Des candidats soucieux de représenter la francophonie

À l’approche des élections provinciales du 29 mai, les candidats francophones Dan Williams, du Parti conservateur uni (PCU), et Marie Renaud, du Nouveau Parti démocratique (NPD), affichent leurs couleurs et dévoilent les priorités qu’ils aimeraient mettre de l’avant s’ils sont réélus en tant que députés.

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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Dan Williams, candidat dans la circonscription de Rivière-la-Paix, met rapidement les cartes sur table : à l’exception de lui-même et de ses frères qui ont étudié à l'école d’immersion française de la maternelle à la 12e année, il n’y a pas «une seule goutte» d’héritage francophone qui coule dans ses veines.

Mais ça ne l’empêche pas de vouloir s’impliquer au sein de la francophonie. En effet, malgré qu’il se soit autrefois considéré «mauvais élève», désenchanté par la «complexité» de la grammaire française, Dan affirme aujourd’hui s’identifier fièrement et «par choix» comme Franco-Albertain. La notion de «choix» est cruciale pour les membres de la minorité linguistique, dit-il.

«En Alberta, je pense que peu importe nos origines, on doit choisir de parler [le] français. Ce n'est pas facile. Il y a des Franco-Albertains de multiples générations qui choisissent de maintenir leur langue en vie et d’autres personnes comme moi qui l’apprennent et choisissent de la [valoriser] au quotidien», explique l’ancien secrétaire parlementaire de la francophonie.

Originaire de Montréal, au Québec, Marie Renaud, candidate à la députation dans la circonscription de Saint-Albert, a un lien d’attachement tout autre avec la langue française. Cependant, depuis que sa famille a déménagé en Alberta, il y a quelques décennies, elle reconnaît, elle aussi, travailler très fort pour maintenir vivante sa maîtrise de la langue.

«Malheureusement, j’ai perdu beaucoup de mon français avec les années», confie-t-elle avant de souligner que cela ne l’empêche pas de s'investir énormément pour soutenir la vitalité de la communauté dans son rôle de porte-parole des enjeux francophones pour le Parti néo-démocrate.

Des priorités multiples pour l’électorat francophone

D’ailleurs, au cours des quatre dernières années de son mandat, la députée s’est engagée activement  à «prendre le pouls» de la communauté franco-albertaine et à mieux comprendre les préoccupations qui lui sont propres. Cette démarche lui a permis de cerner trois dossiers prioritaires : l’éducation, l’accès aux services de santé et l’abordabilité.

Plus récemment, elle a également entamé des discussions avec l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) concernant le nouveau Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028 (PALO). En cas de victoire du NPD, Marie assure qu’un travail collaboratif et coordonné sera mis en place entre l’ACFA, le gouvernement de l’Alberta et le gouvernement fédéral pour garantir le respect des modalités du PALO.

«On sait qu’on a beaucoup de travail à faire. [...] L’ACFA a été claire. On comprend que la communauté francophone continue de s’agrandir et parallèlement à ça que les besoins [en termes] de services ont augmenté», mentionne-t-elle.

Si le NPD est élu, le parti s’engagera notamment à investir des fonds pour attirer davantage de professionnels de la santé francophones capables de «desservir les citoyens dans leur langue», laisse savoir la candidate. En ce qui concerne l'éducation, le Parti néo-démocrate annoncera dans sa plateforme des investissements ciblés pour améliorer les infrastructures des écoles francophones répondant ainsi à un besoin croissant à travers la province.

«Ce [n’est] pas un investissement pour l’immersion ni pour les écoles anglophones. C’est pour les jeunes qui veulent apprendre en français. Et on ne prévoit pas seulement des fonds pour Calgary et Edmonton, car on sait qu’on a besoin d’écoles francophones dans tous les coins de l’Alberta», affirme Marie Renaud.

Elle souligne aussi que lors de ses échanges avec les francophones tout au long de la campagne électorale, plusieurs interlocuteurs ont exprimé leur opposition à la création d’un service de police provinciale, une proposition avancée par le PCU, mais absente de la plateforme actuelle de Danielle Smith. «Les communautés francophones veulent garder la GRC (Gendarmerie royale du Canada). [...] Les agents [fédéraux] sont bilingues, ce qui est important», analyse la candidate dans Saint-Albert.

L’immigration et la croissance économique

Comme il ne travaille plus au sein du Secrétariat francophone, Dan Williams ne s’avance pas sur des engagements aussi précis. Cependant, il souligne l'importance de la création d'emplois et de l'immigration, deux politiques conservatrices qui devraient susciter un réel intérêt au sein de la communauté franco-albertaine.

«On sait que cette idée de croissance est très importante pour les francophones qui cherchent [...] à renforcer leur poids dans la province. D’ailleurs, les Franco-Africains et Franco-Haïtiens donnent énormément d’énergie et de dynamisme à notre francophonie. Au [PCU], on veut continuer de progresser, d’être dynamique et de créer des opportunités d’emplois», explique-t-il.

Même s’il reconnaît que les Franco-Albertains ont des besoins particuliers, comme la protection de leur patrimoine et leur héritage culturel, le candidat dans Rivière-la-Paix fait remarquer que des questions telles que la sécurité publique, l’économie, l’emploi et la santé reviennent fréquemment, indépendamment de l’origine linguistique des électeurs.

«Les Franco-Albertains sont quand même des Albertains. Qu’ils parlent le français, le déné, le tagalog ou l’anglais, les [besoins] demeurent assez similaires.»

Plus d’élus francophones

Marie Renaud exprime son enthousiasme de constater que quatre candidats du NPD parlent la langue de Molière. Elle cite notamment le nom de Fred Kreiner, candidat dans Yellowhead Ouest, un ancien enseignant qui a siégé au Conseil scolaire Centre-Nord et agi à titre de directeur de la pratique au Campus Saint-Jean. «J’ai hâte qu’il soit élu comme député», affirme-t-elle en insistant sur le besoin de faire élire un maximum de voix francophones dans tous les coins de l’Alberta.

«J’espère qu’on sera plusieurs élus dans l’Assemblée à parler en français parce qu’on n'est pas beaucoup en ce moment», ajoute-t-elle. Même son de cloche du côté de Dan Williams qui se sent privilégié de pouvoir interagir activement avec les citoyens de sa circonscription en français. «C’est important, parce que les gens ont vraiment l’impression d’être représentés», signale-t-il.

Il rappelle toutefois que plusieurs députés, même s’ils ne parlent pas couramment le français, s’intéressent à la défense des francophones. «Même si votre député ne parle pas votre langue, il peut quand même vous représenter efficacement. Le plus important, c’est l’intérêt et la volonté de préserver la culture francophone», fait valoir le candidat conservateur.

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  • Date de création 15 mai, 2023
  • Dernière mise à jour 15 mai, 2023
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