Cuivre recyclé : plus de 875 000 $ pour la collectivité

Plus de 875 000 $, voilà le montant recueilli jusqu’à présent grâce au recyclage de vieux fils électriques de la mine Diavik, un projet porté à bout de bras et bénévolement par Diane Gionet-Haché depuis 2019.

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Marie-Soleil Desautels

IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon

Dénuder de vieux câbles électriques et en vendre le cuivre sur le marché n’a plus de secrets pour Diane Gionet-Haché, une Acadienne de 67 ans qui vit à Yellowknife depuis 2004. Peu après sa retraite comme opératrice de machinerie lourde chez Diavik, en 2018, elle apprenait que la minière cherchait quelqu’un pour maximiser la valeur de ces câbles inutiles au profit d’œuvres de charité. Celle qui carbure aux défis – comme de fonder une fromagerie avec 200 chèvres ou de pagayer 5 000 km de Yellowknife à Gjoa Haven – s’est portée volontaire.

Elle s’est attaquée au premier conteneur rempli de fils électriques en aout 2019. Elle les a démêlés, sciés, triés, empilés et dénudés, un par un. De quoi remettre, la première année, 94 000 $ à la Yellowknife Women’s Society. Le montant récolté cette année monte à… 314 000 $ !

Ce passetemps hors du commun est vite devenu une passion pour celle qui adore travailler physiquement et aider sa collectivité. En quatre ans, près de 80 tonnes de cuivre ont été recyclées, de quoi ramasser en tout 875 000 $ pour des organismes.

Diane Gionet-Haché, qui rêvait d’atteindre le million avec les ventes de cette année, n’est pas déçue pour autant. « Je suis proche du million, ce sera pour l’an prochain ! », dit-elle au bout du fil, fière et un sourire contagieux dans la voix, alors qu’elle s’apprêtait à pédaler 1400 km en vélo pour une traversée morcelée du Canada.

 

Encore plus de retombées

Si, lors des années précédentes, des proches et des amis ont donné un coup de main à Diane pour dénuder les fils, un projet-pilote a changé la donne en 2022.

« Quand on a réalisé le potentiel à récupérer le cuivre, dit Stephanie Harris, conseillère en relation avec les communautés chez Rio Tinto, l’idée d’un projet-pilote pour continuer et contribuer au changement social a germé. La production à la mine Diavik cessera en 2025 et on veut laisser un héritage positif. »

L’un des programmes existants de la Yellowknife Women’s Society, appelé Common Ground, offre de l’emploi aux personnes sans-abris, sous-employées ou ayant des problèmes de toxicomanie. « On a décidé de faire participer cette population vulnérable, c’est gagnant-gagnant », continue Stephanie Harris, lors d’un entretien Zoom.

Une dizaine d’individus, dont certains ne sont venus que quelques fois, ont ainsi travaillé plus de 2200 heures pendant huit mois, estime Zoe Share, directrice adjointe intérimaire de l’organisme. Les salaires versés ont été remboursés avec la vente du cuivre.

Diane Gionet-Haché les a formés, ravie que le projet crée aussi de l’emploi. « C’était extrêmement valorisant ! », dit-elle.

Selon Stephanie Harris, la valeur de Diane est « déterminante ». « C’est une fonceuse qui a l’énergie d’un jeune de 20 ans et elle fait tout bénévolement. »

 

Un prix pour Diavik grâce à Diane

Les efforts déployés en 2022 par Diane Gionet-Haché et sa petite équipe ont permis de recycler plus de 51 000 livres de cuivre, soit 23 tonnes, et de recueillir 314 000 $. « C’est tellement d’argent ! C’est incroyable ! », dit celle qui a vendu le précieux métal le 22 mars dernier en surveillant le marché. « Le prix était moins bon cette année et plus incertain, car tout le monde dit qu’on s’en va vers une récession. Mais je suis quand même satisfaite. »

Les profits tirés de la vente du cuivre sont désormais versés dans un fonds d’appui communautaire de Rio Tinto. Un comité choisit à quels organismes l’argent est distribué et Diane Gionet-Haché peut faire des propositions. L’Arctic Indigenous Wellness Foundation, le Centre d’amitié de la communauté de Behchoko`, l’Association de snowboard des TNO Ragged Riders, la Banque alimentaire d’Ulukhaktok ou le Centre d’aide aux familles d’Hay River, par exemple, ont bénéficié de milliers de dollars en dons.

Le projet de recyclage de cuivre a d’ailleurs gagné, en mai, le prix d’excellence Vers le développement minier durable de l’Association minière du Canada (AMC). Les représentants du Groupe consultatif des communautés d’intérêts de l’AMC se sont dits impressionnés par le projet qui, en plus d’être un « excellent exemple d’économie circulaire », a permis de soutenir des emplois et de récolter d’importants dons.

Rio Tinto a demandé à Diane Gionet-Haché d’assister au gala, tenu à Montréal. Elle est montée sur scène avec deux cheffes de service de la mine de diamants Diavik. « Ça a été tout un honneur », dit celle qui a permis, grâce à son bénévolat soutenu, à la compagnie de décrocher ce prix.

 

Projet-pilote incertain cet été

Pour cet été, rien n’est encore sûr pour la poursuite du projet-pilote. « On attend le retour de demandes de financement et on manque de personnel à l’interne pour gérer le programme Common Ground », dit Zoe Share. Celui-ci a d’ailleurs dû être mis sur pause cet hiver.

« Rio Tinto est très patient avec nous pendant que nous essayons de ficeler le tout, continue Zoe Share. On a tous un objectif commun : que ça fonctionne et qu’on puisse fournir des employés. »

Diane n’a pas attendu l’arrivée de ces potentiels employés pour s’attaquer à trois autres conteneurs de 40 pieds. Début mai, elle était de retour sur le terrain d’Arctic West Transport, qui lui fournit un emplacement où travailler, pour trier des câbles. Après trois semaines à besogner, elle avait déjà rempli un bac avec l’équivalent de 25 000 $ en cuivre. Elle est ensuite partie pour son voyage en vélo et reprendra son travail bénévole mi-juin.

Une nouvelle et imposante machine pour dénuder les câbles plus efficacement, achetée par Rio Tinto, devrait d’ailleurs être installée à son retour. « J’ai tellement hâte de l’utiliser, s’exclame Diane. On va pouvoir passer de gros câbles dedans, ça va sauver énormément d’ouvrage ! Ça va être sweet sur les lignes ! »

Diane espère de tout cœur avoir de l’aide cet été. « Le projet ne peut pas tomber à l’eau, affirme-t-elle, c’est trop important. Si ça ne fonctionne pas avec la Yellowknife Women’s Society, il va falloir trouver des bénévoles ou un plan B, car toute seule, je viens à bout de souffle ! » Le travail physique demeure éreintant : ce sont des tonnes de fils qui sont manipulées sans cesse !

« Mais tant que j’ai la santé et que je ne me blesse pas, ça va être correct ! », assure celle dont le parcours de vie est assez inusité pour être relaté dans une biographie intitulée Oser : l’audacieux parcours de Diane de Caraquet à l’Arctique.

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Légende : Diane Gionet-Haché et l’un des conteneurs de vieux fils électriques de Diavik.
(Photo : Marie-Soleil Desautels, archives Médias ténois)

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  • Date de création 10 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 10 octobre, 2023
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