Au-delà du drapeau : les politiciens sont-ils là?

Bien sûr, ils et elles seront là lorsque le drapeau franco-ontarien sera fièrement hissé le 25 septembre. Mais une fois la fête terminée, qu’est-ce qui fait qu’un politicien fait sentir sa présence au sein de la communauté franco-ontarienne?

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André Magny
IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

Après deux ans de pandémie, certains acteurs ont parfois eu l’impression que les autorités pensaient peut-être que la francophonie était en quarantaine!

«Depuis quelques années, la francophonie a eu des hauts et des bas», constate Louis-Alexandre Pen. En poste depuis cinq mois, le nouveau directeur général de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO) fait notamment référence à tout ce qui a entouré la création de l’Université francophone de l’Ontario. En ce qui concerne Ottawa, M. Pen est d’avis qu’il faut fournir davantage de services en français. Pour cela, il faut que les politiciens développent une certaine sensibilité francophone. Et pas juste dans l’est. Dans l’ouest aussi d’Ottawa, puisque selon M. Pen, il y a plus de francophones qui s’installent dans ce coin de la ville. Il donne pour exemple l’épisode des vaccins à Ottawa. Tous n’ont pas réussi à se faire servir en français tout au long du processus de vaccination. «Dans un temps de crise, il ne faut pas penser aux francophones après coup, il faut plutôt offrir des services dès le départ.»

D’ailleurs, lors d’un sondage réalisé par l’ACFO Ottawa et publié en octobre 2021 sur les besoins et attentes des francophones et francophiles de la région d’Ottawa, plus de 50 % des quelque 400 personnes sondées ont répondu que «le secteur de la santé est celui qui est actuellement prioritaire dans l’amélioration de l’offre des services en français à Ottawa.» Suivent les services sociaux (employabilité, établissement), les loisirs et la culture, la justice et les services dans le secteur privé comme lieux où améliorer le français. Un sondage inspirant sans doute pour les acteurs et actrices du milieu politique.

Avoir le soutien des élus

Parlant de l’ouest, la présidente de la Maison de la francophonie d’Ottawa (CMFO), Fatima Aden Osman estime qu’il est de première importance qu’un organisme comme celui de la Maison de la francophonie garde «de bons liens de communication avec tous les paliers de gouvernement» afin qu’ils soient informés «des activités que nous menons ainsi que des enjeux qui pourraient surgir».

De son côté, le vice-président de cet organisme, Ronald Bisson est d’avis que «tous les paliers de gouvernements ont des rôles complémentaires et tout aussi importants l’un que l’autre pour l’avancement de la francophonie chez nous. Une personne élue comme conseillère ou conseiller scolaire francophone est toute aussi importante à nos yeux qu’une personne qui devient ministre fédérale.»

Questionnés sur ce que les politiciens ont apporté à la Maison de la francophonie, les deux dirigeants du CA du CMFO saluent le travail effectué par M. Alex Cullen, qui était conseiller du quartier Baie où est située la Maison, qui fut le tout premier élu à soutenir la création de la Maison. «Sans lui, explique Mme Aden Osman, on n’aurait jamais obtenu le site de l’ancienne École Grant sur le chemin Richmond. C’est lui qui a fait tout le travail pour obtenir le terrain pour nous.» Son successeur, Mark Taylor reçoit lui aussi des éloges pour «les conseils judicieux» prodigués lorsque le CMFO naviguait «en eaux troubles» pour reprendre l’expression de la présidente. Le maire Watson est également salué au passage. «Nous avons accordé le Prix Jérôme-Tremblay au maire Watson au mois d’août 2022, précise la présidente, en reconnaissance de son soutien sans faille pour la réalisation de la Maison de la francophonie tout le long de ses mandats comme maire.»

Le mot des jeunes

Alors que les statistiques montrent souvent les 15-25 ans moins attirés par la politique, comment deux jeunes engagés dans leur communauté francophone perçoivent-ils justement le rôle des politiciens? Pour Jean-Philippe Bisson, élève de 12e année et président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), s’il est vrai que «la grande majorité des jeunes ne souhaitent pas s’engager pour la francophonie», ce n’est pas une raison selon lui pour baisser les bras et de ne rien demander aux politiciens. Par exemple, un politicien soucieux des francophones à Ottawa ferait en sorte de soutenir les efforts pour promouvoir systématiquement le bilinguisme quand la ville organise certaines choses. Il donne pour exemple les communiqués : «Certains sont bilingues, d’autres non.»

Sa collègue à la vice-présidence de la FESFO, Haïfa Zemni estime que si la ville était officiellement bilingue en tant que capitale du Canada, «il y aurait plus d’occasions d’avoir du français». Toutefois, les deux ne sont pas dupes. Après deux ans de pandémie, la présente campagne électorale ottavienne ne mettra pas cette question à l’avant-plan. Selon Jean-Philippe Bisson des enjeux comme le logement ou l’urbanisme vont damer le pion à la francophonie.

Néanmoins, il souhaite que les politiciens ne perdent pas de vue le financement postsecondaire en français et que, comme le député d’Orléans à Queens Park, Stephen Blais, qu’ils créent des comités de jeunes afin d’avoir le pouls de la jeunesse. «Et c’est un bon moyen pour informer les jeunes de ce qui se passe autour d’eux», de conclure le jeune dirigeant.

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Bas de vignette : Haïfa Zemni et Jean-Philippe Bisson, respectivement vice-présidente et président de la FESFO depuis juin 2022. Crédit : gracieuseté de la FESFO

Bas de vignette : Habitant Orléans depuis plus d’une décennie, Fatima Aden Osman est également présidente du CA de la Maison de la francophonie d’Ottawa. Crédit : gracieuseté de la Maison de la francophonie d’Ottawa

 

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  • Date de création 15 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 15 septembre, 2022
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