Des Acadiens pour une province "loyaliste"

En juin dernier, le Moniteur Acadien a participé à l’assemblée générale de la SANB. Dans ce véritable laboratoire d’idées que sont les forums, il en est une qui fut lancée et qui mérite que l’on s’y intéresse. Boutade, défi, provocation ou tout simplement nouvelle manière de prendre une problématique à l’envers : inciter Blaine Higgs à fonder une province « loyaliste ».

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Il y a cinquante ans, en 1972, des militants Acadiens ont fondé une formation politique pour défendre les intérêts de leur communauté de langue officielle dans les régions francophones du Nouveau-Brunswick. Le Parti acadien (PA) était né. Au cours des trois élections générales qui suivirent (1974, 1978 et 1982), à l’instar du Bloc québécois qui ne présente des candidats fédéraux qu’au Québec, le PA n’eut de candidats que dans les circonscriptions francophones. Il a quitté la scène politique en 1986, mais les idées qu’il avançait au début de son histoire pourraient bien bénéficier d’un regard d’intérêt.

Conseillère municipale de Caraquet, Louise Blanchard a dirigé le Parti acadien de 1980 à 1982. Elle fit partie de ses membres fondateurs. L’élue locale, qui n’a pas sa langue dans sa poche, fait partie de ces pionnières et pionniers qui, il y a un demi-siècle, envisageaient la création d’une province acadienne au sein de la Confédération acadienne. Le rêve initial a tourné court et, dans la deuxième moitié des années 70, le chef Jean-Pierre Lanteigne proposa d’en abandonner l’idée.

Face au désintérêt manifeste ou subreptice de Blaine Higgs pour les droits des francophones, pourrait-elle refaire surface ? Et pourquoi pas d’une façon différente, en l’envisageant sous un angle tout à fait nouveau ? C’est ce qu’a fait Louise Blanchard à Beresford en juin dernier, au cours de l’AGA de la SANB. Elle a suggéré que le tandem Higgs-Austin milite pour la création d’une province loyaliste !

« Higgs gouverne comme si nous n’existions pas, le bilinguisme n’a aucune importance pour lui. Austin, lui, a déjà réclamé une régie de santé bilingue. Ils n’ont pas besoin de nous pour gouverner, donc ils devraient demander pour leur province loyaliste et de cette façon, nous pourrions avoir notre province acadienne », nous a-t-elle précisé après le forum.

Dans l’optique de Mme Blanchard, la province acadienne couvrirait tout le nord d’Ouest en Est, et pourrait descendre jusqu’au Sud-Est par la façade maritime. La région de Miramichi-Chatham qui, selon ses dires, se francise de plus en plus, pourrait en faire partie sans constituer une enclave. Sur le plan administratif, les différents ministères pourraient être idéalement décentralisés entre les municipalités : la culture à Caraquet, les pêches à Shippagan, le développement économique à Dieppe, etc.

Interrogé sur la faisabilité de cette idée, le politologue Roger Ouellette l’a jugée difficilement réalisable. Pour y parvenir, il faudrait modifier la Constitution du Canada et que les deux tiers des provinces, représentant au moins la moitié de la population du pays, soient d’accord. Ce détail technique n’est pas de nature à désarçonner la militante acadienne historique.

« Si aux prochaines élections, le Parti libéral réussit à prendre le pouvoir avec une majorité francophone, c’est sûr que les choses seraient différentes, nuance Louise Blanchard. Mais si la situation ne change pas au niveau gouvernemental, il va falloir que les Acadiens se positionnent clairement. »

 

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Photo

 

Titre : Louise Blanchard

Légende : Pour Louise Blanchard, le Nouveau-Brunswick est déjà divisé en deux. Une province « loyaliste » conduirait de facto à la création d’une province acadienne.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 10 août, 2022
  • Dernière mise à jour 10 août, 2022
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