Chaleur : un printemps record

Plusieurs records de température battus à Yellowknife depuis le début du mois de mai.

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Marie-Soleil Desautels

IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon

Le mois de mai actuel s’enligne pour être le deuxième mois de mai le plus chaud jamais enregistré à Yellowknife. « Du 1er au 15 mai, la température maximale moyenne à Yellowknife a été de 18,3 °C, alors que la normale est de 9,7 degrés pour le mois », dit Jim Prime, météorologue chez Environnement Canada.

« Même si on est juste au milieu du mois, c’est déjà très, très chaud par rapport à la normale », ajoute-t-il. Dans les deux premières semaines seulement, neuf records de température, maximale ou minimale, ont été battus dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest, selon les données fournies par le météorologue.

Le mois d’avril a également été plus chaud que la normale à Yellowknife, après un mois de mars qui, lui, était plus froid. Les données météorologiques pour Yellowknife remontent à 1943 ; le mois de mai le plus chaud a été enregistré en 1973, avec une température maximale moyenne de 16,6 °C.

 

Pourquoi cette chaleur ?

Qu’est-ce qui explique cette chaleur, qui touche le territoire, mais aussi des provinces au sud, comme l’Alberta ? « Une crête atmosphérique s’est installée au-dessus des Prairies », répond le météorologue Jim Prime. Cette zone de hautes pressions, continue-t-il, empêche les anticyclones et les dépressions d’alterner plus ou moins chaque semaine, comme ces systèmes le font d’habitude. À cause de la crête, l’air s’enfonce et se réchauffe pendant une longue période, car il y a peu de nuages, peu de mouvements d’air et beaucoup de soleil.

S’il est normal d’observer des crêtes atmosphériques plusieurs fois par année, nous faisant vivre des températures très froides en hiver ou des vagues de chaleur en été, que cela se produise en mai et « dure aussi longtemps est rare », affirme Jim Prime.

« C’est anormal, en mai. On a battu plusieurs records de chaleur dans le Nord et aussi en Alberta ou en Saskatchewan. »

C’était, par exemple, le cas à Hay River, le 3 mai dernier. Une température de 31 °C y a été observée, battant le record de 27,2 degrés établi en 1898. À Hay River seulement, six nouveaux records de température ont été établis dans les deux premières semaines de mai.

Si les températures chaudes dues à la crête ne peuvent pas être associées aux changements climatiques, les recherches indiquent que ce « genre d’évènements peut arriver plus fréquemment et être plus intense », rappelle le météorologue chez Environnement Canada. Il est par ailleurs largement reconnu par la science que l’Arctique se réchauffe plus vite que le reste de la planète.

La crête atmosphérique augmente aussi le risque d’incendie de forêt, car il y a peu ou pas de précipitations, tandis que la chaleur assèche l’environnement. De quoi désavantager le combat contre l’incendie de forêt près de Hay River, déclenché le 14 mai et probablement d’origine humaine. Les autorités ténoises avaient d’ailleurs annoncé, le 4 mai, s’attendre à une saison « extrême » d’incendies de forêt.

La chaleur et la sècheresse ont également poussé les autorités de Yellowknife à interdire les feux de camp dans les limites de la municipalité dès le 19 mai.

Selon le météorologue, les conditions dues à la crête vont « probablement continuer jusqu’à la fin de ce weekend. On en a encore pour quelques jours de chaleur. »

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Photos

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Légende : Environ 10 % des incendies de forêt aux Territoires du Nord-Ouest sont causés par l’activité humaine d’où l’importance, entre autres, d’éteindre complètement ses feux de camp. (Photo : Marie-Soleil Desautels)

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  • Date de création 10 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 10 octobre, 2023
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