Avoir des ruches et des abeilles, dans sa cour

Vanessa Lavoie et son conjoint Chris Plomp habitent à Greenvale, près de Hunter River.  La maison, au bord de la route 2, ne laisse pas deviner l’activité frénétique qui se passe dans l’arrière-cour, alors qu’en ce début octobre, les abeilles préparent leurs quartiers d’hiver, avec la bienveillante assistance de l’apiculteur amateur, Chris Plomp. 

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Jacinthe Laforest

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Chris Plomp a des ruches à lui depuis cinq ans.  Son grand-père pratiquait ce hobby et aujourd’hui, le jeune homme utilise plusieurs pièces d’équipement qui lui viennent des générations passées, notamment, le vieil extracteur à miel, ni plus ni moins qu’une centrifugeuse à manivelle.

Excellent communicateur, il aime expliquer et faire apprécier les abeilles aux personnes qui font preuve de curiosité.

«Vous voyez, les abeilles plus grosses qui essaient de rentrer dans la ruche? Ce sont des faux bourdons, des abeilles mâles qui tentent d’entrer pour être nourris à ne rien faire tout l’hiver.  Les abeilles les laissent entrer pendant l’été, mais à ce temps-ci, lorsque l’hiver approche, elles montent la garde et les empêchent de rentrer.  Elles ne peuvent pas se permettre de nourrir des individus qui n’ont plus d’utilité», explique l’apiculteur.

La société des abeilles est faite comme ça.  La seule utilité des mâles est de féconder les reines, ce qui se produit d’habitude au printemps.  Une fois leur tâche accomplie, ils n’ont plus de valeur pour la survie de la ruche.

Les abeilles qui montent la garde à l’entrée de la ruche luttent également contre les guêpes, qui sont attirées par l’odeur du sucre et, curieusement, elles vérifient également que toutes les abeilles qui tentent de passer la porte appartiennent à leur colonie.

«Ça m’arrive souvent de venir m’asseoir dans l’herbe, à côté des ruches, pour les observer et connaître leur comportement.  Je n’ai pas peur des abeilles.  Elles ne sont pas agressives de nature.  Il faut vraiment les bousculer pour qu’elles réagissent en piquant.»

Lorsque les abeilles sont au plus fort de leur saison et très actives, il faut parfois les enfumer pour les engourdir afin d’avoir accès à la ruche, et se vêtir des typiques vêtements blancs.  Et Chris possède tous ces équipements.  Cependant, lors de la visite de La Voix acadienne, le 1er octobre en après-midi, il a pu ouvrir une ruche et sortir un rayon, sans aucune protection, car les abeilles étaient calmes.

«Cette ruche est la plus calme,  pour les autres, j’aurais fait plus attention», dit l’apiculteur, qui reste prudent dans son approche.  Avec le temps, il a appris à éviter les mouvements brusques.  Par de lents mouvements de la main, il écarte les abeilles avant de remettre en place le rayon et de refermer la ruche.  Les abeilles coopèrent avec gentillesse, sans jamais arrêter de travailler et de bourdonner.

Chris Plomp est membre de la PEI Beekeepers Association, un organisme qui a pour mission d’aider au développement de cette discipline qui, sans être très répandue, gagne en popularité.

Vanessa Lavoie aime avoir des ruches dans sa cour.  «Depuis que les ruches sont établies, le jardin produit comme jamais auparavant.  Nous faisons pousser beaucoup de choses et de plus en plus nous plantons des arbres fruitiers pour ajouter de la variété à la nourriture des abeilles et pour nous aussi», dit la propriétaire.  Elle affirme aussi que ses allergies saisonnières, autrefois sévères, le sont moins», indique-t-elle.

Le miel est comme le glaçage sur les autres avantages à avoir des abeilles à la maison.  «C’est certain que j’ai intégré le miel dans mon quotidien», dit Vanessa Lavoie.

Une production artisanale

Avec ses quatre ruches bien portantes, Chris Plomp produit environ 35 litres de miel.  «Je ne prends pas tout le miel des abeilles.  Elles en ont besoin pour se nourrir et pour survivre à l’hiver, mais elles en fabriquent toujours trop.  Nous, les apiculteurs, prélevons seulement le surplus.  Certains gros apiculteurs vont prendre plus de miel et donner une solution sucrée de remplacement aux abeilles.  C’est correct, mais ce n’est pas ce que je fais.  Par contre, vers la fin de l’hiver, je leur donne habituellement des gâteaux de sucre, au cas où elles manqueraient de miel.  Au printemps 2023, toutes mes ruches ont bien passé l’hiver, mais en 2022, Fiona a fait tomber un arbre sur une de mes ruches.  Il arrive que des ruches ne survivent pas à l’hiver, pour diverses raisons.»

En hiver, par jours de beau temps (10 degrés environ) les abeilles sortent de la ruche pour évacuer leurs déchets.  «Quand tu vois des petits points jaunes sur la neige, ça peut être des abeilles qui ont fait leur besoin», ajoute Vanessa, que cette image fait sourire.  Dans tous les cas,elles ne font pas leurs besoins dans la ruche.

Une forme énigmatique

Les alvéoles remplies de miel sont de forme hexagonale et sont étrangement régulières.  Il y a plusieurs raisons à cela.  Les apiculteurs fournissent aux abeilles des supports de plastique où les formes hexagonales sont déjà imprimées, en rappel du motif qu’on peut observer dans les ruches sauvages.  Ce motif hexagonal a longtemps intrigué les chercheurs.  Selon le site Web «Apiculture.net», ce n’est qu’en 2013 que l’énigme a été élucidée, confirmant la théorie de Darwin : les abeilles fabriquent naturellement des alvéoles rondes.  Ce serait sous l’effet de la chaleur intense que les rebords fusionneraient.  Si les alvéoles circulaires étaient disposées en lignes droites dans les deux directions, les formes seraient vraisemblablement carrées.

Programmeur informatique pour le gouvernement provincial, Christopher trouve que le travail avec les abeilles lui permet de décompresser.  «Avec les abeilles, on doit respecter leur horaire.  Prendre le temps qu’il faut. C’est différent du travail en informatique.»

 

 

 

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Photos

 

Chris Plomp a déposé un peu de miel sur son avant-bras et les abeilles, avides de nourriture à cette période de l’année, se délectent.  «Ça chatouille un peu», dit l’apiculteur.  (Photo : J.L.)

 

Chris Plomp et Vanessa Lavoie possèdent quatre colonies.  (Photo : J.L.)

 

Chris Plomp manipule les cadres sans mouvements brusques.  Les abeilles, surtout lorsqu’elles sont en recherche de nourriture, ne sont pas agressives. (Photo : J.L.)

 

Sur ce cadre, les alvéoles de gauche, recouvertes de cire, sont remplies de miel.  Sur la droite, il y a deux types différents de remplissage.  Les alvéoles plus foncées contiennent du miel qui n’est pas encore sec.  (Les abeilles utilisent leurs ailes comme des ventilateurs pour faire évaporer l’eau dans le miel.  Lorsque l’évaporation est à point, les abeilles recouvrent les alvéoles.  Les alvéoles de couleur orangé opaque contiennent du pollen et sont scellées avec une goutte de miel.  C’est la nourriture protéinée destinée aux bébés abeilles.  (Photo : J.L.)

 

Contrairement aux abeilles natives d’Amérique, qui sont solitaires, les abeilles européennes, comme celles de la plupart des ruches, vivent dans des colonies «collées-collées».  (Photo : J.L.)

 

Même si elle ne craint pas les abeilles, Vanessa Lavoie respecte leur territoire.  Lorsque son conjoint manipule les ruches et les cadres, elle aime observer.  (Photo : J.L.)

 

 

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  • Date de création 16 octobre, 2023
  • Dernière mise à jour 16 octobre, 2023
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