Briser la loi du silence

Dans le cadre du projet Mieux vivre ensemble du Partenariat provincial interculturel (PPI), le public francophone de Saskatoon a bénéficié le 27 octobre d’une conférence originale sur le fond et la forme portant sur l’intimidation en milieu scolaire.

Bertrand Simb Simb – IJL-Réseau.Presse – L’Eau vive

La rencontre, qui s’est déroulée au Relais de Saskatoon, ponctuait la tournée à travers la province du spectacle-causerie d’Alain Pelletier intitulé Le prix du silence, les cinq visages de l’intimidation.

À sa manière, le conférencier a choisi de mettre le doigt sur le problème de l’intimidation scolaire en s’adressant autant aux élèves du primaire et du secondaire qu’aux parents et professionnels de l’éducation.

Le prix du silence

La première partie du spectacle, à teneur théâtrale, est un monologue issu du journal intime d’un individu victime d’intimidation. Le but : placer le public dans ses souliers et lui faire ressentir ses émotions.

Alain Pelletier raconte ainsi l’histoire d’un petit garçon qui vit des situations de plus en plus difficiles à supporter et qui fait face à des émotions difficiles à définir.

Le jeune garçon subit des blagues de mauvais goût de la part d’un camarade qui, lui, recherche un bien-être, un sourire ou un sentiment positif, mais qui ne se rend pas compte que ses blagues et ses gestes sont source de mal-être.

La deuxième partie de la conférence se veut quant à elle explicative. Ici, l’animateur aborde le rôle des cinq parties prenantes du problème, à savoir la victime, l'agresseur, les témoins, les parents et le personnel scolaire.

« L’objectif de cette partie est d’explorer les pistes de solutions possibles selon le rôle de chacun afin que ceux-ci puissent jouer un rôle actif et avoir un impact positif et constructif s’ils sont confrontés à une situation d’intimidation », explique le conférencier.

Les remèdes

Alain Pelletier pense que la solution à l’intimidation repose tant dans les mains de la victime que celles de l’agresseur et du témoin.

L’intimidation retire à la jeune victime sa confiance en soi, note-t-il, et affecte sa réussite scolaire. Ainsi, plus la victime consolidera ce sentiment de confiance en soi, moins elle sera affectée par les tentatives d’intimidation.

Mais ce sentiment de confiance se bâtit jour après jour, au gré des succès et des victoires, des examens scolaires réussis, des compliments reçus.

En outre, les témoins sont la bouche et les oreilles capables d’intervenir dans une situation d’intimidation, relève Alain Pelletier.

Certes, vivre un cas d’intimidation peut créer un état de choc qui peut dissuader un témoin d’intervenir. Mais l’inaction et la passivité du témoin ne feront qu’encourager la situation.

C’est pourquoi « créer un pont entre un enfant victime d’intimidation et un adulte capable de donner un coup de main, c’est participer à la solution », avance le conférencier.

Une conférence bienvenue

Le spectacle-causerie a été présenté à six reprises à travers la province : à Moose Jaw, Regina, Gravelbourg, Prince Albert et Saskatoon.

Le conférencier se dit convaincu que cette représentation apporte un plus aux participants, en particulier aux élèves.

« Ils ont déjà une définition claire de ce qu’est l’intimidation, explique Alain Pelletier. Dans les écoles, les victimes comme les témoins ont pour la première fois un référent adulte auprès de qui ils peuvent rapporter un cas d’intimidation avec courage. Les agresseurs, eux, réalisent le dommage émotionnel qu’ils peuvent créer, même si c’était juste une blague dans leur esprit. »

Kim Hatungimana, un jeune Fransaskois qui a suivi de bout en bout la conférence, est sorti satisfait. Il dit avoir été personnellement touché par le monologue.

« Le conférencier nous a raconté une histoire très touchante, je dirais même que j’ai vécu un cas d’intimidation où j’ai demandé de l’aide à un adulte, mais je me suis senti toujours ignoré », témoigne le jeune homme.

Selon ce dernier, il faudrait trouver des campagnes de sensibilisation contre l’intimidation dans des écoles, afin que les élèves sachent qu’ils peuvent toujours compter sur les adultes en cas de besoin.

À titre de rappel, le Partenariat provincial interculturel (PPI) a été créé par quatre organismes fransaskois en octobre 2020 en réponse à des situations d’intimidation au sein de la communauté.

Les quatre organismes fondateurs sont l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS), le Conseil culturel fransaskois (CCF) et le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF).

Sous la coordination de Napoléon Hatungimana de l’ACF, le projet a pour but de créer une communauté saine, bienveillante et accueillante pour tous les francophones de la Saskatchewan.

 

PHOTOS Crédits : Bertrand Simb Simb

Alain Pelletier 1-2

Alain Pelletier, animateur du spectacle-causerie Le prix du silence, les cinq visages de l’intimidation

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  • Date de création 11 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 9 novembre, 2023
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