Demandes similaires du Collège Boréal et de l’AFO

L’Assemblée de la francophonie (AFO) de l’Ontario et le Collège Boréal nourrissent un espoir similaire après la lecture du rapport Harrison : de nouvelles formules de financement pour le postsecondaire en Ontario. L’appel à la collaboration est également bienvenu, mais les formules de financement doivent justement être changées pour que ce soit une option plus profitable.

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

L’AFO aimerait en fait que la formule de financement pour les établissements francophones — collèges et universités — soit légèrement différente pour y arriver. «Le marché francophone étant différent du marché anglophone, on aimerait voir une formule de financement qui encouragerait beaucoup plus la collaboration, la concertation des partenariats entre les institutions pour vraiment bien répondre aux besoins des étudiantes et étudiants francophones», explique le directeur général, Peter Hominuk.

Il affirme qu’il y a présentement un consensus sur le besoin de collaboration des acteurs de l’éducation postsecondaire en français. «Mais les formules de financement actuelles encouragent la compétition au détriment des partenariats», ajoute-t-il.

Les partenariats peuvent prendre la forme de transfert facile d’un établissement à l’autre pour les étudiants, de partage de cours et de ressources, etc. Avec une formule de financement qui demande un minimum d’étudiants inscrits pour maintenir le financement et un grand nombre pour l’augmenter, l’idée de partage est difficile à mettre en place. 

Le président du Collège Boréal, Daniel Giroux, voit également les collaborations comme un élément critique pour l’avenir du postsecondaire en français. «Je crois qu’il y a de bons modèles nationaux» qui peuvent inspirer l’Ontario. 

«Ce serait le temps de regarder à un modèle collaboratif pour la province de l’Ontario, avec les 10 ou 11 établissements francophones ou bilingues», ajoute le président du Collège Boréal.

Les collèges sur la même longueur d’onde

Daniel Giroux considère que le Rapport sur la viabilité financière du secteur de l’éducation postsecondaire de l’Ontario est une «excellente nouvelle». Il rapporte que les 24 collèges demanderont l’application de certaines mesures dès septembre 2024.

Il remet en perspective que la diminution de 10 % et le gel des frais de scolarité mis en place pour le gouvernement en 2019 représentent une bien plus grande perte de revenus qu’il n’y parait. Avant cette mesure, les collèges de l’Ontario augmentaient les frais de scolarité de 3 % par année. Avec la baisse et le gel, M. Giroux indique que la perte de revenu est aujourd’hui plus de l’ordre de 25 % par rapport à 2018. 

«Depuis 2019 que l’on demande de dégeler les frais de scolarité», ajoute-t-il. Les frais d’inscription dans les collèges étant beaucoup plus bas que dans les universités, M. Giroux considère que la demande n’est pas exagérée. «En 27 ans dans le domaine collégial, je n’ai jamais reçu de plaintes concernant les frais de scolarité des étudiants domestiques.»

Le rapport présente le calcul que le financement par étudiant des collèges de l’Ontario équivaut à 44 % de la moyenne canadienne. M. Giroux considère que ce «n’est pas acceptable». 

Les couts de fonctionnement des collèges ne sont pas nécessairement moins importants que ceux des universités. Pour les formations techniques, ils doivent constamment acheter de nouveaux équipements pour que les étudiants aient une formation qui répond aux besoins et aux connaissances les plus récentes du marché du travail.

Daniel Giroux est également heureux que le rapport relève l’inégalité du financement des étudiants à temps partiel dans les collèges. Les établissements reçoivent environ la moitié moins de financement par cours pour les élèves à temps partiel, alors que le cout de livraison du cours reste le même. 

Une mesure qui décourage les collèges d’offrir des cours à des étudiants qui voudraient suivre des cours d’appoint de perfectionner leurs connaissances tout en restant sur le marché du travail. De plus, cette règle ne s’applique pas aux universités.

Finalement, M. Giroux est également heureux de voir que le groupe d’experts demande une formule de financement différente pour les établissements ruraux et du Nord. «Le cout de livraison est plus cher parce qu’on n’a pas la même masse critique.»

Le  «Par et pour» est non négociable

«Pour nous, ce qui est important, c’est que le gouvernement continu d’appuyer les institutions “par et pour” qui offrent des programmes en français pour leur donner les moyens d’atteindre leur plein potentiel et offrir une programmation de langue française qui est cohérente au marché de l’emploi et des étudiants», indique Peter Hominuk

Le rapport ne mentionne justement pas l’un de ces projets «par et pour» : l’Université de Sudbury. «On est un peu déçu que le rapport n’en fait pas mention en termes d’annoncer une formule de financement, commence M. Hominuk. Mais la communauté continue à vouloir l’Université de Sudbury, elle veut voir l’Université de Sudbury ouverte pour desservir les besoins de la communauté franco-ontarienne, et ce, dans les plus brefs délais.»

Le directeur général espère aussi voir une augmentation du financement encore plus importante pour les établissements francophones.

Dans son communiqué, l’AFO mentionne que «la gouvernance “par et pour” les francophones est non négociable pour la communauté franco-ontarienne».

L’Université de l’Ontario français (UOF) a sévèrement critiqué le rapport la semaine dernière. Dans une lettre de quatre pages, le recteur Pierre Ouellette demande «de retirer la section portant sur le système d’éducation en français de votre rapport, ou au moins de rectifier les faits erronés publiés dans cette section».

Pour l’UOF, le groupe d’experts n’a pas reçu les bonnes informations ou n’a pas compris les particularités et l’histoire de l’éducation postsecondaire de langue française en Ontario. Même si M. Ouellette est d’accord avec le besoin de collaboration pour les établissements francophones, il considère les trois options «irrecevables».

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Le président du Collège Boréal, Daniel Giroux — Photo : Courtoisie

 

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Le campus du Collège Boréal à Sudbury — Photo : Archives Le Voyageur

 

Le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Peter Hominuk — Photo : Archives Le Voyageur

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  • Date de création 29 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 29 novembre, 2023
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