Danica Wells, une illustratrice qui apprend à vivre de son art

Lorsque la pandémie a été déclarée en 2020, Danica Wells n’a pas eu le temps de se tourner les pouces. La crise sanitaire lui a permis de réfléchir à son avenir et de prendre un virage dans sa vie professionnelle afin de poursuivre sa passion : l’illustration. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Mme Wells n’a pas fait d’études en arts visuels. Même si son cœur lui disait de faire de l’art à temps plein, sa tête lui disait de suivre une autre voie. « Au secondaire, mon rêve était de devenir une artiste, mais je me suis dit que ce n’est pas un vrai emploi », confesse l’illustratrice originaire de la communauté de Chezzetcook.

Dans un premier temps, elle pensait devenir archéologue, en espérant pouvoir incorporer « furtivement » son art dans son travail, notamment en esquissant des images de dinosaures destinées aux musées et aux magazines comme National Geographic.

Mais en fin de compte, la vie l’a amené ailleurs. Elle a décidé d'obtenir un diplôme de premier cycle en histoire. Par la suite, elle a enseigné l’anglais au Japon pour finalement revenir en Nouvelle-Écosse afin de se lancer en enseignement.

Son plan était de terminer ses études au printemps 2020 et d’entrer sur le marché du travail, mais la pandémie de la COVID-19 a changé la trajectoire de sa carrière. « Je n'avais pas envie de commencer une carrière en enseignement en pleine pandémie, mentionne-t-elle. Ça aurait été trop stressant pour moi. »

Seule à la maison, sans boulot, ses instincts ont repris leurs droits. Elle s’est mise à peindre et dessiner pour remplir le vide.

Artistes sur le Web

La période de confinement a porté ses fruits. L’illustration maintenant au cœur de son quotidien, Danica Wells s’est demandée s’il est envisageable de vivre de son art. En scrutant les réseaux sociaux, elle est tombée sur des créateurs avec des trucs et astuces pour profiter d’une présence sur Internet.

Boutique en ligne, galeries virtuelles, réseautage. C’est la recette parfaite pour cheminer en tant qu’artiste, découvre Mme Wells qui s’est convaincue qu’il était tout à fait possible d’emboîter le pas des autres artistes qu’elle suit.

Pour commencer, elle s’est fiée à son réseau d’amis et à sa famille. Parmi les demandes spéciales de ses proches, il y avait des illustrations d’enfants ou d’animaux domestiques.

De fil en aiguille, d’autres possibilités se sont présentées, dont la réalisation d’une muraille dans la bibliothèque de l’École du Carrefour, à Dartmouth. « Depuis l’été 2020, j’ai au moins un ou deux projets pour clients à côté, dit-elle. Ça occupe environ la moitié de mon temps et ça couvre la moitié de mes revenus ».

Sa réputation se faisant de bouche à oreille, elle a eu la chance de travailler sur d’autres œuvres dans différentes communautés acadiennes. Elle a réalisé, entre autres, les cartes du jeu de société Le Tour Acadie de L’Acadie de Chezzetcook.

Membre adopté

Questionnée sur la place de l’identité acadienne dans ses œuvres, Danica Wells a précisé que les symboles de l’Acadie se manifestent seulement dans son travail pour ses clients.

Bien qu’elle ait grandi dans la communauté, l’artiste ne s’affiche pas comme Acadienne. « Je me considère comme adopté par la communauté acadienne parce que mes parents ne sont pas de la Nouvelle-Écosse. Nous avons déménagé ici. Je suis allé à l'école dans le système acadien. Je connais bien la culture acadienne, mais je ne suis pas Acadienne. »

Elle raconte avoir eu une enfance particulière. À l’école, Mme Wells était l’une des seules à ne pas porter un nom de famille acadien, ne partageant pas la même culture que ses collègues de classe.

Mais le temps change les choses. « En vieillissant, j'aimerais me considérer comme une Acadienne, avoue l’artiste. J'aimerais attacher mon identité à quelque chose et je trouve que [la culture acadienne] m'a beaucoup influencé. »

Romans graphiques

Danica Wells s’est inspirée du film Pinocchio afin de pondre son premier roman graphique. C’est un rêve d’enfant qui se réalise, mais non sans difficultés.

Lors d’une séance de counselling, son thérapeute lui a suggéré de se lancer un défi. Il lui a dit qu’elle mentionne souvent vouloir faire des bandes dessinées, mais qu’elle n’en publie jamais.

Pour ce faire, Mme Wells se limite à une page par jour et se donne une heure afin d’effectuer son travail. « Je traite le projet comme un carnet de croquis pour m'entraîner avec la narration et le rythme du travail », explique-t-elle.

L’illustratrice précise qu’il s’agit d’une première tentative avant de se lancer dans un projet formel.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 25 janvier, 2023
  • Dernière mise à jour 25 janvier, 2023
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