Chez nous, à Notre-Dame-de-Lourdes

En choisissant le Canada pour leur enfant, Mariela Meza et Carlos Yahez ont fait le grand saut. Mais contrairement à d’autres immigrants, le couple a choisi le rural et plus précisément Notre-Dame-de-Lourdes, à quelque 130 kilomètres au sud-ouest de Winnipeg, dans la région de La Montagne.

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Ophélie Doireau

IJL – Réseau.Presse – La Liberté

 

La décision de quitter leur Chili natal n’a pas été très difficile pour Mariela Meza et Carlos Yahez. « Nous sommes arrivés le 19 décembre 2005, directement de Santiago à Notre-Dame-de-Lourdes. Nous n’avions jamais entendu parler du Manitoba. Avec Carlos, même avant de se connaître, nous avions toujours eu l’idée de quitter le Chili pour un autre pays.

« Carlos avait d’ailleurs essayé de partir pour Montréal grâce à un ami. Ensuite, nous avons eu notre première fille, Sofia Yahez Meza, et nous avons pris contact avec un avocat en immigration au Manitoba. Il est chilien et il cherchait des mécaniciens, la profession qu’exerce Carlos. Prendre la décision de partir a été la plus facile de notre vie. »

La jeune famille se lance alors dans les démarches d’immigration pour venir au Manitoba sans connaître aucune des deux langues officielles. Il leur faudra près d’un an et demi pour obtenir le sésame canadien. « Je ne parlais pas français du tout à part quelques mots comme bonjour, je m’appelle,… J’ai appris en même temps que Sofia lorsqu’elle était à la maternelle. Même l’anglais, c’était très limité, enfin assez pour se faire comprendre, ce qui était l’essentiel », relate la jeune femme en
français.

Malgré leur sésame en poche, Mariela Meza et Carlos Yahez n’avaient pas tout à fait compris leur destination. « C’est l’avocat qui nous avait mis en relation avec un employeur pour que l’on puisse venir au Manitoba. Deux semaines avant qu’on arrive, je commence un peu à regarder le quartier, les écoles, etc. Je pensais qu’on allait vivre sur Avenue Notre-Dame à Winnipeg (rires). Puis quand je parlais à l’avocat pour savoir quelle école était la meilleure, il m’a fait comprendre que c’était Notre-Dame-de-Lourdes (rires).

« Je rigole aujourd’hui. Mais au début, je paniquais. Je voulais savoir si mes voisins seraient proches ou si j’allais être entourée de vaches. Il m’a beaucoup rassurée. »

| Une solidarité

Après leur atterrissage à Winnipeg, Mariela Meza et Carlos Yahez ont très vite compris qu’ils ne seraient jamais seuls dans leur questionnement quant à leur nouvelle vie. « Quand on est arrivés, l’entreprise de Carlos, GDT Transport, avait une maison prête pour nous. Guy Deleurme et sa sœur Roseline sont même venus nous chercher à l’aéroport. Roseline avait amené une petite machine pour traduire, pour qu’on puisse se comprendre. Parce qu’en 2005, il n’y avait pas les mêmes outils qu’aujourd’hui.

« Ils nous ont aidés pour les épiceries et pour tout ce dont on avait besoin. Quand on sortait dans le village, tout le monde connaissait nos prénoms, on avait des propositions d’emploi, les gens essayaient même de nous parler en espagnol. »

Très rapidement Mariela Meza s’est rendue compte que le français serait inévitable dans sa vie quotidienne. « Au début, je ne pouvais pas travailler. J’allais faire du bénévolat à la garderie et quand j’ai eu ma résidence permanente, j’ai travaillé à cette même garderie pendant 14 ans. Ils m’ont aussi offert la formation pour que je sois diplômée à un certain niveau pour m’occuper des enfants.

« J’ai fait beaucoup de connexions à ce moment-là avec des parents. Les enfants m’apprenaient le français. Quand je faisais des fautes, j’étais moins gênée parce que les enfants ne me jugeaient pas.

« Je voulais absolument apprendre le français, tout d’abord pour aider ma fille à l’école. J’ai pris des cours de francisation avec Pluri-elles pendant que Sofia était à l’école. Nous apprenions en même temps, c’était beau. Heureusement, l’espagnol est assez proche du français. Puis après quelques années, toute la famille se sentait francophone. À la maison, on parle espagnol, français et anglais. »

| La question du transport

L’une des difficultés dans cette nouvelle vie a été le transport. En effet, à Santiago, Carlos Yahez et Mariela Meza ne conduisaient pas. Il fallait donc que les deux passent leur permis de conduire au Manitoba. « À Santiago, il y avait les transports en commun. Ici, il faut une voiture pour se déplacer. Au début, je n’avais pas de voiture, nous étions très dépendants des gens pour aller voir des médecins. Une fois, Sofia s’était faite inviter à la fête d’une amie, j’ai appelé et quelqu’un est venu la ramasser.

« À chaque fois que des personnes allaient en ville, tout le monde pensait à nous. Finalement, j’ai passé mon examen de conduite en 2006. Guy nous avait même vendu une voiture. »

Dans cette nouvelle aventure, leur deuxième petite fille est née, Fernanda Yahez Meza. « En 2011, nous avons eu notre petite Canadienne, Fernanda. Elle a appris les trois langues en même temps. C’était un peu difficile pour elle, je pense, au départ. C’était un défi de comprendre la différence entre les langues, il y a d’ailleurs des mots qu’elle ne connaît que dans une langue. Une vraie polyglotte! »

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Photos : 

  • Mariela Meza et Carlos Yahez ont immigré au Canada en décembre 2005. + photo : Marta Guerrero
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  • Date de création 25 août, 2023
  • Dernière mise à jour 25 août, 2023
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