Bon roulement dans les marchés publics, malgré l’inflation

À mi-saison, les marchés publics d’Ottawa, de l’Est ontarien et de l’Outaouais tiennent la route. La fraîcheur et le goût distinct des aliments locaux continuent d’attirer son lot de gourmands.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Le Marché champêtre de Vankleek Hill, qui est ouvert à l’année depuis 26 ans, a vu ses ventes augmenter considérablement au début de pandémie. Après une baisse d’affluence en 2022, la population semble s’être ennuyée du goût unique des fruits et légumes de saison.

«Il y a beaucoup de gens qui viennent au marché cette année, remarque la présidente Aartje den Boer. Durant la pandémie, les gens avaient plus de temps pour cuisiner, alors ils étaient plus nombreux à nous visiter. Ils ont aimé l’expérience d’acheter des aliments localement, donc ils reviennent.»

Ce n’est cependant pas la situation que vit Anne Cadotte, une vétérante du marché.

«C’est assez difficile. Les gens ont moins les moyens d’acheter des aliments locaux.

Ils sont peut-être moins nombreux à se procurer des fruits et légumes locaux, mais ils sont plusieurs à en consommer. Les classes de jardinage qu’offre la fermière affichent complet pour une deuxième année.

«À Vankleek Hill, la plupart des gens habitent en campagne, alors ils veulent avoir leur propre jardin. Ils trouvent que les légumes qu’ils produisent ont plus de goût et ils veulent s’améliorer», témoigne celle qui est fermière depuis 40 ans.

À Ottawa, les marchés des fermiers d’Ottawa vont bon train, assure la présidente Anne-Marie Rochon. «C’est une très bonne saison. L’engouement pour l’achat local a augmenté avec la pandémie et ça se poursuit.»

Du côté de l’Outaouais, les ventes connaissent une certaine baisse, soutient la chargée de projet à la Table agroalimentaire de l’Outaouais, Camille Laflamme. Ce sont toutefois les artisans qui en écopent davantage, remarque la gestionnaire du Marché d’Aylmer, Kristine Landry.

«Les maraîchers ont déjà une fidèle clientèle. Ils ne ressentent pas la baisse des ventes du marché. Les gens qui sont amoureux des fruits et légumes de saison continuent à venir au marché. Ce sont plutôt les vendeurs d’artisanats qui font moins de profits, étant donné que la population a moins d’espace dans son budget pour les petits luxes.»

Situé au cœur du Vieux-Aylmer, le marché est également un lieu de rencontre pour les citoyens. Avec 12 saisons derrière la cravate, le marché s’est bâti une communauté, qui l’aide à passer à travers les épreuves, assure Mme Landry.

Faux sentiment d’inflation

L’importante hausse du prix des aliments dans la dernière année se fait beaucoup moins sentir dans les marchés publics qu’en épicerie, remarque le professeur en distribution et politique agroalimentaire à l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois.

«Les prix sont encore plus élevés dans les marchés qu’en épicerie, affirme-t-il. La hausse est toutefois bien plus mince que dans les supermarchés. La différence est moins importante qu’avant.»

Avec le prix de l’engrais qui a doublé et celui des semences qui a augmenté de 30% à 40%, Anne Cadotte n’a pas d’autres options que d’ajuster ses prix en conséquence. Elle ne refile cependant pas totalement la facture aux clients, par crainte d’en perdre. La fermière de 75 ans soutient même vendre moins cher qu’en épicerie.

C’est également ce qu’affiche Kristine Landry. «Il faut éliminer la croyance que les producteurs locaux vendent toujours plus cher qu’en épicerie. Ce n’est plus le cas.»

Du côté d’Anne-Marie Rochon, qui est propriétaire du Jardin Rochon, elle n’a pas du tout augmenté ses prix, malgré une hausse de ses coûts de production. «Je dois me baser sur ce que les gens sont prêts à payer. Je charge pour couvrir mes coûts et ça ne me met pas dans une situation difficile. Si on vend trop cher, les gens ne vont plus vouloir venir dans les marchés. Il faut que ça reste accessible.»

En plein milieu de la saison des récoltes et de la semaine québécoise des marchés publics, il n’est pas trop tard pour aller encourager les producteurs locaux.

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Photos

Le Marché champêtre de Vankleek Hill, qui est ouvert à l’année depuis 26 ans, a vu ses ventes augmenter considérablement au début de pandémie. Après une baisse d’affluence en 2022, la population semble s’être ennuyée du goût unique des fruits et légumes de saison. (123rf, 06photo)

«Si on vend trop cher, les gens ne vont plus vouloir venir dans les marchés. Il faut que ça reste accessible», affirme Anne-Marie Rochon, qui est propriétaire du Jardin Rochon. 123rf, 06photo)

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  • Date de création 8 août, 2023
  • Dernière mise à jour 8 août, 2023
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