Dépendance aux drogues: déjà 200 personnes en attente de traitement

Alors que son gouvernement s’apprête à déposer un projet de loi pour forcer certaines personnes à recevoir des soins pour leur dépendance aux drogues contre leur gré, le ministre de la Santé, Bruce Fitch, affirme qu’environ 200 personnes sont déjà en attente pour recevoir ce genre de traitement de façon volontaire.

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Alexandre Boudreau

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle - Atl

 

Le ministre fait savoir qu’il y a plus d’une liste de patients pour ces différents services, comme la désintoxication et la réhabilitation. Tous services confondus, environ 200 personnes sont en attente d’un traitement, et cette attente peut durer de trois à huit mois.

Le gouvernement Higgs s’apprête à déposer, en mai, une «Loi sur l’intervention humanitaire» qui permettrait à des juges de forcer des personnes ayant des cas graves de dépendance aux drogues à subir des traitements contre leur gré.

Lors d’une réunion du Comité permanent des prévisions et de la politique budgétaires, mercredi, le député libéral Rob McKee a demandé au ministre comment il s’attend à répondre au problème d’accès à ces services qui existe déjà alors que ce projet de loi s’en vient.

«J’aimerais savoir comment le ministère et le ministre vont ajouter d’autres gens qui ne veulent peut-être pas cette aide, mais qui en ont besoin, alors qu’on a déjà 200 personnes qui veulent cette aide et qui sont sur une liste d’attente pour trois à huit mois.»

Ce comité se penche sur les dépenses du gouvernement pour l’année à venir, mais le ministre Bruce Fitch n’a pas voulu se prononcer sur le financement qui serait réservé à ce projet de loi.

«On n’en a même pas encore fait la première lecture, donc de demander s’il y a de l’argent ou non dans le budget pour un projet de loi qui pourrait être adopté ou rejeté, c’est tout simplement prématuré», a-t-il affirmé au député.

Il a toutefois affirmé qu’augmenter l’accès à ces services est une priorité de son gouvernement. Le budget contient 7 millions $ pour l’offre de services en santé mentale et en toxicomanie, ce qui comprend le coût de démarrage d’un centre de réadaptation en résidence pour patients hospitalisés de 50 lits.

Il a aussi indiqué qu’il s’agit du dossier de sa collègue Sherry Wilson, ministre responsable des Services de santé mentale et du traitement des dépendances.

Malgré les indications du ministre, il est peu probable que le projet de loi ne soit pas adopté, puisque le gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgs est majoritaire à l’Assemblée, et qu’il n’a normalement aucun problème à faire adopter ses projets de loi en autant qu’il impose la ligne de parti.

Toutefois, la nouvelle «Loi sur l’intervention humanitaire» pourrait potentiellement soulever des problèmes légaux. L’article 9 de la Charte canadienne des droits et libertés prévoit que «chacun a droit à la protection contre la détention ou l’emprisonnement arbitraires.»

Le gouvernement n’a pas expliqué s’il compte esquiver cet obstacle légal, ni comment il compte le faire.

D’ailleurs, en s’adressant à des journalistes mardi, le premier ministre n’a pas écarté la possibilité d’avoir recours à la clause dérogatoire pour protéger son projet de loi de poursuites judiciaires.

Cette clause permet aux gouvernements de déroger à certaines sections de la Charte des droits et libertés.

Kris Austin, ministre de la Sécurité publique, a affirmé que la profession médicale aura le dernier mot sur ce qui constitue un cas de dépendance suffisamment grave pour qu’on force quelqu’un à subir un traitement contre son gré.

 

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Photo : Le gouvernement Higgs s’apprête à déposer, en mai, une «Loi sur l’intervention humanitaire» qui permettrait à des juges de forcer des personnes ayant des cas graves de dépendance aux drogues à subir des traitements contre leur gré. - Archives

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  • Date de création 4 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 4 avril, 2024
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