Champdoré ne veut pas être séparée du comté de Kent
Les résidents de Champdoré ne comprennent pas qu’au nom du quotient électoral on veuille les amalgamer à des collectivités majoritairement anglophones situées en bordure de Moncton. Excipant de l’absence de communauté d’intérêts avec celles-ci, ils demandent à la Commission de les laisser dans Kent avec leurs voisins naturels.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
«Nous comprenons que toute carte électorale proposée entraînera une certaine insatisfaction. C’est un résultat inhérent à un exercice de cette nature», a déclaré en guise d’introduction Camille Thériault, coprésident de la Commission sur la délimitation des circonscriptions électorales et la représentation (la Commission), jeudi dernier lors de l’audience publique. Ce qui ne signifie pas forcément que la Commission refusera de revoir sa copie, puisqu’il a ajouté «nous sommes ici pour écouter des commentaires réfléchis sur la façon dont la carte préliminaire pourrait être améliorée afin d’offrir une représentation plus efficace. Soyez assurés que la Commission examinera sérieusement ce que vous avez à dire.»
Les représentants de la nouvelle municipalité de Champdoré ont fait état du sentiment de résistance qu’ont manifesté, à l’égard des nouvelles limites proposées dans le rapport préliminaire, les citoyens ayant assisté à une réunion publique au début du mois. La population locale, principalement rurale et majoritairement francophone, tient à exprimer qu’elle n’a aucun lien avec les communautés d’Irishtown, Lakeville et une partie de Moncton qui sont majoritairement urbaines et anglophones et formeraient avec elle la nouvelle circonscription n022 appelée «Champdoré-Moncton-Irishtown-Lakeville».
Le maire suppléant de Champdoré, Marc Babineau, s’exprimant au nom de son conseil municipal unanimement opposé à ce scénario, a pointé du doigt un risque évident d’assimilation lié au déséquilibre démographique. En effet, selon des chiffres publiés par Statistiques Canada, la population francophone de Champdoré connaîtra dans les prochaines années une croissance trois fois plus faible que celle de ses voisins anglophones en lisière de Moncton.
Monsieur Babineau a également mis de l’avant les nombreuses attaches historiques de sa commune avec le comté de Kent, qu’illustrent les ententes de partenariats et de collaboration actuelles existant entre Champdoré et les autres municipalités desservies par la CSR de Kent.
«Il semble contraire à l’intérêt commun d’extraire Champdoré de son environnement de services et de son espace de collaboration pour l’inclure dans une circonscription électorale provinciale à l’extérieur de sa zone de services», a déclaré le maire-adjoint.
Des profils linguistiques différents
Cet argument fut renforcé par l’intervention d’Éric Demers, de Sainte-Marie-de-Kent, directeur du service des déchets solides à la Commission des services régionaux de Kent (CSRK). Prenant appui sur la récente réforme municipale, il a indiqué que la nouvelle municipalité de Champdoré a été créée avec des communautés d’intérêts qui comprennent Sainte-Marie, Saint-Paul, McKeys Mills, le grand Saint-Antoine et l’ancienne municipalité de Saint-Antoine.
«Cette nouvelle municipalité va être assise à la table de la Commission des services régionaux de Kent pour débattre de sujets et d’enjeux qui vont être traités par la CSRK, que ce soit des services de santé, d’éducation, d’immigration, etc. Or, si on nous met dans la circonscription 22, il faudra que nous levions la main pour demander aux autres d’attendre que nous parlions à notre député pour nous assurer de son soutien dans tel ou tel dossier. Ça va mettre un frein aux projets dans Kent et les ralentir.»
Carla Vautour, originaire d’Adamsville, est une infirmière retraitée qui réside depuis 12 ans à Sainte-Marie. S’appuyant sur les données du recensement de 2021 concernant la langue parlée à la maison, elle observe que le profil linguistique est très différent selon que l’on demeure à Champdoré ou du côté d’Irishtown et de Lakeville. Ceci constitue, selon elle, « une différence inacceptable ».
«Nous appartenons au comté de Kent, nous sommes tellement fiers de notre Expo Kent! s’est-elle exclamée. Géographiquement, vous avez ramassé Champdoré et l’avez arrachée de sa famille de communautés d’intérêts, dont les affinités nous permettent de prospérer et de protéger notre mode de vie. Nous ne voulons pas être séparés de la famille de Kent».
Marc Babineau a conclu son propos en déclarant que le conseil municipal de Champdoré appuie les délimitations proposées par la CSR de Kent (voir ci-contre) qui ont présentées par Paul Lang et donneraient lieu à des circonscriptions de Kent-Nord, Kent-Centre et Kent-Sud. Enfin, il a répondu à l’affirmation de Camille Thériault selon laquelle la Commission prendra en compte les observations formulées, en renvoyant la balle dans le camp des commissaires.
«Nous osons croire que le processus de consultation est authentique et que vous accepterez nos recommandations pour une modification de votre document afin d’inclure Champdoré, dans son entièreté, dans la région de Kent.»
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Photos
Titre : Marc Babineau
Légende : Avec éloquence, le maire suppléant de Champdoré, Marc Babineau, a exposé les arguments du conseil municipal au nom de la communauté.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien
Titre : Éric Demers
Légende : Éric Demers a évoqué les problèmes qui surgiraient en annexant Champdoré à une circonscription majoritairement desservie par la CSR du Sud-Est.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien
Titre : Camille Thériault
Légende : Ancien député de Kent-Sud et coprésident de la Commission, Camille Thériault a affirmé que celle-ci prendrait en considération les objections formulées.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien
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- Date de création 18 janvier, 2023
- Dernière mise à jour 18 janvier, 2023