Avortement : l’écart rural urbain se rétrécit-il ?

Bien que la réalité néo-écossaise en matière d’accès à l’avortement ne soit pas la même que celle de son voisin américain, les obstacles ne sont pas inexistants, surtout chez les patientes en dehors des grands centres. 

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Jean-Philippe Giroux 

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Dre Melissa Brooks est membre du département d’obstétrique et de gynécologie au IWK Health Centre, à Halifax.

Elle est également co-directrice médicale de Nova Scotia Women’s Choice Clinic, la seule clinique médicale en province qui se spécialise dans le domaine.

La clinique offre des interruptions de grossesses (IG) chirurgicales ou médicales, dépendamment du stade de la grossesse et des conditions médicales du patient.

La médecin mentionne qu’un réseau de fournisseurs communautaires permet l’approvisionnement de médicaments liés à l’IG, notamment le misoprostol (Mifegymiso), en dehors de la capitale.

Notons que ces médicaments sont disponibles gratuitement en Nouvelle-Écosse depuis 2017.

Toutefois, pour les interventions chirurgicales, l’offre est davantage centralisée. « Il y a définitivement beaucoup de communautés rurales qui ont plus de difficultés à accéder à un avortement chirurgical », explique la Dre Melissa Brooks.

Elle ajoute que la majorité des avortements chirurgicaux se déroulent à Halifax, mais aussi dans des plus petits centres comme Kentville et Truro.

D’après la politique de l’Association médicale canadienne (AMC), un médecin qui choisit de ne pas fournir un service d’IG, pour des raisons morales ou religieuses, doit diriger la patiente vers quelqu’un d’autre.

En Nouvelle-Écosse, les avortements chirurgicaux sont permis jusqu’à 15 semaines de grossesse.

Roe v. Wade : le Canada est-il touché ? 

Les employés de Nova Scotia Women’s Choice Clinic ne semblent pas avoir subi les contrecoups de la révocation du jugement de la Cour Suprême des États-Unis (Roe v. Wade), constate la Dre Brooks.

Il y avait notamment la question des patients américains qui pourraient faire augmenter la demande d’IG sur le territoire canadien, ce qui n’est pas le cas pour l’instant.

« On est encore au début, précise-t-elle. On n’a pas une frontière avec les États-Unis, donc je ne pense pas que la Nouvelle-Écosse est la première place où les gens iront pour un avortement. Je ne m’attends pas à voir un gros changement ici, en Nouvelle-Écosse, et je n’ai pas entendu parler d’autres conséquences. »

Cependant, ayant comme priorité d’assurer que l’avortement soient le plus accessible possible, elle demeure attentive aux changements juridiques qui pourraient avoir des répercussions sur la population canadienne.

L’avortement a été décriminalisé en 1988 au Canada.

« Zone de bulle »

En 2020, un projet de loi interdissant les manifestations dans un rayon de 50 mètres des cliniques d’avortement a été promulgué par l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse.

Dre Brooks mentionne que des manifestations contre l’avortement ont eu lieu à quelques reprises dans le stationnement du IWK Health Centre avant la pandémie, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui

« Je ne sais pas si c’est à cause de la loi qui a été promulguée ou si c’est lié à la pandémie et le fait que les gens ne veulent pas se rassembler en groupe », avoue la médecin.

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  • Date de création 21 juillet, 2022
  • Dernière mise à jour 3 août, 2022
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