De Bordeaux à Thunder Bay

Le parcours de Laïla Faivre fait partie des douze récits qui se retrouvent dans le deuxième tome Autour d’elles, un recueil produit par l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC). Une douzaine d’écrits pour mieux prendre conscience de la contribution de ces femmes venues d’ailleurs et faisant des communautés francophones et acadiennes des collectivités plurielles.

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André Magny

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Si le premier tome en 2021 avait donné la parole à des femmes immigrantes ou issues de l’immigration et vivant leur francophonie en Colombie-Britannique, en Alberta et au Yukon, le deuxième tome s’intéresse à celles qui ont élu domicile en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario.

La directrice générale de l’AFFC, Soukaina Boutiyeb, mentionne au Voyageur que la genèse de ce projet était d’abord «de faire valoir le parcours de ces femmes» par le biais de récits. Pour y arriver, quatre ateliers d’écriture de deux heures chacun ont été mis sur pied et proposés à travers le réseau de l’AFFC, notamment en Ontario. Jusqu’à présent une vingtaine de femmes y ont participé. 

Laïla Faivre est l’une de celles-là. Le récit de Mme Faivre, comme celui de ses consœurs «apporte une image différente» sur le parcours de toutes ces femmes,  selon Mme Boutiyeb. 

Native de la région bordelaise, avec dans ses poches une licence en Droit et Sciences politiques ainsi qu’une maitrise en Géopolitique et Relations internationales de l’Université de Toulouse, elle est d’abord arrivée au Québec en 2016 pour y faire un stage. Bien qu’elle ait apprécié la vie montréalaise, cependant «à la suite des aléas de la recherche d’emploi, j’ai fini par m’installer en 2018 à Thunder Bay, en Ontario», explique dans son texte Laïla Faivre. 

Plus loin, elle mentionne que depuis, qu’elle vit au Canada, elle en a fait du chemin, «accumulant les kilomètres et les déménagements. J’ai vécu de belles expériences professionnelles et personnelles, j’ai eu des problèmes d’argent et d’immigration, j’ai vécu des refus, des acceptations, des rencontres, des séparations, des victoires et de la discrimination…» Là s’arrêtent les récriminations, même si elle est consciente que les femmes doivent mettre les bouchées doubles — «on veut tout bien faire!» —, surtout quand elles sont immigrantes et en plus en milieu minoritaire. «Il y a une forme de violence par rapport à la culture», perçoit-elle à l’occasion.

Foncer pour la communauté

Celle qui travaille à l’université de l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) à titre de coordonnatrice de liaison communautaire a décidé de s’engager passionnément pour sa communauté d’accueil. Présidente du Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones (MOFIF), elle siège au sein de quatre autres organismes : le Club Culturel francophone de Thunder Bay, Centr’Elles ainsi que Novocentre et l’Action des chrétiens contre la torture (ACAT Canada), à titre également de présidente pour ces deux derniers.

Être si active à Thunder Bay a permis à Mme Faivre de sortir de sa coquille pendant la pandémie. C’est aussi une façon pour elle de légitimer son travail au sein de la communauté francophone. «Mon travail sur le terrain permet de prendre parti pour ma communauté.»

Ses liens avec la communauté francophone sont tissés serrés. «Je trouve ça très nourrissant.» Le fait de s’identifier à la francophonie ontarienne lui permet également de ne pas oublier ses origines francophones, autant françaises qu’africaines.

Si elle avait un message à faire aux uns et autres, ce serait de mentionner aux Franco-Ontariens qu’ils doivent travailler ensemble, avec tout le monde, et aux immigrants de se souvenir que les Franco-Ontariens ont lutté pour leur survie.

Et bien que Laïla Faivre ne souhaite pas passer pour un modèle, mais plutôt comme un exemple, ce dont elle est le plus fière, «c’est d’être venue en Ontario retrousser mes manches pour vivre la vraie réalité canadienne. Car ici, contrairement à la France, je suis quelqu’un, je ne suis pas la fille de quelqu’un. C’est la méritocratie ici. On peut gravir les échelons.»

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Outre son poste à l’UEMNO, Laïla Faivre est également membre de cinq conseils d’administration d’organismes francophones à Thunder Bay. — Photo : Jason Lind

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Au centre, Laïla Faivre lors du Franco-Festival de Thunder Bay en 2022. — Photo : Li Ming Yu

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  • Date de création 18 mai, 2023
  • Dernière mise à jour 17 mai, 2023
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