Défendre la planète en équipe

Si les rassemblements peuvent ne durer que quelques heures, ils nécessitent beaucoup d'organisation. Alors que les étudiants créaient des pancartes le 13 septembre dernier, Le Gaboteur est passé à l'atelier tenu à l’Université Memorial pour rencontrer Sophie Shoemaker, un.e des organisateurs.

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Liz Fagan

IJL - Réseau.Presse - Le Gaboteur - ATL

En passant la porte du centre universitaire (UC), la musique s'échappe de la salle et plante le décor d'une révolution qui semble déjà en cours. La chanson «Stand Up for Your Rights» de Bob Marley and The Wailers réchauffe l’esprit de manifestation des jeunes qui ont déjà hâte de s’exprimer.

Les étudiants de tous les âges ont rempli les chaises, chacun ayant un pinceau à la main. Chaque fois qu'un autre bénévole rejoint le groupe, il est accueilli avec enthousiasme. Au fur et à mesure de la soirée, les affiches colorées commencent à prendre forme.


«Il n’y a pas de planète B», pouvait-on lire en anglais sur l’une des pancartes présentant une Terre peinte avec du bleu et du vert éclatants.

L’organisme Fridays for Future (FFF) à St John’s existe depuis 2018, tout comme le mouvement mondial initié par Greta Thunberg. Parmi la foule au UC, Sophie Shoemaker, étudiant.e bilingue en première année et un.e des responsables de l’organisation du groupe à St. John’s, raconte l’histoire du mouvement dans la capitale: «Les gens qui ont commencé cette branche de St. John's à l’école secondaire sont tous dans leur cinquième année à l’Université ou à la maîtrise maintenant.» Cinq ans plus tard, «ils en font toujours partie», confirme-t-iel. Aujourd’hui, le mouvement se poursuit, et avec de nouveaux visages.


C’est Erin Lee, toujours membre, qui a recruté Sophie Shoemaker en tant que bénévole en 2018. «Elle m’a présenté au groupe et je suis toujours là!» Depuis lors, le mouvement étudiant poursuit sa mission avec passion.

Avec des membres plus âgés qui encadrent les plus jeunes, le cercle militant contre le changement climatique se perpétue. L’activiste souligne que le groupe est ouvert pour tous ceux et celles qui souhaitent en faire partie. 

 

Passer le flambeau (électrique) aux jeunes

«Les personnes expérimentées ont créé une communauté pour nous», dit l’activiste, qui continue à faire passer le mot.


Ayant déjà beaucoup accompli depuis le début de son implication dans la FFF, cette année iel s’occupe de la communication avec les médias et de la prise de contact des écoles. «J'ai fait une interview sur NTV, avec The Muse, et je viens d'écrire un article d'opinion pour The Independent. Dernièrement, j'ai contacté les députés provinciaux pour annoncer la manifestation cette semaine, et j'ai participé à la rédaction d'un e-mail au NLESD.» Heureusement, l'Université Memorial ainsi que le conseil scolaire anglophone (NLESD) ont accordé l'amnistie aux jeunes afin qu'ils puissent manifester sans risque de pénalité académique. 

 

Ce n’est pas encore clair si les élèves francophones qui y ont participé vont bénéficier d’une amnistie ou pas. Directrice générale de l’éducation du Conseil scolaire francophone provincial (CSFP), Selena Mell confirme par téléphone le 18 septembre que le CSFP n’était pas au courant du rassemblement.

Enfant d’un enseignant de français, Shoemaker espère engager davantage les personnes d’expression française dans sa cause. «C’est important que ces ressources soient disponibles en français», affirme-t-iel.

«J’ai appris que je peux tout faire si j’ai la motivation. En plus, quand tout le monde se rassemble, tout est possible.» En tant que personne derrière l’organisation du rassemblement cette année, Sophie Shoemaker a beaucoup de confiance dans le groupe de manifestants qui continue de s’élargir. «C’est la plus belle chose que j’ai apprise dans ce mouvement.»

S-titre: Manifestation du 15 septembre

L’après-midi du 15 septembre, la foule a rempli la cour où se trouve la tour de l’horloge de l’université. De nombreux chants résonnaient dans la place par mégaphone pour réchauffer la foule avant qu’elle n’entreprenne sa marche jusqu’à l’édifice de la Confédération. «I want to die of old age, not of climate crisis!», pouvait-on entendre crier en anglais – «Je veux mourir de vieillesse, pas d'une crise climatique!»


La marche jusqu'au sommet de la Prince Phillip Drive s'est arrêtée devant l’édifice de la Confédération, mais les cris se poursuivaient: «When the air we breathe is under attack. What do we do? Stand up, fight back!» – «Quand l'air que nous respirons est attaqué? Que faisons-nous? Se lever, contre-attaquer!» – ou bien «When I say land, you say back. Land! (Back!) Land! (Back!)» – «Quand je dis “reprenez”, vous dites “la Terre”. Reprenez! (La Terre!) Reprenez! (La Terre!)»

Les chants ont été accompagnés par des musiques emblématiques, notamment «My Generation» du groupe rock The Who.

Les animateurs ont saisi l’occasion de faire une reconnaissance de territoire, par laquelle ils ont uni deux causes importantes: l’environnement et les droits territoriaux autochtones.

En juillet, la communauté autochtone de Winnipeg a demandé au gouvernement canadien de rechercher dans la décharge de Prairie Green les dépouilles de Morgan Harris et de Marcedes Myran, deux femmes autochtones assassinées. «Terre-Neuve a organisé un rassemblement similaire pour sensibiliser la population», rappelle Nicolas Keough, par mégaphone - un rassemblement qui a pourtant «attiré moins de monde qu'aujourd'hui.»

«Je trouve ce fait décevant» annonce-t-il.

«Soutenir la cause climatique commence en soutenant la communauté autochtone, point barre,» a-t-il dit, sous les applaudissements et les acclamations de la foule.

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Photo: Etudiants2

Photo: Liz Fagan

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  • Date de création 25 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 27 septembre, 2023
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