Après la polémique, la ménorah est de retour à Moncton

Un vent de contestation populaire avait soufflé sur les réseaux sociaux après que le conseil municipal de Moncton eût décidé de ne pas installer la ménorah comme cela se fait depuis 20 ans. Dans la foulée, la crèche de Noël avait elle aussi été évacuée. Le conseil a fait marche arrière et les deux symboles du temps des fêtes ont retrouvé leur place devant l’hôtel de ville.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

Lorsque les tensions internationales s’invitent dans les affaires locales, le cocktail peut s’avérer explosif. Les élus municipaux de Moncton l’ont appris à leurs dépens. Aux yeux du public, il ne fait pas le moindre doute que la décision, prise à huis clos, de rompre avec la tradition selon laquelle la ménorah est allumée devant l’hôtel de ville pour la fête juive de Hanoucca est lié à la guerre qui sévit entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre.

La décision avait provoqué une vague d’indignation et enflammé les réseaux sociaux. Preuve du soutien populaire au respect de cette tradition municipale vieille de 20 ans, une pétition en ligne a réclamé que la décision, prise hâtivement, soit renversée. Cette pétition a recueilli en quelques jours plus de 7000 signatures alors que, selon Francis Weil, président de la synagogue Tiferès Israël de Moncton, la communauté juive de la ville ne compte que 120 personnes environ.

Devant l’ampleur de la polémique et son retentissement médiatique, les élus ont fait marche arrière. Jeudi 7 décembre vers 18h, la ménorah a été allumée par Francis Weil et les siens. Environ 250 personnes ont bravé le froid glacial pour assister à l’événement alors que, habituellement, elles ne sont qu’une vingtaine à y participer d’une année sur l’autre.

Une citoyenne de Moncton, Françoise Léger, croit qu’à l’origine de toute cette affaire les élus ont manqué de discernement et fait un amalgame malheureux. « J’ai des voisins musulmans, la présence de la ménorah et de la crèche ne les dérange absolument pas. Le message que le conseil de ville leur a envoyé, c’est qu’ils sont peut-être des terroristes potentiels », se désole-t-elle.

Kippa sur la tête, le jeune Raphaël Maicas, 20 ans, s’est réjoui de voir la communauté réunie en aussi grand nombre pour une cérémonie qui, d’ordinaire, se déroule en petit comité. Lui-même y participe depuis sept ans et il s’est senti réconforté par la présence du public.

Après l’allumage des deux premières bougies du chandelier à neuf branches, les membres du public étaient invités à se rassembler dans le lobby de l’hôtel de ville pour partager ensemble une collation. Francis Weil y a prononcé un petit discours dans lequel il a indiqué le contexte historique et la symbolique que revêt la ménorah.

«La ménorah est un symbole de lumière et de liberté, pas seulement pour le peuple juif, mais pour tout le monde. Elle célèbre le miracle des gens qui s'occupent les uns des autres et font ce qui est juste», a-t-il précisé.

M. Weil, qui réside à Moncton depuis 1968, a tenu à souligner que la municipalité d’aujourd’hui n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle était à la fin des années 60. La Ville de Moncton est une communauté inclusive et accueillante pour toutes les nationalités et les croyances. Il a réaffirmé son soutien au conseil municipal et à la mairesse, Dawn Arnold, visiblement émue et éprouvée par le stress des journées précédentes.

«Madame Arnold n'a pas une once d'antisémitisme en elle. Les accusations désobligeantes dont elle a fait l'objet ne sont pas fondées. Elle est l'une des personnes les plus honorables que je connaisse», a-t-il déclaré avant de lui offrir une petite ménorah de Hanoucca «pour avoir entretenu la flamme de la liberté religieuse au sein de notre communauté».

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Photos

Titre : Pardon
Légende : Francis Weil a réitéré son soutien à Dawn Arnold qui avait été durement attaquée sur les réseaux sociaux.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Ménorah
Légende : Au nom du conseil municipal, Mme Arnold a reçu une ménorah de Hanoucca en remerciement de son soutien à la liberté religieuse dans la ville.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Crèche
Légende : Le grand retour des symboles du temps des fêtes. Dans la foulée de la décision portant sur la ménorah, la crèche de la nativité avait, elle aussi, subi la même sanction.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 14 décembre, 2023
  • Dernière mise à jour 14 décembre, 2023
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