Démarches pour contrer la pénurie de main-d’œuvre au MIFO

Avant la pandémie, les huit garderies gérées par le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) accueillaient entre 1 400 et 1 500 enfants. En date du 30 septembre dernier, 921 enfants étaient inscrits. Trois cents autres sont sur des listes d’attente. Et ce n’est pas que le MIFO veuille restreindre l’entrée de ses locaux à tous ces jeunes qui n’attendent que de se faire de nouveaux amis.

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André Magny
IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

Tous ces chiffres ont été fournis par le directeur général du MIFO, Arash Mohtashami-Maali. Lui aussi se désole au bout du fil de ne pouvoir en faire plus.  «Et pourtant, nous faisons des efforts pour trouver du personnel. On a augmenté les tarifs des salaires horaires, on a mis sur pied une nouvelle équipe chargée de trouver du monde.» Dans le milieu des garderies comme dans celui de la restauration ou de l’hôtellerie, l’absence de main-d’œuvre fait souffrir.

À tel point que le 14 septembre 2022, les parents qui ont des enfants inscrits au sein du programme parascolaire du MIFO recevaient une lettre de la part de la directrice des services à l’enfance et à la jeunesse, Natalie Périard.

L’Orléanais a obtenu une copie de cette lettre. Celle-ci leur annonçait qu’étant donné la pénurie d’employés, il était «possible que nous soyons dans l’obligation de fermer certains groupes à votre école, de façon temporaire, afin de respecter les ratios et les obligations du ministère de l’Éducation.»

Heureusement, la chose n’a pas eu lieu. M. Mohtashami-Maali tient à préciser que «jusqu’à maintenant, on n’a pas fermé.» Pourquoi? Parce que le personnel dans les bureaux du MIFO est allé donner un coup de main sur le terrain.

Une solution?

Loin de se tourner les pouces, le MIFO y est pourtant allé de ses propositions au gouvernement ontarien. Dans un rapport remis à celui-ci en janvier 2019 et signé de la directrice générale d’alors, Marie-Claude Doucet, on y faisait état d’un projet pilote au sein de l’organisme francophone afin d’enrayer le manque de main-d’œuvre.

On visait alors les jeunes adultes de 16 et 17 ans, «qui sont en pleine exploration des options qui s’offrent à eux pour leur cheminement de carrière», pouvait-on lire dans le rapport.

Il était donc suggéré que le MIFO puisse avoir une dérogation de la part du ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO) concernant la Loi de 2014 sur la garde d’enfants et la petite enfance, «afin d’avoir accès à des candidats âgés de 16 et 17 ans pour travailler dans nos services à l’enfance et à la jeunesse.»

Concrètement, le rapport faisait état de la possibilité pour la direction d’un service de garde d’embaucher «20 % du total de ses employés appartenant à cette catégorie d’âge.»

Dans la réponse que Grace Lee, la porte-parole du ministre de l’Éducation de l’Ontario Stephen Lecce, a fait parvenir par courriel à L’Orléanais, il n’est pas fait mention de ce
20 %.

Bien qu’elle dise reconnaître «le dévouement inlassable du personnel des services de garde d’enfants», du même souffle, Mme Lee s’en réfère à l’Entente pancanadienne sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants, qui prévoit allouer à l’Ontario, 53 millions de dollars pour l’exercice 2022 à 2023 et 218 millions de dollars pour l’exercice 2023 à 2024, pour recruter «des milliers de nouveaux travailleurs, afin de nous assurer que les enfants reçoivent les programmes de haute qualité qu’ils méritent.»

Quant à la Loi sur la garde d’enfants et la petite enfance en Ontario, Grace Lee rappelle que le règlement exige que «les enfants doivent être surveillés par un adulte en tout temps» et que parmi les autres articles de la loi, il est nécessaire que le personnel ait des qualifications acceptables.

Toutefois, Grace Lee mentionne aussi qu’afin «d’offrir de la souplesse dans le recrutement du personnel dans les programmes avant et après l’école, le règlement permet au personnel ayant une qualification autre qu’un diplôme en éducation de la petite enfance (p. ex., diplôme en loisirs ou un travail auprès des enfants et des jeunes ou un enseignant membre de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario) de travailler dans des programmes desservant des enfants de 9 à 12 ans.» Il n’y a toutefois aucune mention concernant spécifiquement les 4-8 ans. La porte-parole du ministre Lecce précise que le gouvernement investit 395 millions de dollars pour s’assurer que les éducatrices et éducateurs pour le groupe d’âge de 6 à 12 ans bénéficient également d’augmentations salariales comme c’est le cas pour les 0-5 ans, car, dit-elle, «le programme de la Canada-wide Early Learning and Child Care (CWELCC) n’offre pas de soutien aux travailleurs ou aux enfants âgés de 6 à 12 ans.»

Cela peut-il suffire à trouver le personnel nécessaire? Le temps le dira. Toutefois, le MIFO n'est pas au bout de ses peines pour l'ensemble de ses services à l'enfance, selon son directeur général. Si le programme canadien pour les garderies mis de l’avant par Justin Trudeau indique que l’Ontario s’engage à « maintenir ou augmenter le niveau actuel de places en garderie autorisées offrant des programmes de langue française et des places autorisées offrant des programmes bilingues pour les enfants âgés de 0 à 5 ans d’ici l’exercice 2025 à 2026 », Arash Mohtashami-Maali rappelle que l’entente pancanadienne exige aussi une baisse de 25 % des tarifs. Une réduction qui plaira aux parents, mais qui compliquera aussi la vie des gestionnaires de garderies si la main-d’œuvre n’est pas au rendez-vous. Pour lui, il ne fait pas de doute qu’il est impératif pour un organisme comme le MIFO de continuer « à travailler avec les gouvernements » pour trouver des solutions.

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Bas de vignette : Le directeur général du MIFO, Arash Mohtashami-Maali. Crédit : Courtoisie du MIFO

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  • Date de création 11 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 11 octobre, 2022
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