CKGN finaliste aux Prix de l’ADISQ : preuve de vitalité communautaire et culturelle

La radio communautaire de Kapuskasing, CKGN, s’est inscrite à la courte liste de finalistes des radios communautaires de l’année — marché régional. Si c’est une radio du Québec qui a finalement obtenu le prix, la nomination est un velours, mais aussi un gage de vitalité culturelle et peut-être même une clé pour attirer la relève, qui se fait de plus en plus rare dans le domaine.

_______________________

Andréanne Joly

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

Déjà, des directions musicales de CKGN avaient été lauréates de Prix des Rencontres de l’industrie : Patrick Coutu en 1997 et Valérie Clairoux en 2002. Mais c’est la première fois que la station en tant que telle est nommée, souligne son directeur général Claude Chabot.

Ça a été une surprise, d’ailleurs. «On fait notre travail comme les autres stations, on communique avec [les agents de promotion des artistes du Québec] régulièrement, on est ouvert à tout, on répond à leurs questions, dit-il au Voyageur. C’est flatteur d’avoir été nominé. C’est l’fun.» 

Le directeur des communications de l’Alliance des radios communautaires, Simon Forgues, voit la nomination d’un bon œil. «C’est un bon encouragement de voir que ses efforts sont reconnus par l’industrie de la musique.» 

Le prix

En effet, les prix sont attribués par l’industrie. La directrice générale adjointe de l’Association québécoise de l’industrie du disque du spectacle et de la vidéo (ADISQ), Lyette Bouchard, explique que de 10 à 20 agents de promotion «qui travaillent au quotidien à promouvoir, à faire entendre la musique québécoise» sont réunis pour l’exercice d’attribution des prix et évaluent les stations. Les jurés mettent des noms au tableau et discutent jusqu’à en arriver à cinq nommés. Puis, ils s’entendent sur qui sera le lauréat. 

«Une station de radio accueillante, qui a envie de faire jouer le contenu québécois, c’est sûr que son nom va circuler autour de la table», indique Mme Bouchard. 

Simon Forgues est heureux qu’une station en situation minoritaire se soit retrouvée sur la liste des finalistes. «La compétition est quand même là», remarque-t-il. À elle seule, «l’ARC du Québec a une trentaine de membres. Dans le privé, il doit y en avoir des chars», illustre-t-il. Il évalue le nombre de stations de radios de langue française en situation minoritaire à une quarantaine : 28 communautaires, quelques stations privées, des stations publiques. 

Un gage de vitalité culturelle

Lyette Bouchard dit sentir «toujours l’engouement, l’intérêt des agents de promotion quand ils parlent des stations “hors Québec”». L’ADISQ, après tout, «fait la promotion du contenu québécois coast to coast to coast». Ces stations font parfois une différence dans la carrière des musiciens de la relève. À l’inverse, «la station francophone est contente de travailler avec des agents de promotion québécois qui vont lui faire connaitre du contenu», ajoute la directrice adjointe.

Pour Simon Forgues, «c’est la preuve qu’il y a une certaine vitalité communautaire et culturelle en français». Il présume que ces stations «mettent beaucoup d’efforts à la promotion des artistes de la francophonie de façon générale», mais remarque aussi que le milieu dans lequel elles gravitent est favorable. 

«Le Nord de l’Ontario [et ailleurs], ce sont des marchés où les conseils des arts font venir pas mal d’artistes. On voit que la radio a une bonne place dans l’écosystème de la chanson et de la musique. Ce n’est pas pour rien que ces stations ont des nominations.»

Une occasion d’attirer la relève 

À quelques jours de la remise des prix, Claude Chabot s’est déplacé à Québec pour prendre part aux Jours de la Radio. En poste depuis 1999, c’est la troisième fois qu’il participe à cet évènement annuel. Il a saisi l’occasion pour assister à des ateliers et rencontrer des collègues de stations qui relèvent des défis semblables à CKGN. Ensemble, ils discutent de financement, mais aussi de la relève. 

«Il y a toujours des étudiants en radio [qui participent aux Jours de la Radio]. Mais malheureusement, il y en a de moins en moins», dit-il. Le Collège La Cité offre un programme de médias numériques ou de journalisme, mais plus de radio. Pour trouver un programme de formation en radio dans un établissement public, «il faut aller au Cégep de Jonquière», à 1100 km de Kapuskasing (en passant par la route 113 dans le Nord du Québec).

La relève est difficile à trouver, réitère-t-il. Dans la dernière année, CKGN a eu trois directeurs musicaux, soulève le directeur général.

C’est peut-être pourquoi il a été surpris lorsqu’il a appris que la station qu’il dirige était pressentie comme radio communautaire de l’année. En l’apprennent, il s’est même demandé : «Est-ce qu’on a fait quelque chose de spécial?» 

En fait, entre deux directions musicales, la direction générale et l’administration ont pris le relai et assuré les suivis avec les agents de promotion. «Ce n’est pas parce qu’il nous manque des employés que le service diminue. On garde le même service et la même qualité, comme si on était full staff

-30-

 

Prix des Rencontres de l’ADISQ

Les finalistes et les lauréats de l’Ontario 

2022 CKGN FM – Kapuskasing Station de radio communautaire de l’année — Marché régional

2008 CINN FM – Hearst : Station de radio communautaire de l’année — Marchés central et régional

2002 * Lauréate : Valérie Clairoux, CKGN — Kapuskasing : Directeur (trice) musical (e) de l’année — Station de radio, marché régional

2000 CINN FM – Hearst : Station de radio communautaire de l’année — Marchés central et régional

1999 Simon Fournier, CINN FM — Hearst : Directeur musical de l’année - Station de radio, marché régional

1997 * Lauréat : Patrick Coutu, CKGN — Kapuskasing : Directeur musical de l’année — Marché régional (stations indépendantes)

  • Nombre de fichiers 1
  • Date de création 16 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 16 novembre, 2022
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article