Ceinture de verdure: «La situation est corrompue» disent des chefs des Premières Nations

Les chefs des Premières Nations demandent au gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford de revenir sur sa décision de retirer des terres de la Ceinture de verdure pour y permettre le développement immobilier.


Par Émilie Gougeon-Pelletier, IJL - Réseau.Presse - Le Droit

Les chefs des Premières Nations de l’Ontario se sont rencontrés en urgence, lundi soir, pour discuter du rapport de la vérificatrice générale Bonnie Lysyk à propos des échanges de terres dans cette zone écologiquement sensible entre le gouvernement Ford et des promoteurs immobiliers.

«Quiconque se soucie de la démocratie, de la confiance du public et des institutions devrait être profondément perturbé par le rapport et ses conclusions», a affirmé le chef du Grand Conseil, Reginald Niganobe, de la Nation Anishinabek.

Ils ont adopté à l’unanimité une résolution pour exiger que le premier ministre ontarien Doug Ford respecte toutes les 15 recommandations énoncées dans le rapport de la vérificatrice générale.

Le gouvernement s’est pourtant engagé à en respecter 14. La seule que les progressistes-conservateurs ne comptent pas respecter est la recommandation de restituer toutes les parcelles de terre à la Ceinture de verdure.

«Du point de vue des Premières Nations, la situation dans son ensemble est corrompue», a déclaré le grand chef de l’Association des Iroquois et des Indiens alliés (AIAI), Joel Abram. Nous continuerons de soutenir la GRC dans ses réflexions visant à mener une enquête approfondie sur cette affaire.»

Les Chefs demandent aussi une enquête criminelle sur la manière dont les terrains de la Ceinture de verdure ont été choisis pour être retirés et sur l’étendue de l’implication du ministre des Affaires municipales et du Logement, Steve Clark, et du premier ministre Doug Ford, dans ce dossier.

Traités non respectés

Selon les chefs, la décision de la province viole les traités de Williams.

En 2018, les sept Premières Nations signataires de ces traités avaient conclu un accord avec le gouvernement fédéral et la province de l’Ontario qui reconnaît leurs droits de récolte, de chasse, de pêche et de cueillette sur ce territoire.

«La suppression par la province de ces terres à l’intérieur et autour des zones de la Ceinture de verdure portera directement atteinte aux droits de ces Premières Nations», soutiennent les chefs.

La chef Laurie Carr, de la Première Nation Hiawatha, a noté que la question est importante pour les Premières Nations, mais aussi pour tous les Ontariens.

«Dans nos enseignements, nous parlons des zones humides comme étant le rein de la Terre et de la manière dont elles filtrent nos eaux. Nous parlons de nourriture, d’eau, de chasse, de terres et d’agriculture. Tous ces impacts agricoles devraient préoccuper tous les Ontariens, et le développement dans quelque partie que ce soit de cette région est inacceptable», a-t-elle insisté.

Le conseil de direction des Chefs de l’Ontario, qui représente 133 Premières Nations dans la province, a réitéré son intention de cesser toute relation de travail entre les chefs des Premières Nations et Steve Clark, et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Il avait déjà demandé la démission du ministre Clark, plus tôt ce mois-ci.

«Le travail au niveau technique au sein du ministère se poursuivra afin de permettre des progrès optimaux quant aux priorités des Premières Nations en matière de logement», a précisé le conseil.

Consulter les communautés autochtones

«Nous continuerons de respecter notre engagement de construire au moins 1,5 million de logements de manière à garantir la confiance du public dans le processus, y compris dans notre devoir de consulter les communautés autochtones», a assuré une porte-parole du bureau de Doug Ford dans un courriel envoyé au Droit.

«Notre gouvernement rencontre régulièrement le conseil de leadership des chefs des Premières Nations de l’Ontario aux côtés des ministres concernés, à [leur] demande. L’Ontario reste déterminé à remplir ses obligations de consultation en vertu de l’article 35 et a hâte de continuer à travailler en collaboration avec ses partenaires autochtones», a-t-elle ajouté.

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  • Date de création 29 août, 2023
  • Dernière mise à jour 29 août, 2023
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