Des éducateurs francophones remettent en question une potentielle 13e année

 

Le 6 mai, le chef du parti libéral ontarien, Steven Del Duca a annoncé que s’il remporte l’élection, il offrira une 13e année facultative, permettant aux étudiants de rattraper les apprentissages perdus lors de la pandémie. Toutefois, des éducateurs francophones remettent en question l’utilité et la faisabilité d’une telle mesure.

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Alexandra Snider 

IJL – Réseau.Presse – Le Goût de vivre

 La pratique de revenir au secondaire après son diplôme pour améliorer son rendement est bien connue dans les écoles. À l’école secondaire catholique Nouvelle-Alliance, selon l’orienteur, Jean Thériault avant la pandémie, il n’y avait pas plus d’un étudiant qui revenait après avoir reçu son diplôme. Toutefois, pour l’année 2021-2022, plus de deux étudiants sont retournés et quelques étudiants finissants discutent déjà d’un retour l’an prochain.

 Incertitude chez les finissants

 

Selon Sylvie Lamoureux, professeure titulaire en éducation à l’Université d’Ottawa, l’incertitude et le stress des finissants sont reliés au manque d’expériences traditionnelles qui marquent la transition au postsecondaire. «Il y a des gens qui n’ont même pas un imaginaire de quoi a de l’air le campus, » dit Sylvie Lamoureux, « on a du mal à imaginer comment on va se trouver. »

Les activités d’orientation à distance n’ont pas le même impact sur les étudiants. « Ils ne sont pas prêts », explique Jean Thériault. « Ils n’ont pas eu la chance de vraiment chercher et de voir ce qui les intéressait. » Par contre, il croit qu’un retour aux activités en présentiel pourrait davantage équiper les élèves et réduire l’incertitude.

Retards scolaires

« Il n’y a pas de doutes, il y a des retards chez les élèves, » affirme Sylvain Ménard, directeur de Nouvelle-Alliance. Il note que les retards principaux sont dans les compétences et les habiletés d’apprentissages. Sylvie Lamoureux explique que ces retards existaient avant la pandémie et posaient des problèmes lors de la transition au postsecondaire. « Les élèves ont besoin d’être très actifs dans leurs apprentissages et il faut se poser la question : est-ce que c’était la meilleure façon d’arriver à la réponse? Est-ce que c’est ma réponse qui compte ou ma réflexion? »

Pour Sylvain Ménard, une année supplémentaire permettrait de bien préparer les étudiants pour le postsecondaire en mettant en place des exercices pour développer leurs compétences. Quant à Sylvie Lamoureux, elle se doute si c’est la meilleure solution. «On ne peut pas rattraper dans un an des pertes d’apprentissages de 3 ans. » Elle croit qu’il faudrait se servir du financement du gouvernement pour identifier les retards des élèves, embaucher plus d’aides-enseignants et créer des services pour aborder les retards.

Défis pour les écoles francophones

Malgré le fait que les critères d’une treizième année de Del Duca ne sont pas clairs à présent, c’est certain que dans les écoles francophones il y aurait des problèmes de capacité, d’aménagement d’espaces physiques et d’embauche d’enseignants. Sylvain Ménard affirme que pour les enseignants du « côté francophone, il y a une pénurie totale à travers la province et je pense même dans plusieurs provinces. »C’est incertain si une plus grande main-d’oeuvre serait disponible en septembre 2022. « Si c’est à la dernière minute, ça crée beaucoup de défis d’organisation de planification », ajoute-t-il. Cependant, avec du temps de planification, les écoles pourront plus facilement surmonter les défis de mettre en oeuvre une treizième année.

Les éducateurs sont d’accord qu’une intervention financière est nécessaire pour appuyer tous les étudiants qui ont subi des retards d’apprentissages, mais une 13e année facultative n’est possiblement pas la meilleure solution.

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 Photos

 Titre : Sylvie Lamoureux Université d’Ottawa

Légende :Sylvie Lamoureux, professeure titulaire et vice-provost associée aux études supérieures et postdoctorales à l’Université d’Ottawa. Sylvie Lamoureux a créé le programme de mentorat à l’Université d’Ottawa suite à son étude sur la transition d’étudiants de secondaires francophones au postsecondaire. Elle étudie actuellement cette transition en temps de pandémie en collaboration avec les conseils scolaires francophones de la province.

Crédit : Anna Jones

 

Titre : Sylvain Ménard NOA

Légende :Sylvain Ménard, directeur de l’école secondaire catholique Nouvelle-Alliance

Crédit : Alexandra Snider

 

Titre : Jean Thériault NOA

Légende : Jean Thériault, orienteur de l’école secondaire catholique Nouvelle-Alliance

Crédit : Alexandra Snider

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 2 juin, 2022
  • Dernière mise à jour 3 juin, 2022
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