Commissariat aux langues officielles : «Nous sommes très conscients de la situation en Alberta»

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a procédé, le 7 juin dernier, au dépôt de son rapport annuel 2021-2022 au Parlement du Canada, à Ottawa. Il estime que «le gouvernement a aujourd’hui des obligations très claires pour prendre des mesures positives (…) à l’épanouissement des communautés linguistiques en situation minoritaire».
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Mehdi Mehenni

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

En convoquant le jour même une conférence de presse virtuelle, Raymond Théberge a mis en avant l’appui de la population canadienne aux langues officielles, ajoutant que cela «devrait se refléter à des politiques et à des initiatives robustes à tous les secteurs de la société».

«Alors que je poursuis la seconde moitié de mon mandat, j’espère sincèrement que nos dirigeantes et nos dirigeants, que celles et ceux qui exercent une grande influence sur la société canadienne et la fonction publique, se doivent de donner l’exemple et qu’ils comprendront mon message et celui de la population canadienne», a-t-il soutenu dans son propos d’ouverture.

Pour lui, «l’immigration francophone est l’un des secteurs priorisés à l’heure actuelle» et les objectifs fixés en la matière par le gouvernement fédéral «n’ont pas été atteints».

«Si on examine certains des dossiers de cette année, par exemple dans le domaine de l’éducation postsecondaire en milieu minoritaire, on constate que ces institutions ont des besoins importants et qu’il faut être en mesure de pouvoir répondre aux besoins de leurs communautés», a relevé Raymond Théberge à la suite d’une question de la rédaction.

Il n’a pas manqué aussi de rappeler que «par le passé, et dans le domaine de l’éducation, ça a toujours été un effort incroyable pour aller chercher les ressources nécessaires pour l’établissement des écoles».

Ce qu’il suggère aujourd’hui, c'est plutôt «une approche proactive».

En se voulant plus clair, il s’explique : «Si on regarde dans le projet de loi C13 (la Loi modifiant la loi sur les langues officielles) et le jugement rendu en faveur de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique en janvier 2021, on constate maintenant que le gouvernement a des obligations très claires pour prendre des mesures positives pour aider au développement et à l’épanouissement des communautés linguistiques en situation minoritaire».

«Il y a des enjeux locaux qui prennent une dimension nationale»

Par ailleurs, et lors d’une entrevue privée accordée à la rédaction, Raymond Théberge a indiqué que le Commissariat aux langues officielles est «très présent sur le territoire provincial à travers son représentant à Edmonton» et qu’il est «très conscient de ce qui se passe en matière de services en français, de construction des écoles et au niveau du Campus Saint-Jean».

Selon lui, «des fois, il y a des enjeux locaux qui prennent une dimension nationale». Il cite, à titre d’exemple, le secteur de «l’éducation postsecondaire» et fait référence au Campus Saint-Jean et à l’Université de l’Ontario français.

«Nous avons constaté durant la pandémie la fragilité de ces institutions. Et nous sommes très conscients que ce genre de situations locales peuvent très souvent influencer l’élaboration de politiques nationales», ajoute-t-il.

Raymond Théberge qui n’a pas souhaité faire de commentaires sur l’affaire portée en cour entre l’ACFA et le gouvernement Jason Kenney ne cache pas, cependant, son intérêt pour le Campus Saint-Jean.

«Ce qui m’intéresse, c’est de voir jusqu’à quel point il y aura des négociations avec le gouvernement fédéral pour apporter des solutions à la situation étant donné l’importance du Campus Saint-Jean au développement de la communauté francophone en Alberta.»

«Des recommandations très pertinentes» 

Invité à commenter le rapport 2021-2022 du commissaire aux langues officielles, Pierre Asselin, vice-président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), fait plutôt référence au rapport de vigie de la mise en œuvre du Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 (PALO) que le Commissariat aux langues officielles a publié le 18 mai dernier.

«Dans ce document, le commissaire fait une vingtaine de recommandations très pertinentes à notre réalité. Il revient sur des enjeux de consultation, de retards dans la distribution des fonds, de lourdeurs administratives qui ont des impacts sur les organismes communautaires, mais aussi sur le continuum en éducation», souligne-t-il.

Pierre Asselin espère que «ces éléments résonneront dans le cadre des consultations pour le prochain PALO».

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  • Date de création 3 juillet, 2022
  • Dernière mise à jour 3 juillet, 2022
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