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Canada et États-Unis : communication à l'ère de la pandémie

Les gouvernements mondiaux sont engagés dans une démarche de gestion communicationnelle sans précédent auprès de leurs citoyens. On remarque depuis le début de la pandémie que le Canada affiche une plus grande clarté, dans l’ensemble de ses communications sur le coronavirus, que les États-Unis. Le Canada montre également un taux d’infection généralement plus faible à l’intérieur de son territoire avec le plus de superficie après la Russie. Voici des différences majeures dans les stratégies de communication entre les deux pays au rapport commercial étroit.

Marie-Paule Berthiaume

Initiative de journalisme local – APF - Ouest

Le contexte fédératif

« Il y a eu une différence spectaculaire entre la gestion du virus par le Canada et les États-Unis, même si les provinces canadiennes et les états américains ont un grand contrôle sur la prise de décision », déclare l’avocat Robert Adamson de l'École de commerce Beedie de l'Université Simon Fraser. Selon lui, le gouvernement canadien est parvenu à développer un partenariat plutôt efficace avec les provinces pour définir les lignes directrices de la gestion d’une situation complexe.

Il est vrai que les provinces ont le contrôle du domaine des soins de santé et de la majorité des services de santé publique. Ainsi, selon le chercheur en sciences politiques à l’Université Simon Fraser, Anil Hira, le Canada accuse tout de même un manque de cohésion nationale. « Les provinces ont leurs propres stratégies, dit-elle. Nous retrouvons même des stratégies différentes dans les régions d’une même province menant à de réelles incohérences. »

Communications verbale et non-verbale

« Au début de la pandémie, lance l’auteur du nouveau livre Trump pris au mot, David Lemelin, le président se faisait tellement questionner qu’il fuyait la presse. Le gouvernement canadien, lui, faisait un suivi quotidien. Je trouve que c'est la stratégie la plus importante parce que ça permet de garder un contact avec les citoyens et de leur témoigner un intérêt. Ce qui vous arrive vous concerne. »

Pour David Lemelin, la sobriété démontrée par le gouvernement canadien a été une autre bonne décision. Il fait remarquer que le premier ministre canadien, Justin Trudeau, était toujours seul lors des conférences de presse et masqué lors de ses déplacements, mettant de l’avant la distanciation recommandée par la médecin-hygiéniste en chef, Theresa Tam. En comparaison, le président des États-Unis, Donald Trump, était entouré de collaborateurs ne portant pas de masque.

Communication et santé

« La politique américaine est devenue tellement centrée sur les aspirations narcissiques personnelles d'un seul individu, le président, par opposition à la crise sanitaire mondiale et nationale », observe Robert Adamson. Le plus célèbre utilisateur du réseau social Twitter semble effectivement avoir volé la vedette à la pandémie, en Amérique du Nord du moins. Dans Trump pris au mot, David Lemelin relève 18 tactiques communicationnelles. On comprendra, avec M. Lemelin, que celles-ci peuvent constituer un réel danger pour des citoyens en manque d’information. Par exemple, les gazouillis de Twitter démontrent que le président a souvent peu de contact avec la réalité.

On s’accorde pour dire que Donald Trump, contrairement à Justin Trudeau qui a su appuyer ses décisions et ses communications sur la communauté scientifique canadienne et mondiale, ne respecte pas les conseils des grands acteurs de la santé américaine depuis le début de la pandémie.

Anil Hira souligne le fait que la Maison-Blanche a travaillé à miner la légalité et l'indépendance d’organisations de soins de santé telles que les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies. Les nombreuses controverses publiques du Dr. Fauci et du président ont rendu le public américain confus sur les risques liés à son comportement vis-à-vis la pandémie.

En cette année électorale, « Trump et ses conseillers portent tellement plus d’importance à la politique et la politisation de la pandémie qu’à la science, déclare Robert Adamson. Même après avoir lui-même contracté le virus, il en a fait la promotion comme n'étant pas particulièrement dangereux. Pendant ce temps, ses médecins et autres conseillers médicaux informaient leur président, la population américaine et le reste du monde d'ailleurs, que ce n'était pas du tout l'approche à adopter. »

Avec 290 millions d’habitants en moins que chez son voisin du sud, le gouvernement de Justin Trudeau n’a certes pas à gérer de grands centres urbains de l’ampleur de New York ou de Los Angeles. Avec un président qui communique en 140 caractères ses propres vérités directement à ses électeurs, il est clair que la qualité et l’à-propos communicationnels des États-Unis constituent un défi très actuel.

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Bas de vignettes

Trump pris au mot, de David Lemelin, analyse l’approche du président américian en mettant l’accent sur les choix de mots, les méthodes et les stratagèmes qui définissent le « style Trump ». (couverture gracieuseté de David Lemelin)

Le premier ministre du Canada, Justin Tudeau. (photo de Charles Deluvio, Unsplash)

Le président des États-Unis, Donald J. Trump. (photo de Charles Deluvio, Unsplash)

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  • Date de création 19 octobre, 2020
  • Dernière mise à jour 19 octobre, 2020
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