Cornwall: des associations pour garder le fort

Toutes les personnes immigrantes rencontrées lors de ce reportage ont ressenti un amour et un respect lorsqu’elles ont mis les pieds à Cornwall. Certaines ont décidé de former une association pour que les communautés immigrantes puissent se rassembler. 

______________________

Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Aïcha Kapkop, originaire du Cameroun, est arrivée à Cornwall le 7 décembre 2017. Elle ne peut pas l’oublier tellement il avait neigé. Lorsqu’elle est arrivée à son appartement, des gens de la ville l’attendaient. Leur loyer était coloré, décoré. «Je ne peux pas oublier ça, lance Mme Kapkop. 

L’accueil était formidable. Depuis le premier jour, mon mari et moi on s’est senti à l’aise. On pouvait vivre notre religion tranquillement. À l’école des enfants, ils peuvent mettre leur voile et prier à l’école. Ça, pour mon mari et moi, ça nous a beaucoup, mais beaucoup marqués.»

Même si elle remarque qu’il n’y a pas beaucoup d’immigrants à Cornwall, elle observe un amour mutuel entre les différentes langues et cultures. «On apprend à vivre ensemble malgré nos différentes façons de vivre, affirme-t-elle. Je pense qu’à Cornwall il y a de l’amour et de l’harmonie entre toutes les souches de la population. C’est un vrai vivre-ensemble à Cornwall.»

Mme Kapkop avait vécu quelques semaines dans la ville de Québec, mais n’avait pas ressenti ce respect-là pour sa religion.

Elle a tellement embrassé cette harmonie qu’à peine trois ans après avoir élu domicile dans cette ville, elle a cofondé l’Association des Femmes Immigrantes Francophones Cornwall-SDG (AFIF). L’étudiante en infirmerie au St. Lawrence College voulait que les personnes immigrantes, même si elles sont bien accueillies, puissent se rassembler avec des personnes d’une même culture.

L’association travaille à l’épanouissement des femmes et des filles immigrantes, car «il y a des choses entre femmes qu’on ne peut pas dire quand il y a des hommes, mentionne la présidente. On peut dire des choses librement sans avoir peur que quelqu’un nous regarde».

L’AFIF accueille les nouveaux arrivants avec des produits de première nécessité, organise des activités adaptées aux immigrants et s’assure que chacun garde un lien avec sa culture. Il y a entre autres des dîners communautaires où chacun cuisine un plat typique de son pays. «On n’a pas de famille ici, alors on vient créer une famille», dit Aïcha Kapkop.

Connecter par la culture

Également originaire du Cameroun, Calixte Yepseu s’est amené à Cornwall en 2018, après un an passé à Gatineau, sa première ville d’accueil au Canada. Il a été attiré par la caractéristique bilingue de la ville et sa position géographique. L’accueil a été chaleureux et ça se poursuit depuis. À Gatineau, son premier fils a été victime de préjugés et de racisme à l’école, mais à Cornwall c’était l’acceptation, raconte-t-il.

En 2018, il a rejoint l’Association africaine, caribéenne et internationale de l’Est de l’Ontario (ACIAEO), fondée par un petit groupe d’immigrants en 2015. Sauf que M. Yepseu souhaitait élargir les activités pour qu’un plus grand nombre de personnes puissent en bénéficier. Il a été élu président en 2020.

Maintenant, même les personnes natives de la ville peuvent participer aux activités. «Même si la personne n’est pas africaine, elle peut se sentir dans la peau d’un Africain, soutient-il. C’est pour épouser les valeurs de l’Afrique et des Caraïbes.»

L’ACIAEO accompagne les enfants dans leur apprentissage et fait sortir les aînés de leur maison en leur organisant des activités. Ils aident les nouveaux arrivants à s’installer. «La clé de l’intégration est la culture, indique M. Yepseu. Même pour les natifs de la ville, on essaie de les former sur les compétences culturelles, parce que c’est important de pouvoir connaître la culture de l’autre pour pouvoir l’accepter.»

Quand Bernadette Clément a été élue, il a encore plus senti que son peuple pouvait accomplir de grands exploits. «C’était un honneur pour le peuple noir en général, de savoir qu’on peut aussi occuper des positions élevées. C’était un modèle pour encourager les autres noirs à oser.»

Aider ses semblables

Comme disent Aïcha Kapkop et Calixte Yepseu, la population peut bien être clémente avec les nouveaux arrivants, il reste qu’il est difficile de s’adapter dans un nouveau pays.

L’Association des communautés francophones de l’Ontario, de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO SDG) s’acharne également pour que les personnes immigrantes soient installées le plus rapidement possible. L’association les guide vers les différents services qui peuvent les aider selon leurs besoins. «On les prend par la main et on les aide dans leur intégration, peu importe la langue et la culture», explique le président Jean-Yves Lemoine.

Une des manières de les aider est de leur fournir des vêtements. L’ACFO SDG gère une friperie à Cornwall entièrement destinée aux nouveaux arrivants.

Une de ces arrivantes, Espérantine Desardouin, a quitté Haïti pour Cornwall il y a trois mois. Après avoir bénéficié de l’aide de l’organisme, elle est maintenant bénévole à la friperie. «C’est une grande famille. À Cornwall, on se sent chez nous. On a ressenti une chaleur humaine. Nous sommes bien encadrées. J’ai tout ce dont j’ai besoin, grâce à la communauté.»

-30-

Photos

Espérantine Desardouin a émigré d’Haïti pour le Canada il y a trois ans. (Charles Fontaine, Le Droit)

Aïcha Kapkop, cofondatrice de l’Association des Femmes Immigrantes Francophones Cornwall-SDG (AFIF) (Charles Fontaine, Le Droit)

Jean-Yves Lemoine, président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario, de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO SDG). (Charles Fontaine, Le Droit)

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 5 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 5 décembre, 2022
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article