Commission sur l’état d’urgence: la pression monte pour que le gouvernement Ford témoigne

ÉMILIE PELLETIER

 

Dans la foulée de nouvelles révélations faites cette semaine sur la réponse du gouvernement ontarien durant l’occupation du centre-ville d’Ottawa, l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) souhaite que la Commission sur l’état d’urgence appelle le premier ministre Doug Ford à témoigner.

Dans une lettre envoyée jeudi adressée au commissaire Paul Rouleau, l'ACLC soutient que les actions - ou l'inaction - du gouvernement Ford pendant l'occupation méritent d'être examinées sous serment et que la commission devrait appeler le premier ministre Doug Ford et l’ex-Solliciteure générale Sylvia Jones à témoigner «immédiatement».

La Canadian Constitution Foundation et la Coalition d'Ottawa ont aussi signé la lettre.

La lettre considère que les témoignages récents des fonctionnaires de la ville d'Ottawa et du maire d'Ottawa Jim Watson justifient cette demande.

«Nous ne faisons pas cette demande à la légère et espérons que le premier ministre et la Solliciteure générale coopéreront avec la commission s'ils sont appelés», stipule la lettre.

Doug Ford a indiqué qu'il n'a pas été invité à témoigner, et le bureau du Solliciteur général fait savoir au Droit que la province avait remis des centaines de documents liés à l'occupation et avait mis à disposition des «hauts fonctionnaires de l'Ontario» pour être appelés à témoigner.

Les deux principaux partis d’opposition à Queen’s Park exigent aussi que le premier ministre Doug Ford et ses ministres impliqués dans la crise de l’occupation du centre-ville d’Ottawa à l’hiver 2022 puissent témoigner à la Commission sur l’état d’urgence.

Les deux députés néo-démocrates d’Ottawa, Joel Harden et Chandra Pasma, soutiennent que le premier ministre ontarien Doug Ford, l’ex-Solliciteure générale Sylvia Jones et la ministre des Transports Caroline Mulroney «doivent» témoigner à la Commission sur l’état d’urgence.

«Il est devenu de plus en plus clair que lorsqu'Ottawa était assiégée par les occupants du convoi, Doug Ford a tourné le dos à notre ville», ont accusé les députés du NPD dans une déclaration envoyée aux médias cette semaine. 

Harden et Pasma se demandent si l’occupation aurait duré aussi longtemps «si Ford et ses ministres avaient pris au sérieux les demandes du premier ministre Justin Trudeau et du maire Jim Watson».

Avec un plus grand appui du gouvernement Ford, «est-ce que l’occupation aurait pu être interrompue avant même que la Loi sur les mesures d’urgence devienne nécessaire»? Ils se posent la question.

Le NPD aimerait aussi savoir pourquoi le ministère des Transports n’a pas révoqué les permis d’exploitation des véhicules commerciaux lorsqu’il lui a été demandé. 

Explications exigées

Mais surtout, l’opposition officielle exige des explications face au refus du gouvernement ontarien de participer aux rencontres tripartites et à la déclaration de Sylvia Jones, lorsqu’elle affirmait que 1500 agents de la Police provinciale de l'Ontario avaient été envoyés en renfort à Ottawa.

Les libéraux ontariens jugent eux aussi que M. Ford et Mme Jones doivent témoigner devant la commission. 

«Il est inacceptable que le premier ministre et la solliciteure générale n'aient rien fait pour résoudre la situation alors que les résidents estimaient que leur ville n'était pas sécuritaire et que des entreprises ont été forcées de fermer et d'encourir des millions de dollars de pertes», a déclaré le chef par intérim du Parti libéral de l'Ontario John Fraser.

Le député d’Ottawa-Sud accuse le gouvernement ontarien de ne pas avoir demandé de participer à la Commission sur l’état d’urgence, «comme l’ont fait l’Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan». 

Ford «s'est caché»

Dans un appel téléphonique avec le maire Watson le 8 février, le premier ministre Justin Trudeau aurait déclaré que «Doug Ford s'est caché de sa responsabilité pour des raisons politiques [...] et il est important que nous ne les laissions pas s'en échapper, et nous avons l'intention de vous soutenir à cet égard».

Le compte-rendu de cet appel a été présenté devant la Commission sur l’état d’urgence mardi.

La réticence du gouvernement de l’Ontario à s’engager activement pour mettre fin à l'occupation d'Ottawa en février dernier et la «frustration» du premier ministre du Canada et du maire d’Ottawa à cet égard ont fait l’objet de nombreuses discussions à la Commission, mardi. 

Lors de son témoignage, le maire Jim Watson a déclaré que la Ville d’Ottawa a eu du mal à convaincre le gouvernement Ford de l’urgence d’agir pour faire quitter les manifestants du «Convoi de la liberté».

Le refus du gouvernement provincial de participer à la table de concertation tripartite sur l’occupation à Ottawa pour coordonner les efforts politiques a frustré et déçu le maire Watson.

Ce dernier a concédé que Doug Ford lui a souvent offert son appui, mais que cela s’est rarement transformé en gestes concrets.

Le maire d’Ottawa a néanmoins affirmé que malgré des difficultés à convaincre la province de s’engager, «ultimement, le gouvernement de l’Ontario a bien géré la situation, mais ils ont mis beaucoup de temps pour y arriver».

Aux côtés de Justin Trudeau durant une conférence de presse lundi, Doug Ford s'est dit d’accord avec l’utilisation des mesures d’urgence par le gouvernement fédéral et a assuré avoir collaboré étroitement avec les autres gouvernements.

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  • Date de création 20 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 20 octobre, 2022
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