CSFP: «Déception et perplexité» face au budget 2024

«Il y a quatre ans, nous avons décidé de nous attaquer ensemble à des problèmes difficiles [...]. Le travail se poursuit et s'étend: logement, réduction de la pauvreté, éducation», a conclu la ministre des Finances, Siobhan Coady, lors de la présentation du budget provincial le 21 mars dernier.

À la suite de la présentation de la ministre, le Conseil scolaire francophone provincial (CSFP) a dénoncé le budget 2024-2025, déclarant dans un communiqué de presse le 21 mars que malgré le titre de ce dernier, Transformer: Notre santé. Notre économie. Notre province, «le budget provincial n’est pas quelque chose qui “appartient à tous” à Terre-Neuve-et-Labrador». Les besoins de différentes communautés, incluant la minorité linguistique francophone, «continuent d’être ignorés et négligés», peut-on lire.

Le budget de fonctionnement alloué au CSFP sera de 9 347 100$ cette année, soit une augmentation d’environ 200 000$ par rapport à l'année dernière. Avec des «grandes demandes» adressées au gouvernement provincial au cours de l'année écoulée, le président du CSFP, Michael Clair, estime que ce budget est tout simplement insuffisant.

L'école Boréale: possibilité d'un recours en justice

«On était très déçus que le gouvernement ne nous ait pas annoncé une nouvelle école ou l'agrandissement de l'école à Happy Valley-Goose Bay», regrette monsieur Clair. Le CSFP milite pour de meilleures infrastructures à l’école Boréale depuis «au moins quatre ans», dit-il.

«Du point de vue des infrastructures, y a des experts nationaux qui nous disent que c'est une des pires écoles de la minorité francophone au Canada», déplore-t-il en ajoutant que le CSFP considère la possibilité de porter l'affaire devant les tribunaux.

«Ce serait notre dernier recours», précise le président. L'école Boréale ne dispose pas de gymnase, de bibliothèque, de laboratoire, ou de cafétéria. Il craint que les élèves et leurs familles considèrent l'offre des écoles anglophones voisines et décident de s'y inscrire à la place de l’école francophone.

Il y a actuellement 28 élèves de la maternelle à la neuvième année à l’école, qui offre un programme jusqu'à la 12e année, mais Michael Clair est sûr qu’il y a d’autres ayants droits dans la région.

«Happy Valley-Goose Bay, c'est un centre de services où il y a des bureaux fédéraux. Il y a une base militaire, il y a des agents de la police montée. C'est une communauté qui est très éveillée, qui attire des gens d’un peu partout. Puis c’est proche du Québec, alors on sait qu'il y a des francophones dans la communauté et ceux-ci méritent une meilleure école du point de vue des infrastructures.»

Le CSFP a déjà commandé une étude d'ingénierie pour l’école Boréale il y a quelques années mais au fil du temps, Michael Clair dit que «tous les coûts de construction ont augmenté». Il souligne pourtant que jusqu'à la moitié des coûts liés à l'agrandissement de l'école pour en faire un Centre scolaire et communautaire, comme le Centre des Grands-Vents à St. John's ou le Centre Sainte-Anne à La Grand'Terre, pourrait être subventionnée par le gouvernement fédéral.

«Depuis le passage de la Charte des droits et libertés, il y a eu beaucoup de jurisprudences à travers différentes provinces qui affectent l'éducation, donc on a déjà une base de données légales [et] réglementaires qui définissent les droits de la minorité francophone. Et je crois que si on allait en cours pour l'école Boréale, les chances sont très bonnes qu'on ait gain de cause.»

Demandes pour son personnel

En plus d’une demande d’expansion de l’école Boréale, à Happy Valley-Goose Bay, le CSFP a de nombreux besoins au niveau de son personnel.

«Nous avions demandé de l'argent pour quatre nouveaux postes au siège social et on nous a accordé ces quatre nouveaux postes là», constate Michael Clair, mais seulement de façon temporaire, précise-t-il. «Qu'est ce que ça veut dire, temporaire, ce que ça veut dire un an, deux ans, cinq ans? Et puis, à la fin de cette période, quelle qu'elle soit, est-ce qu'il faudrait appliquer encore sans avoir de garantie d'avoir ça?», se demande le président.

Le CSFP souhaite que ces postes soient financés de façon permanente pour pouvoir offrir une programmation égale à celle du conseil scolaire anglophone. Monsieur Clair ajoute: «Notre personnel est surchargé, deux de nos employés nous ont annoncé récemment qu'ils quittaient à cause de la surcharge de travail.»

«Il faut absolument corriger ça si on veut avoir un conseil scolaire qui peut faire son travail et où les gens ne sont pas essoufflés, et si on veut continuer dans le futur», dit-il, ajoutant que le CSFP a également demandé au gouvernement provincial des fonds pour effectuer une étude de consultant afin de rendre ses procédures administratives internes plus efficaces. À travers cette consultation, le CSFP veut également prendre ces procédures pour les transformer en politiques permanentes.

«Parce qu'on est une si petite équipe, il faut être très efficace. On ne peut pas gaspiller du temps à tout simplement reproduire des processus», explique-t-il.

Si le CSFP a pu garder ces quatre postes pour une période indéfinie, il souhaite également rassembler son équipe administrative, qui se trouve à l’école des Grands-Vents ainsi qu’à l’école Rocher-du-Nord.

«On a besoin de ces espaces là pour des classes pour les élèves et on a demandé au gouvernement qu'ils nous trouvent un bureau central dans la ville capitale pour tout mettre nos employés du siège social», explique monsieur Clair. «Aucun mot de ça dans le budget.» En fin de compte, le CSFP exige pour ses élèves une éducation équitable par rapport à celle des écoles anglophones.

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  • Date de création 7 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 9 avril, 2024
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