«C’est épeurant»: la fumée s’invite en Ontario

Par Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit|6 juin 2023

La fumée des incendies de forêt qui font rage au Québec et au nord de l’Ontario s’est amenée dans plusieurs régions de l’Ontario, mardi. Certains sont inquiets par la fumée qui se fait sentir, d’autres, moins.

Les Torontois ne se sont peut-être pas levés mardi matin avec vue sur un sinistre voile de fumée qui dissimulait presque complètement le soleil comme à Ottawa, mais la ligne d’horizon de la ville-reine n’était tout de même perceptible que grâce à l’ombre de la tour du CN.

Et si l’on se fie à Environnement Canada, l’emblématique tour pourrait rester dissimulée par la fumée jusqu’à la fin de la semaine.

Le système canadien de prévision de la qualité de l’air incorporant les émissions découlant des feux de forêt FireWork semble montrer des volumes de fumée plus épais soufflant vers le sud-est en direction de Toronto et atteignant un sommet au-dessus de la région du Grand Toronto, jeudi soir.

«C’est décourageant, et c’est épeurant», lance le directeur de programme de l’organisme non partisan Environmental Defence, Keith Brooks.

«C’est épeurant parce que c’est ce qu’on nous avait dit qui nous attendait. Et ce n’est qu’un début, un aperçu de ce qui s’en vient.»

En Ontario, on compte mardi 47 feux actifs, selon le ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Parmi ceux-ci, 26 sont considérés comme «hors-contrôle». Le ministère affirme que neuf feux ont été éteints, lundi.

Dans l’est ontarien et certaines parties du nord, Environnement Canada met en garde contre des niveaux élevés de pollution atmosphérique.

Une partie de la fumée dans le nord de la province provient d’ailleurs des feux observés dans cette région.

À Queen’s Park

Au parlement provincial, à Queen’s Park, la cheffe de l’opposition Marit Stiles a demandé mardi au gouvernement de Doug Ford ce qu’il fait pour protéger la population durant cette «situation d’urgence».

Le ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Graydon Smith, a répondu en assurant que l’Ontario est un «chef de file internationalement reconnu dans la gestion des incendies de forêt».

«Nos équipes des services d’urgence de l’aviation et des incendies de forêt sont dans les airs avec des avions et des bombardiers à eau, dans les airs avec des hélicoptères, et au sol avec des pompiers.»

«[En plus d’Ottawa], il y a des avertissements de risque élevé pour Belleville, Cornwall, Gatineau, Kingston, Toronto et pour tout le nord-est. [...] Est-ce que le gouvernement reconnaît le lien entre cette aggravation des conditions météorologiques et la crise climatique?», a aussi demandé la néo-démocrate.

Mais Graydon Smith a évité cette question.

Lorsque les journalistes l’ont posée à nouveau, en mêlée de presse, le ministre a répondu qu’il y a des feux de forêt chaque année, en Ontario.

«Et vous savez, beaucoup d’entre eux sont causés par des interactions humaines, par des choses que les gens ne devraient pas faire. Donc le message que j’enverrais aujourd’hui est d’être intelligent. Une grande partie de l’Ontario est actuellement une zone où il est interdit de faire des feux. Pourtant, nous avons encore des exemples de personnes faisant un feu de camp ou jetant un mégot de cigarette par la fenêtre. Cette petite étincelle peut se transformer en certaines des choses auxquelles nous sommes confrontés en ce moment.»

Le ministre des Ressources naturelles et des Forêts ne semble pas trop inquiet par la situation. Il n’y pas pas d’incendie qui pose un danger direct à une communauté de l’Ontario actuellement, a-t-il noté, ajoutant qu’il fait confiance aux pompiers.

Selon l’environnementaliste Keith Brooks, «le gouvernement de l’Ontario ne prend pas du tout les changements climatiques au sérieux».

«En fait, il travaille activement pour accroître les centrales électriques au gaz, construire de nouvelles autoroutes, et il met en place plusieurs politiques qui vont à l’encontre de la lutte contre les changements climatiques, soutient-il. Ils peuvent bien continuer à lancer tout l’argent pour les services d’incendie, nous en avons évidemment besoin. Quand on ajoute de l’huile au feu, on doit ajouter plus de personnes pour essayer de l’éteindre.»

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  • Dernière mise à jour 6 juin, 2023
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