Campagne du NPD: périlleuse croisée de la gauche dans les comtés de la droite
ÉMILIE PELLETIER
Initiative de journalisme local — Le Droit
Andrea Horwath s’était donnée comme mission, au cours de la campagne électorale, d’asséner un crochet de la gauche aux candidats de la droite dans les circonscriptions où la lutte se joue entre le NPD et le Parti progressiste-conservateur.
Plusieurs se sont demandés pourquoi elle n’a jamais rendu visite aux candidats néo-démocrates sortants qui ne menaient pas dans les sondages, au cours de ces 30 derniers jours de campagne.
On pense notamment à Ottawa-Centre, où le député sortant Joel Harden semblait avoir eu du mal à maintenir son avance, ou à Toronto St Paul’s, où la députée sortante Jill Andrew a profité d’une visite du chef fédéral Jagmeet Singh, mais jamais de sa propre cheffe, Andrea Horwath.
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C’est voulu, expliquent au Droit les stratèges du parti, questionnés à ce sujet mercredi.
Même si les sondages démontrent des courses très serrées pour plusieurs députés sortants du NPD, il n’y a pas l’ombre d’un doute dans les yeux de l'équipe de campagne d’Andrea Horwath: «Ces candidats vont retrouver leur siège à Queen’s Park».
On nous mentionne que les sondages sont, en grande partie, menés chez des gens via le téléphone à ligne fixe. «Les électeurs du NPD, ils n’ont pas ça, la ligne fixe.»
Toutefois, certains sondages en ligne, comme celui de la firme Abacus Data, publié mercredi, avancent que le chef progressiste-conservateur Doug Ford est toujours le favori des répondants.
On y indique que 41% des personnes sondées jugent qu’il ferait le meilleur premier ministre, contre 18% pour Mme Horwath et 17% pour Steven Del Duca, le chef du Parti libéral de l’Ontario (PLO).
On constate un phénomène similaire du côté de la firme Léger. Le 30 mai, un sondage en ligne a permis de découvrir que 30% des répondants préfèrent Doug Ford comme premier ministre, contre 23% pour Andrea Horwath et 11% pour Steven Del Duca.
Des sondages internes du NPD affirment que les députés sortants néo-démocrates sont ceux qui ont les meilleures chances de réélection parmi tous les autres partis, soutiennent les stratèges du parti.
Est-ce que cette stratégie, soit celle de prioriser les candidats non élus qui tentent de se frayer un chemin vers l’Assemblée législative de l’Ontario, nuira à ceux qui tentent d’y retourner?
On le saura lorsque les électeurs se seront rendus aux urnes, le jeudi 2 juin.
Redoubler d’efforts
En attendant, la troupe de la cheffe originaire de la région de Hamilton a décidé de se rendre dans les circonscriptions ontariennes où la course se joue entre les candidats du PPC et du NPD.
La cheffe avait à son itinéraire sept arrêts dans des circonscriptions différentes, mercredi. Toutes sauf une étaient occupées par des députés du PPC au moment de la dissolution de la Chambre.
L’autobus d’Andrea Horwath est le véhicule de campagne qui a parcouru le plus de kilomètres lors du dernier droit de la campagne électorale.
Elle a dû redoubler d’efforts après avoir repris du service, le 25 mai, six jours après avoir contracté la COVID-19.
Quand elle a appris qu’elle était atteinte du virus, elle s’apprêtait à entamer une tournée dans le Nord de l’Ontario.
Dès qu’elle s’en est remise, le vol nolisé qui devait enfin l’amener dans la région a été annulé en raison d’un problème technique.
«Mon plus grand regret de toute la campagne a été de ne pas pouvoir visiter le Nord de l’Ontario», a-t-elle admis, mercredi.
Rappelons que lors du débat des chefs, Andrea Horwath était la seule cheffe à ne pas avoir répondu à la question: «Quel est votre plus grand regret?»
Santé
De tôt le matin à tard le soir, mercredi, Andrea Horwath n’a cessé de marteler qu’un gouvernement néo-démocrate offrira les médicaments et les soins de santé, tant dentaires que mentaux, gratuitement. Et c’est ce qu’elle a fait tout au long de cette dernière semaine de campagne.
Et elle ne l’a pas fait par pure coïncidence.
La politicienne, qui tente de se faire élire comme première ministre ontarienne depuis 13 ans, sait très bien que même si elle fait piètre figure dans les sondages à côté de Doug Ford depuis le début de la campagne, il y a un domaine dans lequel elle a su obtenir une plus grande confiance du public que ses adversaires - celui de la santé.
Le 25 mai, un sondage en ligne de la firme Angus Reid révélait que la majorité des répondants trouvent qu’Andrea Horwath est la meilleure, parmi Doug Ford, Steven Del Duca (libéral) et Mike Schreiner (vert), pour améliorer les soins de santé en Ontario.
Vote stratégique
Elle a aussi été questionnée à propos du vote stratégique, mercredi. Tout comme son rival libéral Steven Del Duca, Andrea Horwath a rejeté cette occasion d’encourager les électeurs qui s’opposent à Doug Ford de se ranger derrière les candidats qui sont les mieux placés pour le vaincre, peu importe qu’ils soient oranges ou rouges.
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Andrea Horwath et le libéral Steven Del Duca mènent actuellement une lutte très serrée pour la deuxième place, selon les analystes politiques.
Doug Ford a profité de cet avantage au cours des 30 derniers jours. Par ailleurs, Andrea Horwath, qui pourrait se voir éjecter de la chefferie du NPD si elle ne remporte pas son pari, avait un autre message aux Ontariens lors de sa dernière journée de campagne électorale: «Arrêtez les coupes de Doug Ford, ne permettez pas aux libéraux de répéter leurs erreurs du passé, votez pour le NPD.»
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- Date de création 1 juin, 2022
- Dernière mise à jour 1 juin, 2022