont été abandonnées, ils nous donneraient une source de nourriture dont on a besoin. Comme vous le savez, on n’est certainement pas autosuffisant en nourriture. On pense que ces gens nous amèneraient à devenir plus autosuffisants», atteste Gérard Thébeau.

Il croit aussi que les nouveaux venus pourraient contribuer à la main-d’œuvre locale avec leurs grandes familles.

«Ils travaillent aussi pour d’autres entreprises, et ils pratiquent d’autres métiers», informe l’agronome à la retraite.

Lui et les membres de la CSRK travaillent à faciliter l’établissement de cette main-d’œuvre potentielle.

«On sait qu’on n’est pas les seules communautés qui aimeraient les avoir car ils ont un effet positif sur les communautés», avance M. Thébeau.

«Dans ma région, on avait une ferme dont maintenant on n’a pas de relève agricole. On est dans la même situation que beaucoup d’autres familles, confirme-t-il. J’ai à cœur le projet. J’ai la terre à mon grand-père et j’aimerais bien qu’elle soit ramenée à l’agriculture.»

 Qui sont les mennonites?

Selon l’Encyclopédie canadienne, les premiers mennonites arrivés au Canada, vers la fin du 18e siècle, se sont installés dans le sud de l’Ontario. Aujourd’hui, on compte plus de 200 000 mennonites au pays. Ils ont la particularité de vivre de façon traditionnelle.

Certains, comme le Vieil Ordre amish et le Vieil Ordre mennonite, tournent encore le dos à toute technologie, tandis que d’autres acceptent d’utiliser les machines et les appareils modernes, et de s’intégrer à la vie en société.

Les amish et les mennonites sont des chrétiens qui partagent des racines ancestrales et culturelles communes. La plupart de leurs croyances religieuses sont les mêmes bien que les pratiques et leurs modes de vie diffèrent. Les mennonites sont connus pour être plus ouverts à la technologie moderne et à l’éducation que les amish.

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Photo :

Légende : Le Centre communautaire d’Acadieville est le lieu où les principaux repas seront servis aux mennonites en visite.

Crédit :  Acadie Nouvelle: Mario Tardif

 

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  • Date de création 1 juin, 2022
  • Dernière mise à jour 1 juin, 2022
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